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Annihilation, critique

posté le 17/03/2018

De la SF de qualitĂ© bien trop de niche pour sortir au cinĂ©ma ?  Et si Netflix permettait justement Ă  Annihilation de la dĂ©mocratiser ? En tout cas le nouveau film d’Alex Garland vaut le dĂ©tour.

Avec les ratĂ©s ou dispensables, Bright, Mute et Cloverfield Paradox, on avait un peu l’impression que Netflix devenait un peu le dĂ©potoir des films que les majors avaient un peu honte de produire, voir pas du tout l’envie malgrĂ© de beaux noms en tĂŞte d’affiche.

Et puis il y a le nouveau film de SF d’Alex Garland, Annihilation, qui ne bĂ©nĂ©ficie d’une sortie sur grand Ă©cran qu’aux USA, Netflix s’occupant de le diffuser Ă  l’international. Une stratĂ©gie de perdant pour le studio Paramount qui n’est clairement pas Ă  la hauteur de l’ambition du film, malgrĂ© les critiques positives (mais le film ne sortant après la pĂ©riode des awards, ça ne lui sert pas Ă  grand chose).

Alex Garland propose une SF Ă©trange

Auteur du livre La Plage adaptĂ© par Danny Boyle pour lequel il Ă©crit ensuite les cultes 28 Jours plus tard et Sunshine, Alex Garland a fait ses armes remarquĂ©es en tant que rĂ©alisateur sur Ex Machina (dĂ©jĂ  avec Oscar Isaac), film de SF intimiste et intelligent sur la robotique et l’IA. Le voilĂ  donc parcourant Ă  nouveau le genre avec Annihilation, adaptĂ© du roman de Jeff VanderMeer.

Il s’intĂ©resse ici donc ici Ă  Lena, biologiste et militaire qui va participer Ă  une mission Ă  risque : explorer ce qu’il se passe derrière le « miroitement », une zone qui s’Ă©tend et dans laquelle se passent d’Ă©tranges phĂ©nomènes qui font muter la faune et la flore. Avec son Ă©quipe 100% fĂ©minine, elles vont petit Ă  petit perdre la notion du temps et de la rĂ©alitĂ©.

Place Ă  l’interprĂ©tation

C’est donc un Ă©trange voyage auquel nous convie le rĂ©alisateur, nous permettant d’explorer un monde en pleine mutation et oĂą de nombreux repères peuvent facilement se perdre et oĂą l’Ă©trange prend le pas jusqu’Ă  une conclusion qui en appelle presque au mĂ©taphysique. Donc effectivement, Annihilation n’est pas un film de SF catastrophe mais bien un film de SF rĂ©flexif qui est aussi mystĂ©rieux que fascinant.

Et quand on dit « rĂ©flexif », c’est parce que non seulement le film s’engouffre dans un dĂ©lire schizophrène mais il s’interroge aussi sur de nombreux thèmes tels que l’identitĂ© humaine, la religion, l’autre, l’amour, les regrets, le deuil, la dĂ©pression. Des questionnements et sentiments aussi envahissant que le devient la zone du miroitement. C’est Ă  travers Lena, venue ici pour une quĂŞte plus personnelle qu’une simple exploration, que tout cela est Ă©voquĂ© et Natalie Portman vĂ©hicule très bien toutes ces interrogations pour donner la profondeur nĂ©cessaire au film.

A suivre !

Pourtant celui-ci n’est pas exempt de dĂ©faut, ne poussant peut-ĂŞtre pas assez loin son dĂ©lire comme aurait pu le faire un Cronenberg en s’intĂ©ressant Ă  la biologie, s’embourbant parfois lĂ©gèrement dans ses sentiments et ses flashbacks. Mais pour son second film, Alex Garland s’en sort très bien, poursuivant ses rĂ©flexions du final de Sunshine ou encore de Never let me go, pour nous offrir un film profond et passionnant qui traine dans la tĂŞte encore longtemps après le visionnage.

Annihilation est donc une Ĺ“uvre atypique qui mĂ©rite absolument un visionnage, et si il n’aura pas forcĂ©ment de suite (contrairement au livre), il prouve bien qu’Alex Garland est un auteur et rĂ©alisateur Ă  suivre, mĂŞme chez Netflix.

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