La Couleur des Sentiments, critique
Retour dans les annĂ©es 60 avec La Couleur des Sentiments, gentille leçon de morale sur le racisme de l’Ă©poque adaptĂ©e d’un best-seller typiquement US.
Qui dit best-seller dit forcĂ©ment adaptation cinĂ©matographique. Et vu que le roman La Couleur des Sentiments (The Help en VO) de Kathryn Stockett est restĂ© six semaines en tĂŞte des ventes, il Ă©tait bien logique que son ami Tate Taylor le porte Ă l’Ă©cran. Voici donc l’histoire d’une troupe de bonnes , noires, habitant la ville de Jackson dans le Mississippi dans les annĂ©es 60 qui dĂ©cident en secret d’Ă©crire un livre sur leur vie. Alors nous allons prendre conscience que leur vie au milieu des femmes wasp aisĂ©es et plutĂ´t ignorantes n’est pas facile.
EmmenĂ© par autre troupe d’actrices en forme, le film arrive tout de suite Ă nous mettre dans l’ambiance 60’s tantĂ´t kitsch, rarement pessimiste. Pendant 2h20 nous avons donc droit Ă une forte dose de bons sentiments et Ă une gentille morale sur un sujet complètement Ă©culĂ© comme on ne peut en faire que dans le cinĂ©ma amĂ©ricain. Il est mĂŞme Ă©tonnant que l’Oncle Sam nous offre encore des films de ce type. Car sans avoir les mĂŞmes moyens, l’histoire a sĂ»rement dĂ©jĂ dĂ» ĂŞtre traitĂ©e dans nombre de tĂ©lĂ©films diffusĂ©s pendants les après-midi pluvieux, regardĂ©s par les mĂ©nagères nostalgiques, la boite de mouchoirs aux mains.
Heureusement, La Couleur des Sentiments Ă©vite de justesse les violons et trop bonnes intentions et ce, grâce Ă son casting qui l’emporte haut la main. Que ce soit Bryce Dallas Howard en garce raciste irrĂ©cupĂ©rable ou Jessica Chastain en quiche de première classe, les actrices sonnent toutes très juste et ce n’est pas Emma Stone qui prouvera le contraire en apportant sa fraĂ®cheur pour contrebalancer les destins de Viola Davis et Octavia Spencer. Mais Ă cĂ´tĂ© de ces 5 femmes, le film et d’un classicisme et d’une bonhomie dĂ©sespĂ©rante.
En effet, bien qu’agrĂ©ables, tous les Ă©vĂ©nements qui amènent Ă la rĂ©daction du livre sont très convenus et les actes de racisme vus dans le film, mĂŞme si très rĂ©vĂ©lateurs du contexte, sont très soft. Les rares traces de violence Ă©voquĂ©es ne seront jamais vues, juste Ă©voquĂ©es, nous donnant le contexte mais ne rendant l’atmosphère pesante Ă aucun moment. Du coup rien de choquant dans cette vision très wasp du racisme des 60’s. Et lorsque l’on a affaire Ă la vengeance de l’une des bonnes vers son ex-patronne, le gag est simplement ridicule. A ce niveau, le film fait sourire mais cette bonne humeur ambiante peut rapidement exaspĂ©rer, d’autant plus qu’on traite ici d’un sujet plus grave… mais le rĂ©cit passe Ă cĂ´tĂ© de son sujet.
C’est certainement dĂ» au livre mais le rĂ©cit qui parle de la vie des femmes de mĂ©nages et autres nurses noires employĂ©es par les femmes blanches pouvait ĂŞtre bien plus intĂ©ressant si l’ouvrage qu’elles Ă©crivent avec la jeune journaliste pleine d’espoir changeait les idĂ©es reçues. Car c’est lĂ ce qui est avancĂ© pendant tout le film, ce livre peut changer l’AmĂ©rique. Mais jamais nous ne verrons cet aspect dans le film. A force de rester sur les personnages, on oublie la grande histoire autour qui Ă©tait pourtant passionnante (Martin Luther King, …). Évoquer l’impact d’un tel livre sur les amĂ©ricains semblait indispensable pour montrer que des personnes ignorĂ©es par la majoritĂ© pouvaient changer les esprits.
Au final, il reste du coup avec la Couleur des Sentiments un film de femmes fortes qui arrivent Ă s’affirmer et Ă vivre leur vie dans la bonne humeur. En tant que spectateur on passe un agrĂ©able moment mais la leçon Ă en tirer sera bien pauvre et c’est dommage.
publié dans :Cinéma Critiques ciné
Le scĂ©nario est efficace avec une Ă©volution de l’histoire qui crĂ©e l’intĂ©rĂŞt et surtout l’Ă©motion malgrĂ© un fil conducteur sans surprise. Si Emma Stone et Bryce Dallas Howard forment un duo parfait les vraies rĂ©vĂ©lations sont Octavia Spencer et Viola Davis (malgrĂ© des annĂ©es de mĂ©tier)… 2/4