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Premier Contact, critique

posté le 02/12/2016

Toujours aussi labyrinthique, Denis Villeneuve s’attaque cette fois à la science-fiction avec Premier Contact. L’un des grands films qui va nous marquer en cette fin d’année, parlant autant de notre de monde et son avenir qu’une vision plus intime de la famille. Passionnant !

D’Incendies à Sicario en passant par Prisoners et Enemy, le québécois Denis Villeneuve a développé sa propre identité cinématographique qu’il a adapté à des genres aussi variés que le drame, le thriller ou le film de cartel. Cette fois il s’attaque à la science-fiction avec Premier Contact. Et évidemment, on ne peut pas s’attendre à un film de SF classique. Et même si le point de départ (l’arrivée d’énormes vaisseaux aliens à différents points du globe et une question : « que sont-ils venus faire ici ? ») est plutôt classique, il sera traité tout du long de manière inédite.

En effet, le réalisateur ne s’aventure à aucun moment sur le terrain du blockbuster mais va apporter un véritable réalisme à son film de SF. Ici, point de discours patriotique du président ou autres clichés et si il y a bien des militaire pour cadrer la situation, ils ne sont qu’un rouage dans l’intrigue dont les héros sont des spécialistes du langage qui vont tenter de déchiffrer ce qu’ont à nous apprendre ces créatures, car le premier pays qui y arrivera aura peut-être un avantage sur les autres. Le sujet est là : l’étude du langage et son partage pour une meilleure communication entre tous, pour le reste, mieux vaut ne pas trop en dire. Le film est alors passionnant et aussi terre-à-terre que mystérieux.

Car évidemment quand on connait  le réalisateur et son goût pour les intrigues labyrinthiques, on sait bien que le film ne sera pas une simple discussion entre notre héroïne et deux extra-terrestres. Nous allons ici bien plus loin. Non seulement le réalisateur nous raconte la grande histoire autour de cette découverte, nous offrant ainsi un commentaire passionnant sur l’état de notre monde en manque de communication avec des peuples qui ne se comprennent pas. Mais en plus il y entre-mêle des scènes intimes qui parlent du couple et de la relation entre les parents et les enfants. Premier Contact est ainsi un grand film de SF mais aussi un grand film sur la communication entre les peuples et entre les personnes pour sauver l’avenir de la génération suivante.

D’une certaine manière le réalisateur prolonge ainsi toujours son étude de caractère sur les malaise dans le couple, les non-dits entre les gens et un cohabitation difficile et paranoïaque. Premier Contact, filmé de manière naturaliste, mélange autant Rencontres du Troisième Type de Spielberg que 2001 de Kubrick ou la patte plus poétique de Malick et n’a pas à rougir face à de telles références, au contraire puisqu’il nous offre l’un des films de science-fiction les plus aboutis et hypnotiques de ces dernières années, ajoutant même de manière inattendue de l’émotion sans dire grand chose, là où Christopher Nolan avait échoué dans Interstellar.

Alors bien entendu, cet aspect naturaliste et sa construction narrative labyrinthique pouront rebuter ceux qui s’attendaient à un blockbuster classique. Mais le film gagne tellement en profondeur qu’il en devient un ovni fascinant et symphonique où la musique nous emporte autant que les tableaux dans une boucle dont on ne veut sortir. Avec l’appui d’Amy Adams qui offre tout ce qu’elle a dans ce rôle inattendu, le réalisateur nous pose de nombreuses questions auxquelles il n’apporte que des bribes de réponses. Nous voyons là encore qu’il traite son public avec intelligence. Il n’hésite pas à le faire se questionner sur le monde et notre condition sans pour autant nous frustrer, rendant son oeuvre encore plus passionnante à chaque fois que l’on y pense.

Oui, avec Premier Contact, Denis Villeneuve a réalisé un grand film de SF assez inattendu sur lequel on aimera réfléchir longtemps. Sans doute même l’un des grands films de l’année et c’est donc très bonne augure pour celui qui s’attaque à une suite de Blade Runner !

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