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Culte du dimanche : Conan le Barbare

posté le 09/02/2014

Retour sur l’un des meilleurs exemples d’héroic fantasy au cinéma et sur le film qui a lancé la carrière d’un certain Arnold Schwarznegger. Faites place à Conan le Barbare.

Si, avec le Seigneur des Anneaux, Tolkien est devenu la grande référence de la fantasy, en littérature comme au cinéma, il est toujours bon d’en rappeler qu’il n’en est toutefois pas le premier père. Car un autre créateur d’univers venait d’officier juste avant lui pour faire renaitre le genre de manière plus moderne. Le nom de cet autre auteur visionnaire : Robert E. Howard. Dès ses jeunes années, il commence à publier des nouvelles fantastiques dans le magazine Weird Tales avant de donner naissance au héros qui le fera passer à la postérité en 1932 : Conan le barbare. Ses aventures se déroulent dans un passé mythologique violent rempli de créatures impressionnantes et de sorciers et si le succès est au rendez-vous, il faudra cependant attendre une trentaine d’année avant que sa popularité n’explose grâce à son adaptation en comics par Roy Thomas et aux couvertures impressionnantes de Frank Frazetta.

C’est grâce aux dessins de ce dernier que le producteur Edward R. Pressman va acheter les droits de Conan pour en faire une adaptation cinématographique qu’il va alors confier à Oliver Stone pour le scénario tandis que John Milius (scénariste d’Apocalypse Now) souhaite en faire son premier film. Mais les choses ne seront pas aussi simples, entre désaccords artistiques, difficultés des différents associés à la production, le film mettra plusieurs années avant de trouver sa voir grâce à l’ambitieux producteur Dino De Laurentiis (Flash Gordon, Dune, la saga Hannibal Lecter) avec qui Milius était contractuellement obligé de travailler. Petit à petit le film prend forme et le tournage commencera après avoir casté Arnold Scharzenegger qui, sans être une star, commençait déjà à faire parler de lui grâce à ses multiples exploits musclés.

Réalisateur brutal, John Milius instaure l’esprit qu’il prête à Conan dès le générique en débutant le film sur la citation de Nietzsche, « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort« . Après avoir appris le secret de l’acier auprès de son père, le jeune Conan voit tout son village pillé et massacré par des étrangers qui vont le réduire en esclavage pendant des années avant qu’il ne soit remis en liberté, totalement annihilé. Parlant peu (tirant ainsi parti du débutant Schwarzy au ciné à l’accent autrichien prononcé) Conan laissera alors parler l’épée pour se venger de l’homme qui a tué son peuple (James Earl Jones, hypnotique) et en profitera pour délivrer la princesse locale de sa tyrannie. Évidemment la tâche sera semée d’épreuves comme affronter un serpent géant, être crucifié sur « l’arbre du malheur » ou assister à une orgie cannibale en compagnie de nouveaux compagnons de route dont la guerrière Valeria dont il va s’éprendre.

Sorti a début des années 80, le film arrive à planter un univers crédible, mélangeant les influences nordiques et mongols (les références à Gengis Khan sont très claires, de même que la réapparition de Valeria en Valkyrie). En effet, le réalisateur était déjà fasciné par ses cultures et s’attaquer au monde créé à Howard qui avait les mêmes influences semble donc très naturel. Ainsi, même si les décors désertiques naturels peuvent sembler parfois pauvre, le film bénéficie tout de même d’une véritable ambiance. D’autant plus que le réalisateur ne transige pas et livre une version sans concession de Conan qui sera cependant tronquée par la production. Il reste néanmoins un film marquant par l’héroïsme qui se dégage du personnage de Conan, monolithique.

Il faut aussi dire que le film ne serait rien sans la composition inspirée de Basil Poledouris dont le thème d’ouverture aux accents wagneriens va résonner pendant tout le film et conférer une dimension à la fois héroïque et guerrière au film et à son héros qui prend bien sa place à l’écran. La réalisation sera d’ailleurs à la hauteur de cette musique, rendant les combats impactants et arrivant à nous attacher à un héros auquel on a pourtant du mal à s’identifier, de par son physique et son mode de pensée. Cette réalisation épique nous marquera jusqu’à la dernière image montrant un Conan vieilli, déterminé, sur son trône, impressionnant.

Complètement ancré dans l’esprit des États-Unis assez individualistes des années 80, Conan reflète bien ce tournant politique derrière cette façade fantasy dont beaucoup de magie on été expurgée du matériaux de base pour rendre l’univers plus crédible. A sa sortie, le film est un vrai succès qui, non seulement lance de plein fouet la carrière d’Arnold Schwarzenegger au cinéma mais peut même se targuer d’être à l’origine de la fantasty au cinéma des années 80 (il sera suivit entre autres par Legend, Willow…). Sans oublier une suite, Conan le Destructeur, réalisée par Richard Fleischer (l’étrangleur de Boston, Soleil Vert) avec beaucoup moins de réussite qui mettra fin à la franchise (dont on attend pourtant le retour malgré les difficultés pour lancer le projet de conlusion avec le roi Conan). Mêmes les autres héros de Robert E. Howard auront du mal à trouver le souffle qui animait le film de Milius. Red Sonja, Kalidor, Solomon Kane et un douloureux remake de Conan n’entreront donc pas dans le mémoires et feront vraiment passer l’univers de l’auteur pour un monument de kitsch. Il nous reste alors la loi de l’épée de ce Conan pour retrouver un peu de sauvagerie dans le genre dans la fantasy sur grand écran.

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