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Birdman, critique

posté le 19/02/2015

Portrait d’un acteur névrosé autant que charge au vitriol contre Hollywood et les critiques, Birdman vole haut au dessus de la concurrence des Oscars cette année avec en plus une réalisation particulièrement audacieuse !

Habitué des films chorale (21 Grammes, Babel), le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu récidive avec Birdman qui a déjà fait sensation lors de sa présentation à Venise. Cette fois, il convoque une troupe d’acteurs au sommet pour un film techniquement impressionnant et au discours particulièrement dense. Le réalisateur s’intéresse ici de près à un acteur acteur en perdition qui incarnait autrefois un célèbre super-héros sur grand écran. Pour retrouver sa gloire passée et faire ressortir tout ce qu’il ressent, il monte une pièce de théâtre à Broadway. Mais quelques jours avant la première, alors que les répétitions battent leur plein, il se retrouve en pleine crise existentielle.

Sur un rythme jazzy enflammé qui nous entraine directement dans les coulisses d’un théâtre aussi tordu que les pensées de son personnage principal, Birdman s’intéresse donc à une multitude de thèmes pour faire ressortir tout ce qu’est le métier d’acteur. Il évoque ainsi les différences entre les théâtre et le cinéma, cette manière qu’ont les critique d’écrire tout en superficialité et de mettre les gens dans des cases, les acteurs qui cherchent toujours à faire leur retour, de la folie d’Hollywood avec ses films à super-héros sans se réinventer, … Portrait aussi intimiste d’un acteur en pleine crise que d’un milieu régit par l’argent et l’image, Birdman se révèle à la fois simple et complexe, très critique et en même temps jaloux, aussi centré sur le métier d’acteur qu’ouvert sur un public branchés sur les réseaux sociaux qui a toujours son avis à donner.

En ce sens, le film est fascinant et labyrinthique et bénéficie d’une brochette d’acteurs tous particulièrement investis et à leur place, n’hésitant jamais à brocarder certains aspects de leur carrière respective. Michael Keaton est ainsi exceptionnel, naviguant à l’aise avec un personnage parfois ridicule et d’autre fois complètement dramatique. Il ne pouvait pas y avoir mieux que l’ancien interprète de Batman chez Burton pour montrer ce qui peut arriver aux anciens super-héros de cinéma qui veulent faire leur retour. Certes parfois ce peut être too much (oui, se balader en slip sur Times Square, c’est peut-être un peu trop) mais tout de même, cette performance est à saluer. D’autant plus que l’acteur est appuyé par Edward Norton génial en acteur mégalo, Naomi Watts jouant de sa sensibilité à fleur de peau, Zach Galifianakis en attaché de presse méconnaissable ou Emma Stone impeccable en visage d’une nouvelle génération.

Mais surtout, il ne faudrait pas oublier la construction du film. Car Birdman se montre techniquement et scénaristiquement être un véritable tour de force. En effet, pour mieux suivre ses personnages dans les méandres de leur théâtre le réalisateur à choisi d’articuler son film en un unique plan séquence aux coupes invisibles. Cela donne ainsi plus que jamais une impression de cinéma vérité dans lequel parfois des éléments oniriques pointent le bout de leur nez de manière naturelle et surprenante, mais imprime aussi un rythme effréné (qui ne cache pas un essoufflement au milieu) au film. Mais surtout, ce principe pour lequel il faut saluer la technique du directeur de la photographie Emmanuel Lubezki (déjà à l’oeuvre sur les films d’Alfonso Cuarón et Terrence Malick), s’article particulièrement bien et on imagine bien le travail intense d’écriture pour arriver en faire en sorte que tout puisse ainsi parfaitement se coordonner.

Alors évidemment, parfois on sent bien la démonstration de force narrative et technique pour appuyer le discours Alejandro González Iñárritu qui a beaucoup de chose à dire pour parler du système, de l’industrie dans laquelle il évolue et qui a perdu de son naturel. Mais c’est un exercice fascinant qu’il offre à tous les amateurs de cinéma qui aimeront alors se perdre dans le film en espérant qu’il soit reconnu à sa juste valeur aux Oscars !

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