Culte du dimanche : A la Poursuite d’Octobre Rouge de John McTiernan
Après sa libĂ©ration et sa venue en France pour le Festival de Deauville et une masterclass parisienne, il est bien naturel de revenir sur l’un des grands succès de John McTiernan. IntĂ©ressons-nous donc de plus près a son adaptation de Tom Clancy : A la Poursuite d’Octobre Rouge.
Après les succès Ă la suite de Predator et de Piège de Cristal, John McTiernan est en passe de devenir l’un des rĂ©alisateur les plus en vue du film d’action. Un technicien hors pair qui cache tout de mĂŞme dans le fond de ses films et de ses hĂ©ros un petit message anticonformiste derrière les clichĂ©s apparents. Alors que la Guerre Froide est terminĂ©e, il s’attaque Ă l’adaptation d’un roman de Tom Clancy (spĂ©cialiste du thriller d’espionnage politique) publiĂ© en plein milieu de la crise, en 1984.
InspirĂ© la mutinerie du StorojevoĂŻ de 1975, le livre comme le film suivent le parcours d’un sous-marin russe commandĂ© par le vieux loup de mer Marko Ramius qui se rend, contre tous les ordres de son Ă©tat major, en direction des Etats-Unis. Alors que les amĂ©ricains sont en passe de dĂ©clarer la guerre devant cette menace, les russes partent Ă la recherche de ce sous-marin pour montrer leur bonne foi. Au milieu de tout cela, le documentaliste Jack Ryan a peut-ĂŞtre percĂ© les vĂ©ritables intentions de Ramius.
Si la guerre froide vient de se terminer, elle reste encore dans tous les esprits avec ces annĂ©es 80 tendues qui ont laissĂ© bien des traces. A la Poursuite d’Octobre Rouge montre alors d’une certaine manière les problèmes d’entente, de mĂ©thode et d’incomprĂ©hension entre amĂ©ricains et russes. Mais les deux cĂ´tĂ©s ne sont pas les plus intĂ©ressants face au charisme et Ă la fascination que peut dĂ©velopper le personnage de Marko Ramius parfaitement campĂ© par Sean Connery dans l’un de ses meilleurs rĂ´les. D’abord menaçant lorsqu’on ne sait pas encore de quel bord il se trouve, nous apprenons petit Ă petit Ă le connaitre par l’intermĂ©diaire de ses dialogues avec son principal officier (Sam Neill), le rendant alors plus humain et nous permettant alors de mieux comprendre ses intentions et les enjeux qui dĂ©coulent de ses actes.
Les personnages du film sont ainsi assez fouillĂ©s pour s’y attacher et le contexte suffisamment bien dĂ©crit pour tout comprendre, mais cela se fait alors un peu dĂ©triment du rythme qui a du mal Ă prendre malgrĂ© tout l’intĂ©rĂŞt que nous portons Ă la situation. Heureusement, McTiernan reste très efficace. En effet, il Ă©tait Ă la base difficile de rĂ©aliser un film se dĂ©roulant Ă 75% Ă bord de l’espace clos des sous-marins, mais il s’en sort avec les honneurs en identifiant les diffĂ©rents sous-marin par une couleur spĂ©cifique, nous permettant ainsi toujours de nous repĂ©rer sans efforts. Il arrive alors Ă crĂ©er une tension qui monte petit Ă petit en attendant que Jack Ryan (campĂ© pour la première fois Ă l’Ă©cran par Alec Baldwin) rencontre Ramius pour un face Ă face que l’on attendait depuis le dĂ©but et qui ne se dĂ©roulera pas forcĂ©ment comme on pouvait s’y attendre. Tout ceci pour nous amener Ă un final fait de duels explosifs entre les sous-marins.
Abandonnant pour l’occasion le second degrĂ© avec ce sujet sĂ©rieux, McTiernan offre donc au cinĂ©ma une première adaptation efficace de Tom Clancy et surtout un film de sous-marin marquant. Le seul souci, serait peut-ĂŞtre, comme souvent, dans la gestion des langues puisque les russes parlent bien trop anglais (un souci pour le public amĂ©ricain que rencontrera Ă©galement McT sur le 13e Guerrier). Bizarrement, l’accueil critique sera plutĂ´t mitigĂ© Ă la sortie, ce qui n’empĂŞchera pas le film de bien fonctionner au box office, validant la licence Jack Ryan dont le rĂ´le sera ensuite repris par Harrison Ford. Mais aujourd’hui, le film jouit d’une excellente rĂ©putation, d’autant plus qu’il n’a absolument pas vieillit et se rĂ©vèle ĂŞtre une vĂ©ritable leçon dans la gestion de l’espace et de la tension pour les films d’action et d’espionnage.
publié dans :Cinéma Culte du dimanche