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Culte du dimanche : Piranhas

posté le 09/06/2013

A l’approche de l’Ă©tĂ©, Carlotta a la bonne idĂ©e de ressortir en bluray le film culte qui a lancĂ© la carrière du mordant Joe Dante. Retour sur Piranhas !

Avec le triomphe des Dents de la Mer de Steven Spielberg au cinĂ©ma de nombreux producteur ont trouvĂ© un nouveau filon. C’est ainsi que le mogul italien Dino De Laurentiis a produit le très cheap Orca. Mais ne voulant pas rester en reste, Roger Corman commande lui aussi ses poissons dĂ©voreurs d’homme. En effet, producteur incontournable de sĂ©ries B d’exploitation Ă  petit budget, avant fait fait de l’horreur et du sexy l’une de ses principales recette, Roger Corman est un peu Ă  l’Ă©poque ce qu’Asylum est devenu aujourd’hui, l’amour du bricolage en plus et n’hĂ©sitant pas Ă  mettre en avant ses techniciens. L’Ă©curie Corman est d’ailleurs un vĂ©ritable terrain d’apprentissage pour de nombreux cinĂ©astes (le plus remarquable Ă©tant sans conteste Coppola) qui doivent alors gĂ©rer des budgets et plannings ultra serrĂ©s pour ĂŞtre rentables.

Parmi ces jeunes rĂ©alisateurs qui ne demandent qu’Ă  faire leurs preuves, il y a un certain Joe Dante qui a prĂ©cĂ©demment co-rĂ©alisĂ© 2 films du producteurs et qui prend donc en charge le projet Piranhas en solo mais entourĂ© d’une bonne Ă©quipe technique pour mettre tout cela en boite. Le scĂ©nario tient sur un post-it et voit donc des piranhas Ă©levĂ©s à  des fins militaires ĂŞtre accidentellement libĂ©rĂ©s dans une rivière, mettant alors en danger la population qui va inaugurer une nouvelle base de loisirs.

Dès le dĂ©but du film, Dante joue clairement avec la parentĂ© que son film entretient avec les Dents de la Mer. Les personnages, campĂ©s par des comĂ©diens de tĂ©lĂ©vision ou de seconds rĂ´les, sont stĂ©rĂ©otypĂ©s dans ce sens et l’intrigue progresse de la mĂŞme manière faisant du massacre sur la plage le grand moment de bravoure du film avec des piranhas qu’on ne fait qu’entrevoir. On sent clairement que le rĂ©alisateur et toute l’Ă©quipe qui l’entoure prend plaisir Ă  mettre en boite ce pastiche bon enfant mâtinĂ© d’une belle couche de gore et de quelques plans bikinis qui font la marque de la production Corman. D’ailleurs, ils se permettent tant de choses qu’ils n’hĂ©sitent pas Ă  montrer une attaque de piranhas sur des enfants, chose qu’il serait impossible de faire de nos jours.

Mais au delĂ  de la farce, Piranhas cache aussi une critique acerbe du gouvernement et en particulier de l’armĂ©e qui en prend ici bien pour son grade et finira mangĂ©e comme il se doit par les monstres qu’elle a engendrĂ©. Mais il y a aussi le personnage capitaliste et chĂ©rissant le patrimoine de foire amĂ©ricaine campĂ© par Dick Miller (devenu depuis l’acteur rĂ©current de la filmographie de Dante, toujours avec ce mĂŞme type de rĂ´le) qui est lĂ  pour dĂ©noncer un peu plus quelques travers purement US. C’est bien cette patte sarcastique deviendra alors la composante essentielle du cinĂ©ma de Joe Dante, non sans lui valoir quelques problèmes par la suite avec de nombreux producteurs (jusqu’Ă  son dernier film the Hole malheureusement passĂ© complètement inaperçu).

Évidemment, Piranhas a pris aujourd’hui un petit coup de vieux mais on y voit aussi les prĂ©misses d’une bonne maitrise technique, du dĂ©coupage de l’action et du suspense par Joe Dante qui se rĂ©vèle ĂŞtre un très bon artisan du cinĂ©ma. Et avec ce discours lui donnant toute sa personnalitĂ©, Piranhas se dĂ©marque forcĂ©ment du lot des « sous-Jaws », si bien que mĂŞme Steven Spielberg trouvera dans ce film la meilleur parodie des Dents de la Mer et offrira quelques annĂ©es plus tard Ă  Joe Dante le poste de rĂ©alisateur sur Gremlins. Le film est mĂŞme aujourd’hui devenu un classique de la sĂ©rie B qui a marquĂ© de nombreux fans du genre comme Alexandre Aja qui en a rĂ©alisĂ© un remake qui repousse les codes instaurĂ©s par Dante.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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