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Le Pont des Espions, critique

posté le 30/11/2015

Steven Spielberg est de retour avec une troisième oeuvre historique consécutive, tout en retrouvant Tom Hanks pour la 4e fois avec le Pont des Espions, un récit humaniste en pleine Guerre Froide.

Après la sortie de Lincoln, Steven Spielberg s’Ă©tait accordĂ© une bonne pause qui lui a permis de prĂ©sider le jury du Festival de Cannes en 1993. Une pause de 3 ans qui nous a fait longtemps attendre ce Pont des Espions que l’on espĂ©rait plus enlevĂ© que le triste et bavard film sur le prĂ©sident amĂ©ricain. Et dès l’ouverture du film on est rassurĂ©. Le rĂ©alisateur introduit Ă  travers un miroir l’un de ses personnages, un espion qui sera le protagoniste de ces première minutes mettant en scène avec efficacitĂ© et sans un mot une filature comme seul Spielberg sait le faire.

Malheureusement la première heure de film qui suit ne sera pas Ă  la hauteur de cette introduction. En effet, nous allons suivre cet espion russe et son avocat amĂ©ricain dans un procès assez verbeux pendant un moment sans que cela ne fasse beaucoup avancer l’intrigue. D’autant plus que le rĂ©cit est entrecoupĂ© de scènes introduisant un espion amĂ©ricain qui sera tĂ´t ou tard capturĂ© par les russes. Si cette partie sert Ă  prĂ©senter quelques enjeux, elle sert surtout Ă  nous prĂ©senter les personnages et nous attacher Ă  eux. Et heureusement que pour cela, il y a l’Ă©criture sĂ©rieuse mais teintĂ©e d’humour bien placĂ© des frères Coen et surtout l’interprĂ©tation de Tom Hanks que l’on n’avait pas vu non plus depuis 2013. L’acteur a plaisir Ă  retrouver Spielberg et cela se ressent. Il porte Ă  merveille tout l’humanisme qui caractĂ©rise le cinĂ©ma du rĂ©alisateur, en particulier dans la seconde partie du film.

Car après une heure parfois laborieuse, l’histoire commence enfin lorsque Tom Hanks dĂ©barque Ă  Berlin pour nĂ©gocier un Ă©change d’otage entre les russes et les amĂ©ricains, sans oublier les allemands qui ont Ă©galement leur mot Ă  dire. C’est Ă  partir de ce moment que l’on sent Spielberg plus intĂ©ressĂ© par son sujet puisqu’il doit montrer la construction du mur de Berlin, un acte que l’on a finalement assez peu vu sur grand Ă©cran et qui nous est montrĂ© ici avec une reconstitution impeccable, n’oubliant pas que cela a sĂ©parĂ© des familles et a plongĂ© toute une partie de la ville dans la misère. Ce n’est ici qu’un contexte mais cela est fait avec une grande prĂ©cision Ă  laquelle on sent le rĂ©alisateur attachĂ©.

Dans l’effort de nĂ©gociation, cette seconde partie est bien plus intĂ©ressante et rythmĂ©e avec une intrigue d’espionnage et de manipulation des diffĂ©rents acteurs pour planifier cet  échange. Et le dĂ©calage entre cette situation très sĂ©rieuse et le personnage de Tom Hanks qui est Ă©tranger Ă  cet univers fonctionne Ă  merveille, nous donnant alors un peu plus de recul sur ces pratiques et rappelant qu’il s’agit avant tout d’humains dont il est question ici. Tout l’humanisme de Spielberg habite donc Tom Hanks et cette seconde partie de film, rĂ©chauffant nos cĹ“urs alors qu’Ă  l’Ă©cran la neige tombe sur une citĂ© mal en point.

Alors oui, le film ne brillera jamais par son rythme et l’intensitĂ© de son suspense, ni pour la musique peu inspirĂ©e de Thomas Newman, mais ont sent bien que c’est ce discours humain qui pousse le film avec une envie de cinĂ©ma très classique d’un rĂ©alisateur qui reste toujours prĂ©cis dans le choix de ses cadres. La maĂ®trise est toujours lĂ  chez Spielberg qui continue donc dans une veine sĂ©rieuse, classique et historique après Cheval de Guerre et Lincoln. On aimera ou non mais il a toujours quelque chose Ă  dire et le message passe avec efficacitĂ©, mĂŞme si on a hâte de le retrouver dans un cinĂ©ma plus punchy.

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