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Capitaine Phillips, critique

posté le 28/11/2013

Hasard du calendrier, après l’excellent Hijacking danois, un nouveau film de piraterie contemporaine accoste dans les salles, mais c’est fois c’est Paul Greengrass qui met Tom Hanks dans la tourmente dans le rĂ´le de Capitaine Phillips.

Mine de rien, cela faisait 3 ans que l’on n’avait pas revu Paul Greengrass nous remettre sous tension au cinĂ©ma (depuis Green Zone en fait). Mais ce n’est pas pour autant qu’il a perdu de son savoir-faire car le rĂ©alisateur des deux meilleurs volets de la trilogie Jason Bourne s’accapare un nouveau fait rĂ©el (après Vol 93) pour adapter le livre de Richard Phillips A Captain’s Duty: Somali Pirates, Navy SEALS, and Dangerous Days at Sea. Un titre Ă  rallonge pour un sujet dĂ©licat, celui de la piraterie au large des cĂ´tes somaliennes. Et cette fois, le rĂ©alisateur n’a pas choisi Matt Damon mais un autre acteur campant parfaitement l’amĂ©ricain moyen : Tom Hanks.

Si l’on pouvait redouter que le film aille dans les mĂŞme eaux que l’excellent Hijacking, autant le dire tout de suite, le traitement est diffĂ©rent, que ce soit sur la durĂ©e de l’histoire couverte (des semaines dans le film danois, quelques jours pour celui de Greengrass) ou ses ramifications (la nĂ©gociation de l’employeur chez les danois, l’intervention militaire pour les amĂ©ricains Ă©videmment). D’ailleurs, sans rĂ©vĂ©ler toute l’intrigue, ici, tout le film ne se dĂ©roule pas sur le bateau avec l’Ă©quipage aux prises avec les pirates mais rĂ©serve quelques autres surprises.

Ainsi, avec Capitaine Phillips, nous ne sommes pas forcĂ©ment en terrain connu tant mieux, cela laisse Ă  Paul Greengrass tout le loisir de nous bousculer comme lui seul sait le faire. En effet, le rĂ©alisateur est reparti dans son style quasi-documentaire, millimĂ©trĂ©, camĂ©ra Ă  l’Ă©paule avec des plans n’excĂ©dant pas les 5 secondes. Mais il a beau avoir cette manie, il la maitrise Ă  la perfection et nous ne sommes jamais perdus dans l’action. Au contraire, il arrive Ă  nous plonger dans une certaine tension Ă  l’abordage des pirates.

Si le film accuse un certain coup de mou au milieu (sur 2h15, difficile de tenir toute la distance), il repart tout de mĂŞme de plus belle ensuite pour ne plus nous lâcher jusqu’Ă  l’issue que connaitra le Capitaine Phillips. Et si l’on peut reprocher au rĂ©alisateur une approche parfois neutre en montrant des pirates en perte de leurs moyens et contraints eux-mĂŞmes Ă  vivre ainsi, cet aspect apporte alors aux « mĂ©chants » une certaine humanitĂ© et, en mĂŞme temps, une certaine imprĂ©visibilitĂ©, un mauvais coup pouvant partir sans prĂ©venir. Sans les rendre diaboliques mais en les comprenant, sans pour autant cautionner leurs actes, il se sert de ces personnages pour crĂ©er un vĂ©ritable suspense tout comme il se sert des militaires amĂ©ricains pour montrer les dĂ©rives de l’emploi de la force des amĂ©ricains.

Mais Ă  cĂ´tĂ© du rĂ©cit de Paul Greengrass et de son indiscutable maĂ®trise de la tension, impossible de faire l’impasse sur la performance au cordeau de Tom Hanks qui ne s’Ă©tait pas montrĂ© aussi juste et charismatique depuis longtemps. A croire que l’âge fait du bien Ă  l’acteur car il fait ici vĂ©ritablement preuve de caractère face aux pirates. Loin de subir les Ă©vĂ©nements comme dans ses nombreux films prĂ©cĂ©dents, il va ici se battre comme il peut pour sortir son Ă©quipage de cette galère et surtout sauver sa peau. Et son personnage est Ă©galement le vĂ©hicule d’une donnĂ©e que l’on avait peu dans le cinĂ©ma de Paul Greengrass jusqu’ici : l’Ă©motion. En effet, l’acteur se montre tellement convaincant dans les dernières scènes du film qu’il se dĂ©gage de sa prestation une vĂ©ritable intensitĂ© Ă©motionnelle et il ne serait donc pas Ă©tonnant (et il serait mĂŞme mĂ©ritĂ©) de retrouver Hanks nommĂ© aux oscars.

Thriller maritime sous une tension permanente, loin d’ĂŞtre bĂŞte, Capitaine Phillips, avec son formidable Tom Hanks est certainement l’un des derniers films Ă  pouvoir bien nous secouer avant la fin de l’annĂ©e alors autant en profiter.

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