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Blue Jasmine, critique

posté le 13/09/2013

Woody Allen est de retour pour son film annuel et met la comĂ©die de cĂ´tĂ© pour offrir un drame pas tout Ă  fait Ă  la hauteur du talent de l’impĂ©riale Cate Blanchett.

On a souvent l’habitude de parler des films de Woody Allen comme d’une cuvĂ©e annuelle de Beaujolais et je n’y ai pas manquĂ© par le passĂ©. Il faut dire qu’avec sa livraison Ă  la fois rĂ©gulière (pour le timing) et irrĂ©gulière (pour sa qualitĂ©), la comparaison n’est pas volĂ©e. Après la dĂ©ception engendrĂ©e par son prĂ©cĂ©dent To Rome with Love, il Ă©tait donc attendu au tournant avec Blue Jasmine, d’autant plus qu’il change cette fois de registre pour le drame et c’est parfois dans ce genre que l’auteur new-yorkais se montre le plus inspirĂ© (Match Point Ă©tait tout de mĂŞme l’un de ses sommets), ce qu’il tend Ă  montrer ici.

Dans Blue Jasmine, Woody Allen raconte donc l’histoire d’une femme qui vient se rĂ©fugier chez sa soeur Ă  San Fransisco après avoir tout perdu (son riche mari et donc son argent mais aussi ses rĂŞves et ses envies). Semant le trouble dans la vie de sa sĹ“ur, elle va essayer de se remettre Ă  vivre, mais y arrivera-t-elle vraiment ? Le rĂ©alisateur se montre ici assez pessimiste et mĂŞme noir dans sa description du milieu de la bourgeoisie new-yorkaise mais c’est surtout le portrait d’une femme au bout du rouleau qui est passionnant.

En effet, profitant de la classe et du charisme naturel de son actrice, il offre Ă  Cate Blanchett un rĂ´le oĂą elle se montre absolument impĂ©riale. DĂ©sespĂ©rĂ©e et tombant petit Ă  petit dans la folie, le personnage de cette bourgeoise qui a Ă©tĂ© forcĂ©e de tout quitter est passionnant, d’autant plus quand elle s’enfonce vĂ©ritablement dans le mensonge et l’illusion d’avoir une vraie vie. A la fois touchante et Ă©nervante, elle fait tout pour que l’on ait pitiĂ© d’elle et ça fonctionne Ă  merveille.

Mais derrière cette grande performance d’actrice, Woody Allen s’efface complètement et laisse sa camĂ©ra tourner avec sa nonchalance habituelle, n’allant jamais chercher Ă  intensifier ce destin, cette histoire, par un quelconque moyen et heureusement que la construction en flashback est lĂ  pour apporter un minimum de rythme. Alors le grand drame qu’il aurait pu ĂŞtre se rĂ©vèle malheureusement assez anecdotique, sans envergure, dans la lignĂ©e du train train qu’il nous propose rĂ©gulièrement (scènes dans la rue ou en appartement, petite musique jazzy, …). C’est dommage tant le film mĂ©ritait plus d’efforts pour nous emporter dans la folie de Cate Blanchett.

Au final, ce Blue Jasmine vaut donc le coup d’œil mais essentiellement pour la performance irrĂ©prochable d’une Cate Blanchett au sommet car pour le savoir-faire d’un Woody Allen paresseux, on repassera.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 19/10/2013 Ă  02:46 | #1

    C’est marrant comme les Woody Allen divisent. A chacun de ses films c’est la mĂŞme chose. Pour ma part, comme je l’explique plus en profondeur http://bit.ly/17cmMFR Blue Jasmine a Ă©tĂ© un bon spectacle, un beau portrait, mĂ©lancolique et acerbe d’une femme qui chute inexorablement. On se retrouvera surement sur d’autres films, super blog au passage. Hâte de voir Gravity !