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120 Battements par Minute, critique

posté le 16/08/2017

Après son grand prix du jury et sa « palme du coeur » pour tous les journalistes à Cannes, 120 Battements par Minute de Robin Campillo débarque enfin au cinéma. Alors est-ce vraiment le torrent d’émotion attendu et le film politique engagé que l’on attendait ?

Scénariste presque attitré de Laurent Cantet, Robin Campillo est un réalisateur discret et rare mais non moins intéressant dans le paysage du cinéma français puisqu’on lui doit le film Les Revenants à l’origine de la série phénomène ou encore Eastern Boys. Mais il était aussi par le passé activiste chez Act Up Paris pour la lutte contre le sida. Une expérience qui lui sert donc pour écrire et réaliser 120 Battements par Minute.

Le réalisateur nous plonge dès les premières minutes dans l’ambiance en nous décrivant directement comment fonctionne le mouvement militant, nous donnant alors les codes pour nous intégrer dans la réunion qui va suivre et comprendre alors les enjeux de la lutte contre le sida dans les années 90, alors que les malades étaient ignorés à la fois par les labos et par les institutions. Le film nous plonge alors dans ces mécanismes et nous décrit à force d’anecdotes intéressantes et de démonstrations de force comment l’association s’y est prise pour faire passer son message.

Il s’agit là de la partie la plus intéressante du film puisque c’est bien celle qui nous a permis de comprendre le contexte particulièrement difficile pour les malades de l’époque et le fonctionnement de l’association. Tout cela est particulièrement documenté et sent bien le vécu avec des personnages de caractère (Nahuel Pérez Biscayart et Adèle Haenel impeccables et à fleur de peau) dont la frustration est aussi importante que leur volonté de lutter pour une reconnaissance et l’apport de solutions. Avec cela, il y a même certaines images fortes de manifestation qui donnent une permettent de prendre le combat encore plus à coeur.

Si cette première moitié de film est passionnante, la seconde moitié va nous faire décrocher. En effet, à partir du moment ou 2 militants commencent à sortir ensemble (Biscayart et le fade Arnaud Valois) et où la maladie prend le dessus, la lutte passe au second plan. Cela pour laisser la place au mélo qui va tout faire pour nous émouvoir et nous laisser sous le choc avec la solitude de la maladie et la compagnie qui ne sert qu’à supporter la fin.

Oubliant complètement la lutte, cet aspect mélo forcé avec un couple auquel on ne croit qu’à moitié et qui s’engage dans un aspect limite voyeuriste dans l’intimité du malade va autant nous mettre mal à l’aise que retenir du coup toute émotion, nous laissant un sentiment de froideur, d’autant plus qu’il mise alors presque en permanence sur des cadres serré et étouffants qui renforcent le malaise forcé. C’est bien dommage car du coup le sujet initial sur le combat d’Act Up est complètement éludé et ne trouve pas vraiment de conclusion ou d’enseignements pour faire avancer le public.

Et si la prise de conscience ou la révolte a bien lieu, cela n’ira pas beaucoup plus loin. 120 Battements par Minute est donc bien un film important, mais sa seconde partie nous laisse vraiment sur le bas côté, les bras croisés, en attendant plus.

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