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Wild, critique

posté le 13/01/2015

Jean-Marc Vallée embarque Reese Witherspoon en rando dans la nature sauvage. Hélas, Wild est un trip auto-centré sur son calvaire qui n’apporte jamais de libération attendue.

Avec Dallas Buyers Club, le québécois Jean-Marc Vallée traitait d’un sujet difficile avec rage et justesse en profitant de comédiens particulièrement investis. Il change maintenant complètement d’histoire mais ne va pas pour autant laisser tomber son regard sur des événements qu’il ne voit toujours que de manière assez violente. Avec Wild, il emmène Reese Witherspoon et son énorme sac à dos dans un grand voyage dans la nature sauvage américaine, adaptant l’ouvrage auto-biographique de Cheryl Strayed.

Après plusieurs années d’errance, entre enfance difficile, perte de proche, drogues, relation de couple tumultueuse Cheryl Strayed veut changer de vie et pour cela elle entreprend de parcourir le fameux « Pacific Crest Trail », la plus longue et difficile randonnée des Etats-Unis qui peut s’écouler sur plusieurs mois. Un moyen comme un autre pour tenter de se trouver et prendre un nouveau chemin dans sa vie grâce au défi personnel et à la proximité de la nature. Un parcours semé embûches et qui ne fera que ravivé ses souvenir pour mieux les exorciser.

Evidemment, avec une personne plongée seule dans la nature, on ne peut s’empêcher de penser à Into the Wild. Mais là où le film de Sean Penn transformait le voyage égoïste d’un jeu en discours presque politique fait de rencontres intéressantes et touchantes en magnifiant la nature et le voyage tragique, Jean-Marc Vallée va toujours resté centré sur le parcours intérieur et très refermé de son héroïne. Et celle-ci va passer par toutes les souffrances possibles, que ce soit pendant sa randonnée mal préparée (qui ouvre le film avec une séquence déjà limite autour d’un ongle d’orteil cassé qu’elle se retire, filmé en gros plan, n’omettant aucun détail), ou dans les très (trop) nombreux flashbacks qui viennent interrompre son parcours toutes les deux minutes et qui nous en apprennent plus sa vie qui ne l’a pas épargnée.

Nous verrons ainsi tout de son père qui battait sa mère, de l’abattage d’un cheval de sa mère mourant dans d’horrible souffrance, de son errance dans la drogue et le sexe sans retenue. Jean-Marc Vallée filme tout cela dans le moindre détail et sans détours pour nous choquer et nous faire comprendre toute la détresse de son personnage mais ce moyen assez lourd devient très vite irritant et nous détache au contraire du personnage qui ne fait que nous embêter. On se prendrait même à dire que les personnes qu’elle croise en pleine nature pourraient être beaucoup plus mal intentionnée pour aller jusqu’au bout du discours.

Filmant son héroïne très souvent en gros plan avec une voix off presque omniprésente qui nous prend par la main, on voit bien tout ce qu’elle subit mais on a tout de même du mal à s’attacher à elle. En effet, Reese Witherspoon a beau s’investir (oui, elle est vraiment dans la nature), on sent bien qu’il s’agit là d’un rôle qui se veut oscarisable. Du coup  elle n’en fait pas trop, mais on sent bien que tout cela est parfois un peu forcé. De part l’écriture ou la réalisation, on sent bien que tout cela n’est pas forcément sincère et que c’est surtout un film qui permet à son réalisateur de nous faire subir un égoïste calvaire.

En effet, en nous laissant toujours à l’extérieur de son histoire, en n’étant que très peu ouverte aux rencontres de son héroïne qui sont toujours vite évacuée pour faire de la place pour les flashbacks, le film ne cherche pas à atteindre l’émotion du spectateur et lorsqu’il le tente, il échoue lamentablement. De même, on ne sentira que peu la nature. A part quelques obstacle on ne ressentira que peu son côté sauvage, grandiose. Jamais la libération ne se fera à travers les grands espaces, alors que c’est tout ce que l’on demandait à la fin qui restera toujours aussi auto-centrée.

Si dès son titre Wild s’annonçait comme une grande randonnée sauvage, il n’en sera rien puisqu’il s’agit seulement du caractère renfermé de son héroïne qui cherche à vivre en se flagellant pendant tout le film à coups de souvenirs toujours plus douloureux les uns que les autres. On a connu plus intéressant.

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