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Culte du dimanche : le Bal des Vampires

posté le 12/01/2014

Ressorti pour les fêtes dans une belle édition bluray, nous nous intéressons cette fois à l’hilarant premier pas dans le film d’horreur de Roman Polanski avec le Bal des Vampires.

Après quelques premiers films qui commencent à lui valoir une certaine renommée, le jeune Roman Polanski commence à avoir besoin de fonds plus importants pour mener à bien d’autres projets. D’autant plus qu’il a envie de s’essayer au film d’horreur stylisé façon Hammer. Il faut dire que c’est en voyant, mort de rire, les films d’horreur de l’époque qu’il se dit qu’il serait bon de réaliser un film d’horreur classique et volontairement drôle, une véritable parodie tournant en dérision les codes du genre. Forcément, cela nécessite un peu plus de moyens pour les décors, costumes et tournages à l’étranger et pour cela, il trouve le producteur Martin Ransohoff qui va l’y aider.

Le Bal des Vampires reprend donc l’histoire proche de celle du début de Dracula ou Nosferatu, puisque nous plongeons en pleine Transylvanie et allons explorer avec un professeur un peu dingo et son jeune apprenti, le château gothique hanté par le Comte Van Krolock. Entre temps l’apprenti est tombé amoureux de la fille de l’aubergiste qui vient d’être mordue par un vampire et le Comte prévoit d’organiser un grand bal avec ses semblables avant de se livrer à un sacrifice et de dominer le monde.

Mais évidemment, toute cette histoire est à prendre au second degré puisque dès le début, le film choisit clairement le ton humoristique avec son professeur complètement gelée à son arrivée dans le village, son aubergiste de caricature juive, ses personnages trop repoussants et prêtant à rire et cela va continuer pendant tout le film, notamment avec le fils du comte, vampire homosexuel désirant mordre à tout prix le jeune apprenti, …

Si le film joue la carte de l’humour au travers de ses personnages dont il se fiche des stéréotypes, il fait aussi dans l’absurde de situation comme ce passage où l’apprenti (incarné par Polanski himself) doit tuer un vampire dans son cercueil pendant que le professeur est coincé dans l’encablure de la fenêtre ou lorsque l’apprenti, toujours, s’engage dans une course poursuite avec le fils du Comte pour tourner en rond.
Il s’amuse même des clichés des vampires et notamment des miroirs, respectant alors les codes tout en les utilisant à des fins humoristique sans pour autant verser dans le cynisme. C’est dans cet esprit que les amateurs de films de vampires peuvent vraiment apprécier le film, à la fois pour ses petits moments d’effroi bien orchestrés et avec une patte graphique en référence aux films de la Hammer, comme avec cette bonne touche d’humour accentuée par la personnalité et la gestuelle élastique de Jack MacGowran incarnant le professeur Abronsius.

Il en résulte au final une véritable comédie horrifique devenue aussi classique que les modèles dont elle s’inspire et qu’elle parodie. Mais si le succès est bien présent en Europe, allant même jusqu’à déclencher la création d’une comédie musicale à succès, il en sera tout autrement aux États-Unis puisque le producteur décide de remonter tout le film pour le public américain, faisant tomber tous les traits d’humour à plat, entraînant le mécontentement logique de Roman Polanski qui n’aura de cesse de se battre pour son film alors qu’il est en pleine production du récit d’horreur qui le fera exploser aux yeux de tous : Rosemary’s Baby. Heureusement, aujourd’hui, le film est toujours disponible tel que voulu par le réalisateur dans une belle édition vidéo agrémentée d’une interview de 25 minutes de Polanski sur les secrets de production du film.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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