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Culte du dimanche : Lost Highway

posté le 15/09/2013

En plein Étrange Festival, il était impossible pour ne pas revenir sur un film qui y aurait eu toute sa place tant son réalisateur a marqué le genre par sa personnalité et son sens artistique et de la narration sensorielle assez poussé. Je veux bien sûr parler de David Lynch et de son Lost Highway.

A chaque film, le style de David Lynch est devenu de plus en plus personnel avec une narration de plus en plus fragmentĂ©e et une folie de plus en plus prĂ©sente. A ce titre, Lost Highway, sorti après Twin Peaks, est bien annonciateur des films aux tendances plus expĂ©rimentales et sensorielles qui vous suivre comme Mulholland Drive et Inland Empire. Il est ici question d’un saxophoniste Ă  succès soupçonnant que sa femme le trompe et qu’il va assassiner. La suite, entre perception de ce meurtre par les multiples personnalitĂ©s du hĂ©ros, rĂŞve sous un autre visage, manipulation et ambiance de film noir et paranoĂŻaque nous entraine dans un labyrinthe confus dont on ne pourra pas s’Ă©chapper.

Effectivement, il faut bien l’admettre, il sera difficile de suivre l’histoire de Lost Highway tant sa narration est Ă©clatĂ©e et n’hĂ©site pas Ă  utiliser les ellipses, les non-dits et les murmures mystĂ©rieux. Mais c’est bien le propre de Lynch qui prĂ©fère surtout nous embarquer dans l’esprit fou de son anti-hĂ©ros Fred Madison, en pleine perte de repères. Ce n’est donc pas l’histoire qui nous importe mais bien cette plongĂ©e dans un esprit malade qui permet alors au rĂ©alisateur de mettre en images ses visions, ses thèmes fĂ©tiches, ses hallucinations. Nombreux seront ceux qui resteront sur le bas-cĂ´tĂ© mais pour ceux qui s’accrocheront, l’expĂ©rience sera unique.

Dans Lost Highway, Lynch dĂ©verse toutes ses prĂ©occupations et ses figures de styles qui seront reprises avec plus de maĂ®trise quelques annĂ©es plus tard dans Mulholland Drive. Il y est donc encore une fois question d’une cĂ©lĂ©britĂ© avec une face sombre, de folie et de personnalitĂ©s multiples, de rĂŞves Ă©tranges et rĂ©currents, de voyeurisme, de personnages Ă©nigmatiques, d’une femme fatale et double, d’un rappel de l’Hollywood noir des annĂ©es 50,…  Comme personne l’auteur nous installe dans une ambiance mystĂ©rieuse et feutrĂ©e non seulement par l’image faite de rideaux en velours et d’une sensualitĂ© violente mais jamais grossière mais aussi par un incroyable travail sur le son qui nous isole du reste du monde.

Perdu au milieu de ces Ă©lĂ©ments, le spectateur est le tĂ©moin du spectacle de marionnettes (les acteurs Bill Pullman ou Patricia Arquette, crĂ©ature brune ou blonde selon le rĂŞve ou la rĂ©alitĂ©, n’incarnent que des archĂ©types avec lesquels s’amuse le rĂ©alisateur) habilement construit par ce manipulateur d’angoisses qu’est David Lynch. Tous Ă©garĂ©s sur la route du film nous nous retrouvons paradoxalement enfermĂ©s dans cet univers violent, sensuel et complètement fou bercĂ©s par une bande-originale qui verse non pas du cĂ´tĂ© des annĂ©es 50 (Blue Velvet) ou des figures pop comme Elvis (Sailor & Lula) mais vers des sons plus contemporains avec notamment David Bowie, Nine Inch Nails ou Ramstein, participant ainsi davantage Ă  la dĂ©mence du film et des personnages.

Lost Highway n’est certainement pas le plus populaire des films de son rĂ©alisateur. Moins grand public que ses prĂ©cĂ©dents, sans vĂ©ritable grande star et sans sĂ©lection particulière en festival pour le mettre en avant, il n’en est pas moins un point charnière passionnant dans la carrière du cinĂ©aste qui choisit clairement de s’orienter sur des projets bien plus personnels et expĂ©rimentaux.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. ParaOia
    16/09/2013 Ă  18:05 | #1

    VoilĂ  un chef d’oeuvre qui m’a bouleversĂ© pendant mon enfance, quand je suis sorti de la salle de cinĂ©ma, une nuit d’Ă©tĂ©, en juillet, je ne pensais pas qu’on pouvait faire ce style de film, j’ai trouvĂ© ce mĂ©trage tellement ahurissant, maĂ®trisĂ©, que j’ai commencĂ© Ă  m’intĂ©resser Ă  l’art cinĂ©matographique.. un film Ă  l’obscuritĂ© lumineuse !