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Culte du dimanche : La Nuit nous appartient

posté le 24/11/2013

A l’occasion de la sortie de the Immigrant, il Ă©tait indispensable de revenir sur l’un des grands films du fascinant James Gray en l’occurrence La Nuit nous appartient.

Depuis ses dĂ©buts avec Little Odessa qui l’a fait passer pour un surdouĂ©, James Gray n’est pas ce que l’on pourrait appeler un auteur prolifique. En 20 ans de carrière il n’aura sorti que 5 films sur grand Ă©cran. Pourtant, c’est Ă  chaque fois un Ă©vĂ©nement et une rĂ©ussite (en tout cas, en Europe). Et après avoir rĂ©uni les jeunes Joaquin Phoenix et Mark Walhberg dans the Yards en 2000, il va reconstituer ce duo une nouvelle fois 7 ans plus tard dans La Nuit nous appartient.

Fidèle Ă  ses prĂ©occupations et toujours sous une certaine influence shakespearienne mais aussi des drames russes, La Nuit nous appartient nous replonge dans le New-York de la fin des annĂ©es 80 pour suivre le choix que doit prendre Bobby. PartagĂ© entre sa famille de flics et la boite de nuit qu’il gère pour le compte de russes et oĂą s’organisent des trafics de drogue. Quand l’affrontement s’intensifie et commence Ă  menacer sa famille, il doit se mettre en sĂ©curitĂ© et choisir si il doit oui ou non tomber le masque et devenir ce qu’il redoutait le plus.

Dès les premières images, le rĂ©alisateur nous replonge dans l’ambiance de la fin des annĂ©es 80 au son de Blondie sans pour autant en donner un aperçu kitsch, rĂ©tro ou nostalgique mais au contraire avec le plus de naturel possible pour rendre son film clairement intemporel. Car malgrĂ© son contexte, il sait qu’il ne va pas raconter une chronique de la mafia aux USA mais plutĂ´t s’intĂ©resser au parcours d’une famille de policier et leur lute contre la mafia alors que l’un des leurs souhaite rester un Ă©lectron libre. Ainsi, James Gray confère d’emblĂ©e une dimension très personnelle accentuĂ©e par l’aura intimiste de la photographie jouant parfaitement sur les ombres et les lumières.

Avec un cĂ´tĂ© très europĂ©en, loin de la fougue d’un Scorsese, et justement une mise en scène posĂ©e et proche de ses personnages particulièrement fouillĂ©s, Gray nous fait avancer dans une intrigue passionnante oĂą chacun pourrait avoir un double visage. Entre drame shakespearien ou tragĂ©die grecque, notre cĹ“ur balance mais le rĂ©sultat sera le mĂŞme, les Ă©motions bien prĂ©sentes, notamment lors de la disparition du père dĂ©clenchant alors le choix pris par le personnage de Joaquin Phoenix. Maitrisant parfaitement l’avancĂ©e de son rĂ©cit, le parcours de ses personnages dans la douleur, le rĂ©alisateur nous fait entrer dans la famille pour ne plus en sortir.

Non content de nous dĂ©crire le milieu de la police comme de la mafia avec prĂ©cision, le rĂ©alisateur sait aussi entretenir un suspense intense. Ainsi, la poursuite en voiture sous la pluie Ă  l’issue tragique est certainement l’une des meilleures scènes de poursuite rĂ©alisĂ©es, tandis que la traque finale dans les hautes herbes dans lesquelles s’invite la fumĂ©e se rĂ©vèle des plus incertaines.

Mais au delĂ  de la maitrise du rĂ©cit et de la plastique de James Gray, il faut aussi saluer les performances des acteurs et en premier lieu de Joaquin Phoenix, Ă  la fois sensible et tiraillĂ© entre ce qu’il dĂ©teste et ce qu’il aime dans la mafia et la famille. Mais Mark Wahlberg, Robert Duvall et Eva Mendes ne sont pas en reste avec des rĂ´les plus fins que les archĂ©types qu’ils peuvent camper au premier abord et confĂ©rant une vĂ©ritable dimension humaine au film.

Présenté à Cannes, le film sera encore un grand succès critique (remportant même un césar du meilleur film étranger) même si le réalisateur peine toujours à fonctionner aux États-Unis. La suite de sa carrière sera plus versée dans les sentiments avec la romance tragique Two Lovers (avec à nouveau Joaquin Phoenix poignant) et le mélodrame the Immigrant.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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