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Culte du dimanche : 28 Jours plus tard

posté le 05/05/2013

Quand Danny Boyle remettait le « film de zombies » au goût du jour, c’était la claque de 28 Jours plus tard.

Après le demi-succès de La Plage porté par Leonardo DiCaprio, Danny Boyle rentre au pays pour s’attaquer à un véritable film d’horreur. En effet, depuis ses débuts, il traite plutôt des problèmes de la jeunesse anglaise (manque d’argent, drogues, violence), mais cette fois, il change de genre sans pour autant oublier ses thèmes. Après la trilogie « bag of money » dont le morceau central Trainspotting est devenu culte, la Plage était en effet d’une certainement manière l’inauguration d’une nouvelle trilogie où le réalisateur s’attarde sur la vie en petite communauté, l’isolement et l’irruption de l’étranger dans un groupe en harmonie.

Dans 28 jours plus tard, Boyle et son scénariste Alex Garland (avec qui il retravaillera sur Sunshine) plonge dans l’horreur d’une Angleterre ravagée par un virus qui a transformé ses habitants en enragés, assoiffés de sang. Jim se réveille sans savoir ce qu’il s’est passé et va alors rencontrer quelques survivants qui se protègent tant bien que mal des infectés qui rôdent dans les rues. Ils vont alors tenter un voyage vers un abri plus sûr.

Dès le départ Danny Boyle instaure un ton sombre, lourd et désespéré. Il libère Jim (Cillian Murphy qui est ici la grande révélation du film) dans un Londres désert où l’ordre n’a plus lieux, les institutions ont déserté et même l’église n’a rien pu faire, mettant alors directement fin aux croyances et donc à l’espoir que l’on pourrait avoir et qui pourrait aider à la survie. Si 28 jours plus tard n’est pas à proprement parler un film de zombies (il s’agit d’infectés et non de morts revenus à la vie), le réalisateur en adopte pourtant tous les codes et le discours sur la société. En effet, impossible de ne pas penser à George Romero quand ont voit les ombres des infectés avancer vers les survivants coincés dans un tunnel.

Impossible non plus de ne pas y voir le discours sur la consommation ou la main mise des militaire et de la perversion de l’homme dans un cas extrême (la dernière partie avec les militaires) qui sont le reflet du genre qui donne toujours à voir les versants sombres de notre société. En ce sens, 28 Jours plus tard est donc devenu l’un des chefs de file du renouveau du genre zombie au cinéma. Mais d’un autre côté, Danny Boyle s’approprie pleinement le sujet en s’intéressant à un groupe qui se transforme en famille et qui va devoir lutter pour survivre au milieu d’une autre communauté plus dangereuse même que la menace de départ. En ce sens, il poursuit d’une certaine manière le thème qui était déjà dans La Plage avec un angle horrifique qui lui permet plus de liberté.

Réalisateur très attaché au travail sur l’image et le son (style qui peut paraitre souvent assez lourd et trop extrême pour certains), 28 Jours plus tard est l’occasion pour Danny Boyle d’expérimenter de nouvelles techniques pour filmer et apporter une atmosphère spéciale au film. En effet, pour tourner rapidement le film dans Londres désert le matin, le réalisateur a opté pour le format DV, nécessitant moins de temps de mise en place et donc des prises de vues multiples et plus rapides. Mais en plus de l’aspect pratique, le grain de l’image numérique donne alors au film un aspect documentaire qui nous immerge alors dans un monde post apocalyptique particulièrement réaliste amplifié par une ambiance sonore prenante dont le thème final violent et désespéré se révèlera particulièrement puissant. Depuis, il ne cesse alors de repousser les limites de l’image et du son, en triturant les effets à outrance, nous retournant dernièrement avec Trance.

Renouveau d’un genre qui doit tout à l’inquiétude du monde après la crainte de l’an 2000 et la peur terroriste après le 11 septembre 2001, 28 Jours plus tard aura donc marqué le cinéma horrifique à la fois pour sa technique, son respect du genre tout autant que son discours efficace, donnant alors à Danny Boyle toujours plus sa place de sale gosse du cinéma britannique qui n’hésite pas à s’aventurer dans tous les genres sans jamais se renier. Mais si ce premier volet est excellent, le réalisateur en produira une suite (28 semaines plus tard) qui ira encore plus loin dans l’horreur et la dénonciation politique. Depuis, nous attendons toujours de savoir ce qu’il se passera 28 mois plus tard.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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