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PIFFF 2013 (2e partie)

posté le 26/11/2013

Après une semaine plutôt enthousiasmante, voici donc la seconde partie de notre épopée au PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival) 2013, toujours aussi dérangeant.

Et c’est le duo français Hélène Cattet et Bruno Forzani qui a inauguré le weekend avec une séance pleine à craquer de leur nouveau long-métrage au sublime titre L’Étrange couleur des Larmes de ton Corps. Dans la lignée de leurs expérimentations en court-métrage et de leur premier long Amer, ils poursuivent donc leur exploration du genre du giallo avec un travail fascinant sur le son et l’image pour rendre leur film particulièrement pénétrant. Leur film, à l’histoire obscure et dont on a bien du mal à saisir les contours, est ainsi plutôt à prendre comme une expérience sensorielle tranchante.
Toutefois, L’Étrange Couleur… est particulièrement hermétique et renfermé, au sens propre comme au sens figuré. Ainsi, difficile d’entrer dans cet univers sans vouloir fournir d’effort, d’autant plus que tout pèse sur les gros plans, les sons des textures, les couleurs parfois agressives, … et l’on se dit que pareille expérience aurait très bien pu nous suffire et aurait été plus impactante sur un court-métrage. Car en effet, ici, les utilisations en boucle des mêmes figures de styles (nuisant à la beauté du style art-déco) avec des personnages qui se ressemblent et tournent en rond pendant plus d’une heure et demi, deviennent un peu lassant et irritant, mais c’est aussi le but du film qui cherche clairement à nous déstabiliser.

C’est ensuite Cheap Thrills qui était présenté en compétition, l’histoire de deux anciens amis qui se font embarquer dans une histoire de défis de type jackass pour gagner du fric. Pendant plus d’une heure on voit donc ces deux types enchainer les défis qui deviennent de plus en plus glauques, commençant par devoir aller déféquer dans la maison du voisin mais pouvant aller jusqu’à l’amputation du petit doigt.
Sans grand entrain, on voit les défis s’enchaîner en cherchant tant bien que mal l’effet choc complètement gratuit
et il faudra véritablement attendre la dernière partie du film pour que le message social (l’un des 2 a des dettes jusqu’au coup, vient d’être licencié et risque l’expulsion de sa famille) et la portée dramatique commencent enfin à poindre le bout de leur nez. Comédie noire et sociale un peu lourde, Cheap Thrills sera vite oublié. Et pourtant, il sera finalement le film récompensé par le public.

Enfin, samedi soir laissait place à la nuit dédiée à Stephen King avec Creepshow, Simetierre ou encore Christine. Mais c’est la toute nouvelle adaptation de Carrie, la vengeance qui inaugurait la nuit. Et on peut dire que la déception face à ce remake sans personnalité (plutôt qu’une nouvelle adaptation comme ce qui était vendu au départ) du film que Brian DePalma est immense. Chloe Grace Moretz (habituée aux rôles d’ados barrées) en fait des tonnes pour donner une image de Carrie mal à l’aise dans ses baskets et s’en est presque pathétiquement drôle alors que Julianne Moore surjoue complètement la mère chrétienne extrémiste qui s’autoflagelle.
Ajoutez à cela le retrait de toute subtilité de l’intrigue et tout suspense, comme si la réalisatrice n’était là que pour mettre en scène l’attendue scène du bal, grosse démonstration des pouvoirs de Carrie que l’on imaginerait presque ensuite approchée par Nick Fury du Shield pour faire partie d’une version psychotique des Avengers. Sans originalité, sans gros frissons, sans tension, sans personnalité, cette nouvelle version de Carrie va en plus beaucoup moins bien vieillir que le film culte de De Palma qui peut dormir sur ses deux oreilles.

Évidemment, il nous fallait tout de même faire une séance « culte ». Ce sera chose faite dimanche avec The Wicker Man de Robin Hardy présenté ici en director’s cut. L’histoire d’un inspecteur de police anglais qui enquête sur la disparition d’une jeune fille sur une île écossaise mais très vite, il se rend compte que les habitants du village menés par un Christopher Lee inspiré réservent quelques surprises.
Thriller à base de secte en plein jour, the Wicker Man se dresse aisément parmi les plus grandes influences du cinéma anglais (au hasard, Kill List ou Hot Fuzz nous y renvoient forcément) et est autant un témoignage de l’ambiance musicale folk de l’époque qu’une revendication païenne face à l’église chrétienne. Un discours particulièrement sombre s’en échappe sous couvert d’un humour noir, manipulé avec précaution et c’est donc avec une certaine fascination que l’on regardera l’homme d’osier brûler.

Enfin, il était temps de clôturer ce festival qui bénéficiait d’une compétition de meilleure tenue que les années précédentes. Après avoir récompensé les courts-métrages Jiminy d’Arthur Môlard et the Man who could not dream de Kasimir Burgess et James Armstrong et le long-métrage Cheap Thrills, le tueur de l’outback australien était de retour pour Wolf Creek 2, toujours réalisé par Greg McClean.
Si le réalisateur sait toujours aussi bien filmer à la fois les poursuites en voitures ou les moments plus intenses et renfermés de torture malsaine, il n’est hélas pas servi par son scénario qui part dans tous les sens. Certes, il ne se contente pas d’être un simple copier-coller mais on sent trop que le réalisateur a cette fois les coudées franches pour se déchainer, tant au niveau de l’action (il y a un peu de Duel et de Mad Max) que des maquillages (on ne comptera pas le nombre de corps tranchés en morceaux), mais c’est surtout cette envie parfois lassante de vouloir faire de son Crocodile Dundee trash une icône du cinéma d’horreur qui a tendance à nous irriter tant cela enlève au final tout aspect menaçant au personnage passant juste pour un cinglé dont les actes gratuits ne sont pas passionnants (d’autant plus quand le réalisateur mentionne presque Massacre à la Tronçonneuse) et beaucoup trop étirés sur la longueur. A la jouer « too much », le film perd finalement tout le charme brut du premier volet qui se suffisait à lui-même, c’est dommage.

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