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Brimstone, critique

posté le 28/03/2017

Attention, voici un western coup de poing alliant combat contre le fanatisme religieux et pour la place de la femme dans un monde encore sauvage. Brimstone va (parfois trop) loin mais reste une expérience marquante.

Malgré ses décennies d’existence et ses perpétuelles retombées dans l’oubli depuis son âge d’or, il arrive régulièrement que des réalisateurs puissent tout de même redonner un coup de jeune au western. Un genre cadré mais qui, on s’en aperçoit bien, peut évoluer avec le temps en remettant lumière les combats d’aujourd’hui. C’est particulièrement le cas avec Brimstone du néerlandais Martin Koolhoven qui s’attache à enfin retracer le parcours d’une femme marquée par les épreuves mais qui n’abandonnera pas son combat.

L’histoire est plutôt simple, dans l’Amérique de l’ouest du XIXe, une jeune mère de famille voit sa vie basculer le jour où un nouveau pasteur débarque en ville et s’en prend à elle et ses proches. Elle va alors devoir fuir cet homme dangereux et même temps se rappeler de son passé qui l’a amenée à ce point crucial de son existence.

A la manière d’un Tarantino dont il partage le goût pour la violence, Koolhoven nous propose un récit qui ne sera pas linéaire mais chapitré et fait alors de révélations progressives. Ainsi le premier chapitre établira les enjeux et les deux protagonistes alors que le 4e verra la conclusion de leur confrontation, les 2 chapitres centraux remontant dans le temps aux origines du mal pour mieux comprendre les personnages et ce qui les lie. Ce choix de narration assez peu habituels dans les western permet alors à Brimstone de prendre un aspect assez mythologique, appuyé par une réalisation qui ne fait pas dans la demi-mesure et une musique lyrique de Junkie XL (registre dans lequel on n’a pas vraiment l’habitude de le retrouver).

En parlant de réalisation, on peut aussi dire que Koolhoven n’y va pas de main morte pour montrer tout les coups qu’a endurer son héroïne ou son entourage. Femmes battues, viol, abus de mineur, pendaison, humiliations, gorges tranchées, immolation, … le film est particulièrement violent, tellement qu’il frôle parfois le grotesque. Une violence opératique qui rend alors plus folle la lutte de cette jeune fille face à un homme dément. Mais en même temps, quand on traite du fanatisme religieux, il est bien normal d’en faire parfois des caisses. On aura alors vite fait de comparer le réalisateur à son compatriote Paul Verhoeven par cette manière d’utiliser la violence afin de la dénoncer avec tout de même du second degré et des personnages forts

Et de ce côté, on sent bien que Guy Pearce s’en donne à cÅ“ur joie dans ce rôle détestable de révérend porté sur les coups de ceinture, reléguant sa femme à une simple fonction de robot faisant le ménage qui ne doit surtout pas se rebeller. Il montre bien toute l’horreur de ce qu’engendre la religion lorsqu’elle est prise trop à cÅ“ur et qu’elle fait ressortir alors les pires tares humaines, comme si le pasteur de la Nuit du Chasseur était passé chez Tarantino. Face à ce monstre, Dakota Fanning (que l’on avait pas vu au cinéma depuis un bout de temps !) donne à son personnage une fragilité qui va petit à petit laisser la place à une grande force, seulement à travers son regard. C’est elle qui montre bien la luette des femmes face à cette religion qui les honnit, métaphore à peine voilé de la lutte féministe d’aujourd’hui.

Avec sa violence et son propos fort, Brimston frôle l’outrance mais c’est justement ce qui impressionne de la part de Koolhoven. Un western où la beauté de certaines images le dispute à la violence des actes pour délivrer des personnages marquants et avançant un discours moderne. Bref, une claque que l’on n’attendait pas.

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