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JSA – Joint Security Area, critique

posté le 24/06/2018

Avec la Corée du Nord qui fait toujours parler d’elle, la Rabbia en profite pour ressortir au cinéma dans une version restaurée, le premier film majeur de Park Chan-Wook, JSA – Joint Security Area, qui se révèle donc toujours autant d’actualité.

Si la carrière de Park Chan-Wook a vraiment débuté sur la scène internationale avec la présentation de Old Boy à Cannes en 2003, faisant alors de lui l’un des chefs de file du renouveau du cinéma coréen (avec Bong Joon Ho), il ne faudrait pas oublié qu’il avait tout de même déjà réalisé quelques films avant, dont ce JSA – Joint Security Area, sorti il y a 18 ans. Un âge de la majorité qui permet de le retrouver maintenant dans une copie restaurée avec tout le recul que l’on peut avoir.

Dans un poste de sécurité situé à la frontière des deux Corées, deux soldats du Nord sont tués par un soldat du Sud. Forcément c’est un incident diplomatique qui ne pourrait que s’envenimer. Pour déterminer ce qu’il s’est passé, une enquêtrise suisse d’origine coréene est dépêchée sur place. Elle va alors recevoir le témoignage du survivant sud-coréen qui n’a pas été enlevé comme il le prétend.

Evidemment, à l’époque, comme aujourd’hui, un film se déroulant sur un incident à la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, est toujours sujet à discussion et à tension étant donné le contexte qui fait toujours l’actualité brulante.  Le film en soit est donc déjà toujours d’une audace folle en osant s’aventurer sur ce terrain et en montrant ainsi la déchirure de ce qui était, avant la 2e guerre mondiale, un peuple uni et qui souffre grandement aujourd’hui.

En effet, si la majorité du film est un flashback en huis-clos entre 4 hommes qui s’entendent bien malgré leurs allégeances divergentes, son propos est lui plus global. Ainsi, au niveau intime nous pouvons voir que des hommes peuvent dépasser leurs conditions politiques pour s’entendre. Mais que c’est sous la pression des autres qu’ils doivent alors s’embarquer dans des actes condamnables.

Le film met donc en relief la pression de la société et d’un régime sur le desir des hommes. Les dimensions intimes et politiques sont alors mises dans le même cadre et ne peuvent pas cohabiter ensemble. JSA développe alors une dimension humaine très forte et touchante autant qu’elle fait réfléchir sur l’intérêt final de ces conflits.

Avec des acteurs investis, Park Chan Wook impose également sa patte au récit. Il y apporte à la fois une violence sourde et graphique, mais aussi un ridicule temporaire qui donne de l’humanité aux personnages et se trouve rapidement contrebalancé et également une véritable poésie dans certains plans et certaines transitions qui donne alors encore plus de personnalité au film, lui conférant encore plus de force dans son propos.

Si on ne l’avait déjà vu, JSA est donc un immanquable pour le cinéma coréen à rattraper en salles, mais aussi pour mieux saisir ce qui fait la spécificité du conflit coréen sans oublier la dimension humaine qu’il y a derrière.

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