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Culte du dimanche : Bronson

posté le 02/10/2011

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Avec la sortie imminente du génial Drive, il était impensable de ne pas revenir sur le film qui a installé Nicolas Winding Refn comme l’un des réalisateurs à suivre et révélé tout le talent de Tom Hardy. Place au violent et passionnant Bronson.

Après avoir été révélé par la trilogie Pusher et une incartade américaine avec Inside Job, le réalisateur danois Nicolas Winding Refn débarquait en 2009 en au Royaume-Uni pour raconter l’histoire du plus célèbre et dangereux prisonnier d’Angleterre, celle de Michael Peterson, plus connu sous le nom de scène de Charlie Bronson. Le résultat est une claque, un film hallucinant et halluciné qui parle tout autant d’art que de violence.

Car le réalisateur ne va pas réaliser un simple biopic. Non, Bronson est un véritable personnage, aussi mégalo que torturé et perdu, sans repères. A la recherche d’une célébrité inaccessible, c’est par la violence qu’il va se faire un nom, tout autant qu’elle lui permettra de se forger une carapace contre un monde qu’il ne comprend pas.

Le tour de force de Winding Refn est de nous faire ressentir dès le début de l’histoire une grande empathie pour ce détenu. Loin de le déifier ou de verser dans le portrait facile du prisonnier démoniaque qui cherche la bagarre, il nous le présente comme un être humain qui a fait les mauvais choix, ceux-ci influençant son mental. Un cercle vicieux qui ne trouvera une issue quand dans l’art. Mais l’ambition artistique de Bronson n’est pas simple à comprendre. D’ailleurs sait-il vraiment lui-même ce qu’il veut ? Perdu, c’est donc dans la violence qu’il trouve son moyen d’expression, battant codétenus et gardiens comme bon lui semble.

Le réalisateur décompose son récit en plusieurs actes, nous faisant comprendre la personnalité de son anti-héros et son histoire. Ainsi, l’ensemble est raconté du point de vue de l’esprit de Bronson, s’imaginant sur scène dans un one-man-show bariolé et racontant sa vie. De son enfance à son premier séjour en prison, de l’asile à ses quelques semaines dehors, puis son retour en prison et son expression artistique. Chaque chapitre de sa vie est identifiable et se dote d’une personnalité propre qui se ressent dans l’attitude du personnage, de son entourage mais aussi de la musique qui y est associée.

A sa sortie, on a souvent vu en Bronson un nouveau Orange Mécanique. Et sur le fond comme sur la forme, il est vrai que le film de NWR est clairement influencé par l’œuvre de Kubrick. Ainsi, comme dans l’adaptation du roman d’Anthony Burgess, il est bien ici question d’un héros malade, qui ne peut s’empêcher d’être violent et que seul l’art apaise (Beethoven pour pour Alex DeLarge, la peinture Magritte pour Bronson). Mais c’est surtout dans sa mise en scène que l’on sent l’influence du maître sur le danois qui ne s’en est jamais caché. Ainsi, le réalisateur adopte un ton distant, parfois froid, avec des personnages ambigüs (des rencontres qui ne sont d’ailleurs pas sans faire penser aux rencontres d’Alex dans Orange Mécanique encore une fois). Même la manière de cadrer et le décalage musical entre éléctro des 80’s et classique y font penser.

Mais ce n’est pas pour autant que Bronson manque de personnalité. Au contraire, Winding Refn impose sa patte et son héros. On reste hypnotisé de cette lutte sanglante qui ouvre le film aux derniers mots d’un malade qui a enfin trouvé sa liberté. On ne pourra d’ailleurs pas s’empêcher de penser que Drive est l’autre face de NWR car si ce dernier garde une violence brute, un héros qui parle peu et une bande-originale entre éléctro mélancolique et classique, le Driver est aussi beau héros que Bronson est monstrueux.

En dehors de la maîtrise incroyable de Nicolas Winding Refn derrière la caméra, il faut aussi saluer la performance hallucinante de Tom Hardy. L’acteur qui s’était jusque là contenté de second rôles ou de petits films impose d’un seul coup son charisme dans le personnage de Bronson. Après avoir gagné 20 kilos de muscles, s’être rasé les cheveux et avoir laissé pousser la moustache, il délivre une interprétation hors normes et aborde toutes les facettes de son personnage sans retenue, de sa folie à sa tristesse en passant par son côté mégalo et son manque de repères. Une véritable révélation.

Grâce au succès critique et public de Bronson, Nicolas Winding Refn confirme le talent qui l’avait révélé avec Pusher mais surtout, il pourra ensuite réaliser un autre film sous influence kubrickienne, Valhalla Rising – le Guerrier Silencieux alors que Tom Hardy se verra petit à petit confier des rôles plus ambitieux, du frère torturé de Warrior au futur Bane, ennemi mortel de Batman.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 02/10/2011 à 13:48 | #1

    « le film qui a installer » => installé 🙂
    Sinon le film a l’air pas mal, je n’en avais jamais entendu parler. Enfin pour « le orange mécanique du 21ème siècle » je demande à voir quand même…

  2. FredP
    02/10/2011 à 13:56 | #2

    yes, merci, corrigé. Pour le « Orange Mécanique du 21e siècle », c’est bien sûr un argument marketing mais Bronson est sûrement celui qui le portera le mieux.

  3. 02/10/2011 à 15:59 | #3

    Et bien je suis toujours sceptique sur ce Bronson. Trop clipesque et sans enjeux pour un film qui aurait pu devenir culte. Cependant Refn montre qu’il est un sacré réalisateur ayant le sens de l’image….Drive confirme ça et haut la main.

  4. 03/10/2011 à 09:34 | #4

    Quel film coup de poing, un vrai uppercut… Une mise en scène originale mise en valeur par un montage mathématique mais qui passe comme une symphonie. Tom Hardy est impressionnant, une vraie gueule cultissime… Ce film est mixte « Tueurs nés » + « Chopper » que le côté opéra baroque (et rock !) amplifie de manière marquante. 4/4

  5. 07/10/2011 à 12:55 | #5

    Vu la semaine dernière. Une mise en scène et un Tom Hardy impressionnant. Assurément NWR est un talentueux cinéaste.