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Culte du dimanche : Memories of Murder de Bong Joon Ho

posté le 01/07/2018

Le 11 juillet prochain, le film qui a fait exploser le talent de Bong Joon Ho sur la scĂšne cinĂ©ma international sort en vidĂ©o dans une superbe Ă©dition. Il fallait au moins ça pour fĂȘter les 15 ans de Memories of Murder et c’est l’occasion de se pencher dessus dans le culte du dimanche !

2003 est une annĂ©e charniĂšre pour le cinĂ©ma corĂ©en. En effet, cette annĂ©e lĂ , le talent d’une nouvelle vague de rĂ©alisateurs explose dans les diffĂ©rents festivals internationaux. Alors que Park Chan-wook frappe la croisette Ă  coups de marteau avec Old Boy, Kim Jee-Woom fait frissoner Gerardmer avec Deux Soeurs (et nous accrochera Ă  notre fauteuil avec J’ai RencontrĂ© le Diable quelques annĂ©es plus tard). C’est dans cette vague qu’oeuvre Bong Joon Ho qui, la mĂȘme annĂ©e, nous plongera dans l’enfer de Memories of Murder.

BasĂ©e sur l’histoire rĂ©Ăšle d’une vague de meurtres qui a eu lieu dans la campagne corĂ©enne en 1986, il nous entraĂźne donc dans l’enquĂȘte qui est lancĂ©e. Deux inspecteurs que tout oppose (l’un Ă©tant du coin, campagnard un peu rustre, l’autre dĂ©pĂ©chĂ© de la capitale, sur de lui et de ses mĂ©thodes) vont donc devoir collaboter pour piĂ©ger ce tueur en sĂ©rie. Ils vont alors plonger dans une enquĂȘte de plus en plus glauque qui va aussi changer leur regard sur leur vie.

Bienvenue en enfer !

DĂšs la dĂ©couverte du premier corps, Bong Joon Ho plante le dĂ©cor. Le film ne sera pas une balade de santĂ© et le rĂ©alisateur ne prendra pas de pincette. Le polar est d’emblĂ©e marquĂ© d’images violente avec un corps mutilĂ©. L’enquĂȘte est intense, pluvieuse, avec des images glauques et les frissons vont avec. Mais il n’hĂ©site cependant pas Ă  pousser d’autres curseurs pour bien montrer parfois l’absurditĂ© de certaines mĂ©thodes ou le dĂ©calage entre les Ă©quipes. Ainsi, on ne peut pas s’empĂȘcher de sourire quand l’un des enquĂȘteurs se dit que l’homme recherchĂ© est glabre et qu’il va faire le tour des saunas du coin pour le coincer.

Mais ce ne sont lĂ  que des moyens de dĂ©samorcer l’horreur dans laquelle vont plonger nos deux inspecteurs. Car plus ils plongent dans les meurtres plus ils y dĂ©couvrent des Ă©lĂ©ments glauques, en particulier ce que le violeur va cacher dans le vagin de ces femmes. Cela rend le film parfois vraiment difficile Ă  regarder. Le rĂ©alisateur va aussi y glisser une pointe de tristesse poĂ©tique qui va rendre le meurtrier pathĂ©tique avec une musique jouĂ©e Ă  chaque fois qu’il pleut et va l’amener Ă  tuer Ă  nouveau.

Les larmes du tueur

Une pluie qui devient d’ailleurs un Ă©lĂ©ment essentiel Ă  l’atmosphĂšre du film. Car Bong Joon Ho maĂźtrise son image Ă  la perfection. Certainement influencĂ© par le Se7en de Fincher, il nous entraĂźne Ă  la recherche d’un diable et rĂ©uni les indices dans des dĂ©cors qui nous mettent toujours plus mal Ă  l’aise comme ce bureau de police dont on semble parfois prisonnier.

Et ainsi, dans cette enquĂȘte qui ne trouvera aucune rĂ©solution, les deux inspecteurs vont radicalement changer. Alors que le citadin cartĂ©sien va finir par laisser exploser sa rage qui Ă©tait contenue, le campagnard va quand Ă  lui laisser de cĂŽtĂ© sa beauferie pour gagner en sensibilitĂ©. Et cet aspect est aussi un signe pour la sociĂ©tĂ© corĂ©ene en pleine mutation pour laquelle la fin reste d’ailleurs ouverte.

Avec une maitrise de la camĂ©ra impeccable, comme l’illustre le plan sĂ©quence lors de l’Ă©tablissement du premier pĂ©rimĂštre de la sĂ©curitĂ©, Bong Joon Ho nous offre donc un formusable thriller qui balaye beaucoup d’incertitudes. Il devient alors lui aussi l’un des chefs de file de cette nouvelle vague de rĂ©alisateurs. Ce qu’il va confirmer ensuite avec le succĂšs de the Host et son ouverture internationale sur Snowpiercer et Okja.

Un superbe coffret collector

C’est donc l’Ă©diteur La Rabbia qui offre aujourd’hui ce superbe coffret collector pour apprĂ©cier le film dans les meilleures conditions. Car avec la superbe Ă©dition restaurĂ©e du bluray est Ă©galement proposĂ©e toute une sĂ©rie de bonus. Tout d’abord un nouveau documentaire d’une heure oĂč le rĂ©alisateur et ses collaborateurs reviennent sur l’histoire du film avec tout le recul 15 ans aprĂšs. Il se rendent alors compte de ce qu’il ont rĂ©alisĂ©. Et il en est de mĂȘme avec l’interview d’un quart d’heure sur le son du film.

Les autres bonus seront plus d’Ă©poques mais tout aussi intĂ©ressant avec le making of original de 17 minutes, une interview du compositeur, 7 scĂšnes coupĂ©es et commentĂ©es par les rĂ©alisateurs et des featurettes sur les dĂ©cors, costumes et effets spĂ©ciaux. Tout cela sans oublier le film et la reproduction du storyboard. 366 pages de dĂ©couvertes passionnantes sur le film, Ă  la hauteur de son impact.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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