Accueil > Cinéma, Critiques ciné > American Bluff, critique

American Bluff, critique

posté le 10/02/2014

Casting cinq Ă©toiles et retour dans les 70’s forcĂ© pour la nouvelle arnaque du rĂ©alisateur chouchou des critiques amĂ©ricaines, David O’Russell, avec l’insupportable American Bluff.

Depuis son retour sur le devant de la scène et ses multiples nominations aux Oscars et Golden Globes avec rĂ©compenses pour ses acteurs Christian Bale, Melissa Leo et Jennifer Lawrence, on a bien compris que tout ce qui intĂ©ressait le rĂ©alisateur David O’Russell, c’Ă©tait de voir des personnages s’engueuler pendant 2 heures sur grand Ă©cran, que ce soit dans le milieu de la boxe de Fighter ou celui plus banlieusard de Happiness Therapy. Pour son nouveau film, American Bluff, il plonge dans les annĂ©es 70 et s’intĂ©resse Ă  l’affaire « Abscam », grosse arnaque qui a permis de faire tomber quelques pontes politiques, tout en retrouvant ses acteurs fĂ©tiches.

Dès les premières images, nous dĂ©couvrons Christian Bale qui a pris 18 kilos perdus ses cheveux en train de mettre une postiche pour cacher cette calvitie. Puis arrivent Amy Adams (partenaire d’arnaque de Bale) au dĂ©colletĂ© vulgaire et Bradley Cooper en bouclettes (agent du FBI qui fait marcher le couple d’arnaqueurs). Tous trois commencent Ă©videmment par une bonne engueulade puis dĂ©butent leur arnaque auprès d’un Jeremy Renner portant une perruque fort bien laquĂ©e sur une BO bien rock des annĂ©es 70 avec ralentis avant de partir dans un flashback.

En moins de 5 minutes, le ton est donnĂ© : David O’Russell n’a peur de rien et veut faire du Scorsese, les acteurs prennent plaisir Ă  jouer mais forcent leurs personnages, des clichĂ©s des 70 et des engueulades. Pendant plus de 2 heures, c’est ce qui nous attend. Mais le premier problème est de taille car si O’Russell pense pouvoir faire impunĂ©ment du Scorsese dans le style Casino, il ne lui arrive pas Ă  la cheville. Ainsi, le film est plutĂ´t moche Ă  regarder avec de sĂ©rieux problèmes de montage avec ses plans ou trop courts ou trop longs et sa mise en scène trop forcĂ©e et appuyĂ©e. O’Russell montre bien qu’il a de l’ambition et se vautre dans l’exercice sans subtilitĂ©. Il a la grosse tĂŞte mais pas forcĂ©ment le talent, ni quelque chose de bien intĂ©ressant Ă  raconter.

Devant la camĂ©ra, les comĂ©diens en font quand Ă  eux des tonnes pour exagĂ©rer leurs personnages. On aime bien l’outrance mais ici, elle est poussĂ©e Ă  bout avec des personnages hystĂ©riques Ă  chaque instant, aux rĂ©actions plus agaçantes les unes que les autres. Complètement en roue libre, les acteurs surjouent Ă  mort et frisent souvent le ridicule lorsqu’ils s’engueulent avec des bigoudis sur la tĂŞte. Il faut dire que le look du film, des dĂ©cors aux vĂŞtements en passant par les coupes de cheveux sont tellement clichĂ© qu’on se demande bien pourquoi l’expert en moumoutes qu’est Nicolas Cage n’a pas Ă©tĂ© embauchĂ© au casting. A la place, nous auront le droit Ă  une apparition de Robert De Niro ridicule de grimaces et surtout Ă  une Jennifer Lawrence qui ne sera jamais crĂ©dible en jeune Ă©pouse et mère de famille barge et manipulatrice.

Pourtant ce simple scĂ©nario d’arnaque aurait pu ĂŞtre très sympa dans les mains d’un rĂ©alisateur qui n’aurait pas essayer de singer un maĂ®tre et qui aurait Ă©vitĂ© d’en faire un peu trop dans le clichĂ© de la reconstitution historique (Ben Affleck qui Ă©tait d’ailleurs pressenti pour porter l’histoire Ă  l’Ă©cran s’en Ă©tait bien sorti de justesse sur Argo). Mais dans cet American Bluff, rien n’y fait, le rĂ©alisateur et les acteurs sont dans un dĂ©lire qui leur est propre et sera surtout agaçant pour le spectateur.

En fait, la seule chose que l’on pourra bien dĂ©fendre, c’est le bon goĂ»t musical du rĂ©alisateur. Duke Ellington, Elton John, Electric Light Orchestra, Bee Gees, Donna Summer, Tom Jones… la bande-originale du film est plutĂ´t bonne. Mais lorsque l’on voit comment sont utilisĂ©s les morceaux, les scènes qui y sont associĂ©es, on est finalement très gĂŞnĂ© de les voir apparaĂ®tre dans le film. Ainsi, le film atteint le paroxysme du ridicule et de l’exaspĂ©ration lorsque Jennifer Lawrence choucroutĂ©e fera son mĂ©nage de manière hystĂ©rique après une Ă©nième scène de dispute sur Live and Let Die de McCartney.

Complètement surcĂ´tĂ© par les critiques US, cet American Bluff confirme donc bien que David O’Russell est l’une des plus belles arnaques du cinĂ©ma indĂ© amĂ©ricain mais malheureusement, ce n’est apparemment pas près de s’arrĂŞter. Et si les oscars prĂ©fèrent rĂ©compenser ça Ă  l’audace du Loup de Wall Street de Scorsese, c’est que quelque chose ne tourne vraiment pas rond.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. Herve
    10/02/2014 Ă  23:06 | #1

    Oui, mais Ă  la fin, qu’est ce qu’il devient le frère parti Ă  la pĂŞche?