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Culte du dimanche : Old Boy

posté le 28/04/2013

Alors qu’il dĂ©barque de belle manière aux USA avec Stoker, replongeons dans le film qui a donnĂ© Ă  Park Chan-Wook sa renommĂ©e internationale : Old Boy.

Après plusieurs succès en corĂ©en et dans la continuitĂ© de Sympathy for Mister Vengeance dans lequel il initiait sa trilogie thĂ©matique sur la vengeance, le rĂ©alisateur Park Chan-Wook s’est ensuite penchĂ© sur le manga de Nobuaki Minegishi et Garon Tsuchiya, Old Boy. Une histoire parfaite pour continuer d’explorer cette thĂ©matique puisque nous y suivons Oh Dae-su, un homme enlevĂ© et enfermĂ©, sans explication le soir de l’anniversaire de sa fille. Quinze ans plus tard, il est relâchĂ© et se met alors en tĂŞte de se venger des hommes qui lui ont fait perdre sa vie.

D’emblĂ©e, le rĂ©alisateur impose un style addictif avec une rĂ©alisation bien lĂ©chĂ©e. La première partie du film est ainsi prise entre le rĂŞve et la rĂ©alitĂ© pour nous faire comprendre la folie dans laquelle est tombĂ© le personnage qui s’efface peu Ă  peu derrière son avatar vengeur qui prendra vie par la suite. MalgrĂ© ses dĂ©fauts dĂ©testables qui nous l’ont prĂ©sentĂ© au dĂ©but, on se prend Ă  apprĂ©cier ce personnage par les Ă©preuves qu’il a subit, aussi lorsqu’il retrouve un semblant de vie normale par la suite on est attendrit mais cela ne dure pas longtemps.

AssoiffĂ© de vengeance, le parcours amènera notre hĂ©ros Ă  user d’une violence particulièrement crue que le rĂ©alisateur manie avec un sadique recul. Le film est ainsi parcouru de scènes particulièrement marquantes, Ă  l’instar de poulpe dĂ©vorĂ© vivant, de l’arrachage de dents au marteau ou encore d’une superbe bagarre entre Oh Dae-Su et tout un clan d’hommes costauds et armĂ©s dans un couloir filmĂ©e en un seul splendide travelling. Tout cela jusqu’Ă  un final dans lequel le rĂ©alisateur va basculer toutes les perceptions sur les personnages.

En effet, dans le final, Park Chan-Wook rĂ©vèle donc les raisons de la dĂ©tention du hĂ©ros de manière particulièrement froide avec un mĂ©chant qui aura dĂ©veloppĂ© un plan vraiment machiavĂ©lique pour se venger lui aussi. Les personnages se rĂ©vèlent alors tous aussi dĂ©testables les uns que les autres devant la morale transgressĂ©e (il est question d’inceste) vĂ©cue de manière bien diffĂ©rentes par les deux protagonistes. Aussi pathĂ©tique que charismatique, Oh Dae-Su rĂ©vèle une nouvelle facette de sa personnalitĂ©, loin du hĂ©ros sans peur et sans reproche. A ce titre, le jeu du comĂ©dien Choi Min-sik se rĂ©vèle Ă©tonnant et intense Ă  chaque instant, tenant tout le film sur les Ă©paules d’un personnage que l’on aime dĂ©tester et qui s’en prend plein la tĂŞte jusqu’au bout.

Prenant place parmi les nouveau chefs de file du cinĂ©ma corĂ©en aux cĂ´tĂ©s de Bong Joon-ho (the Host) et Kim Jee-Woon (J’ai rencontrĂ© le Diable), Park Chan-Wook est l’un de ces rĂ©alisateurs influencĂ©s par les cinĂ©mas hollywoodiens, japonais et hong kongais mais qui vont y apporter toute la rage propre au contexte tendu de la CorĂ©e. A travers Old Boy, c’est un peu comme si la CorĂ©e du sud se rĂ©veillait d’un sommeil de 15 ans alors que son voisin des rĂ©gner la terreur. Si le rapprochement politique n’est pas forcĂ©ment voulu, c’est en tout cas un angle intĂ©ressant pour voir dans le film bien plus qu’une simple histoire de vengeance.

PrĂ©sentĂ© au Festival de Cannes, Old Boy rapportera Ă  Park Chan-Wook un Grand Prix bien mĂ©ritĂ©, tant par l’intensitĂ© de son rĂ©cit et de ses personnage que par la maitrise de la mise en scène du rĂ©alisateur. Ce prix lui vaudra alors alors une belle renommĂ©e internationale qui l’emmènera aujourd’hui Ă  Hollywood oĂą il a rĂ©ussit Ă  garder toute sa personnalitĂ© pendant que l’on se demande si le remake du film par Spike Lee Ă  venir osera garder toute la transgression qui fait le cĹ“ur de Old Boy.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 30/04/2013 Ă  11:50 | #1

    Je l’ai revu la semaine dernière, et toujours autant de plaisir. Une claque et sur le podium des meilleurs films du nouveau millĂ©naire…. 4/4