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L’Homme qui tua Don Quichotte, critique

posté le 22/05/2018

Enfin ! Après des décénnies de galère, le projet maudit de Terry Gilliam est projeté sur les écrans ! Mais L’Homme qui tua Don Quichotte a peut-être été un peu trop traumatisé par ces tempêtes pour être vraiment convaincant.

On ne compte plus le nombre de tentatives avortées de mettre en scène L’Homme qui tua Don Quichotte. Bien entendu, il y avait la première et la plus médiatisée avec Jean Rocherfort qui, entre problèmes de santé de l’acteur et intempéries avec dû être abandoné pour donner le documentaire culte Lost in la Mancha. Puis il y avait eu les autres essais moins fructueux avec de grosses difficulté pour rassembler les fonts nécéssaires. Robert Duvall, Ewan McGregor, Owen Wilson, feu John Hurt, Jack O’Connell, Michael Palin … les noms ont été aussi nombreux que les problèmes mais entre chaque film, Terry Gilliam y retournait quand même.

Et jusqu’à sa projection en cloture du festival de Cannes ce samedi, les problèmes continuaient (problème de santé du réalisateur, souci judiciaire avec l’ancien producteur Paulo Branco qui veut interdire sa sortie, …). Bref, un projet véritablement maudit mais qui a donc enfin vu le jour avec Adam Driver et une vieille connaissance de Brazil qui coulait de source : Jonathan Pryce.

La fin du projet d’une vie

Mais après tant d’année, le réalisateur allait-il vraiment être à la hauteur du projet de sa vie ? Il faut dire que le précédent, Zero Theorem, nous avait quelque peu déçu. Mais bon, laissons nous porter par la folie du british qui a forcément fait évoluer son histoire autour de l’aventurier espagnol après toutes ces années.

Toby, un jeune réalisateur prodige mais désabusé a perdu toute motivation en tournant une publicité en espagne. Mais autour d’une soirée, il retrouve une copie de son premier court-métrage qui l’a fait connaitre, une adaptation de Don Quichotte dans laquelle il avait fait jouer des locaux. Il retourne donc sur les lieux du tournage et retrouve ses acteurs, dont Javier qui est encore aujourd’hui persuadé d’être Don Quichotte. Ce n’est alors que le début d’une aventure catastrophique Toby.

On le voit déjà dès le début, il y a forcément du Terry Gilliam dans ce que ressent Toby, mais aussi dans la folie qui anime le vieillard illusionné. Un réalisateur prestigieux qui se bat contre les moulins de la production et du système hollywoodien, se sachant perdant mais convaincu à raison de son indispensable liberté. Gilliam est donc fidèle à ses combats et n’y va pas de main morte dans la caricature du système.

Extravaganza

Cependant, cette caricature se perd vite dans un film qui a à la fois beaucoup de choses à raconter mais n’a pas l’écriture fluide qui devrait aller avec. Avec toute l’extravagance qui anime le réalisateur, nous sommes donc embarqués dans les méandres d’un esprit créatif qui cherche son inspiration et sa raison d’être.

Mais cette extravagance est ici toujours handicapée par une écriture lourde et un rythme bancal aux longueurs bien trop palpables. D’autant plus qu’il abuse toujours de son style fou qui n’a pas les moyens de son ambition, avec une grande vision toujours un peu trop étriquée et bricolée. Ce qui était drôle et charmant par le passé est ici devenu kitsch et lourd. Et c’est dommage que cette folie ne soit pas plus moderne pour toucher plus et rendre son discours plus percutant.

L’Homme qui tua Don Quichotte est donc une rêverie trop ressassée dans son esprit qui garde un charme propre à Gilliam mais qui met aussi en relief ses défauts. Et si on gardera toute notre sympathie pour le discours engagé et libéré de sa création, cela sera trop long et lourd pour l’apprécier pleinement.

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