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J.Edgar, critique

posté le 09/01/2012

Clint Eastwood s’intĂ©resse au patron mythique du FBI J. Edgar Hoover dans un portrait intimiste portĂ© par un DiCaprio magistral mais Ă  la rĂ©alisation fatiguĂ©e.

j edgar afficheAprès avoir superbement mis en scène sa propre mort dans Gran Torino et avoir très maladroitement regardĂ© Au-DelĂ , Clint Eastwood Ă©prouverait-il quelques regrets ? C’est en tout cas l’un des thèmes qu’il aborde en consacrant son nouveau film Ă  la personnalitĂ© de J. Edgar Hoover, mythique chef du bureau d’investigation le plus connu de la planète. Mais plutĂ´t que de nous offrir une fresque d’espionnage grandiose sur la construction du FBI et de ses secrets, Eastwood va s’intĂ©resser Ă  l’intimitĂ© de l’homme, discret mais au pouvoir immense.

AppuyĂ© par un Leonardo DiCaprio en perpĂ©tuelle course Ă  l’oscar, grandiose dans le rĂ´le titre, J.Edgar est construit, comme de nombreux biopics, sur une sĂ©rie de flashbacks. Hoover âgĂ© revoit sa vie, sa carrière et en dicte le rĂ©cit Ă  l’un de ses subordonnĂ©s. Une vie remplie d’interrogations et de zones d’ombres auxquelles l’homme ne rĂ©pond que partiellement, laissant ainsi l’image de cet esprit qui hante encore les bureaux du FBI.

Si vous espĂ©riez en savoir plus sur la genèse du FBI ou sur quelques affaires qui ont marquĂ© cette longue pĂ©riode pendant laquelle Hoover Ă©tait Ă  la tĂŞte du Bureau, vous risquez fortement d’ĂŞtre déçu. Très loin d’ĂŞtre un rĂ©cit retraçant une partie de l’histoire de l’espionnage,  J.Edgar s’intĂ©resse de manière très classique Ă  l’homme. Nous en saurons ainsi plus sur sa vie privĂ©e, pourtant discrète, que sur les grands secrets d’Ă©tat.
De la recherche de la fiertĂ© de sa mère Ă  sa relation inavouĂ©e avec son bras droit en passant par sa confiance totale en sa secrĂ©taire, le film parle plutĂ´t des relations qu’il souhaite dĂ©velopper le plus confidentiellement possible et de l’image qu’il va se construire plutĂ´t que des vĂ©ritables faits d’armes accomplis. Du coup, le rĂ©cit peine Ă  inscrire l’homme dans la grande histoire et Ă  faire ressentir au spectateur la subtile influence qu’il a pu avoir.

Ce manque d’ampleur, de chaleur mais aussi de rythme (parasitĂ© par ces incessants allers-retours dans le temps) font que, si l’histoire et la personnalitĂ© ambiguĂ« de l’homme ne nous intĂ©ressent pas, on risque vite de dĂ©crocher. De facture très classique (mais pas pour autant acadĂ©mique Ă©tant le style personnel d’Eastwood bien prĂ©sent), trop peut-ĂŞtre, J.Edgar ne dĂ©colle jamais vraiment. Si l’on perçoit bien tout l’intĂ©rĂŞt qu’Eastwood porte Ă  son personnage, celui-ci reste tout mĂŞme assez effacĂ© derrière la camĂ©ra et le magnifique travail sur la lumière de Tom Stern.

Il faudra en fait toute la puissance de jeu de Leonardo DiCaprio pour sortir le spectateur de la torpeur. L’acteur prend encore ici quelques risques et arrive Ă  dĂ©passer le maquillage (lorsqu’il incarne un Hoover âgĂ©) pour livrer une prestation dramatique du personnage. A la fois secret, menteur, manipulateur, froid et frustrĂ©, Hoover n’est pas forcĂ©ment prĂ©sentĂ© sous son meilleur jour et toutes ses failles, malgrĂ© tout humaines, sont ici rĂ©vĂ©lĂ©es. En cela DiCaprio est aidĂ© par un Armie Hammer au rĂ´le plus discret et effacĂ© mais nĂ©anmoins indispensable.

Si J.Edgar s’avère relativement dĂ©cevant (mais loin d’ĂŞtre inintĂ©ressant) par son sujet qu’il n’aborde qu’en surface avec une rĂ©alisation sans tension, le film s’avère toutefois un bel Ă©crin pour dĂ©montrer Ă  toute la palette de jeu de Leonardo DiCaprio encore parfait.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 10/01/2012 Ă  14:43 | #1

    J’ai peur d’ĂŞtre Ă  nouveau déçu par ce film. Eastwood se ramollit dangereusement.

  2. 22/01/2012 Ă  19:59 | #2

    Tout Ă  fait d’accord… La beautĂ© formelle cache un fond tristounet, Eastwood s’attardant trop sur l’homosexualitĂ© plutĂ´t que les zones d’ombre autrement plus intĂ©ressantes… 2/4