Source Code, critique
AprĂšs Moon, Duncan Jones donne la vedette Ă Jake Gyllenhaal dans Source Code. Et si le film n’arrive pas Ă la hauteur du premier, nous avons tout de mĂȘme droit Ă une sĂ©rie B maligne et efficace.
Avec son premier et excellent film Moon (injustement sorti directement en video dans nos contrĂ©es), Duncan Jones est dĂ©jĂ devenu l’un des rĂ©alisateurs les plus en vue d’Hollywood. Pas Ă©tonnant qu’on vienne dĂ©jĂ le chercher pour mettre en scĂšnes quelques projets. C’est donc Jake Gyllenhaal himself qui lui a prĂ©sentĂ© le scĂ©nario de Source Code afin qu’il le mette en scĂšne. Quand on voit les thĂ©matiques abordĂ©es dans le produit fini, on comprend alors tout l’intĂ©rĂȘt que lui a portĂ© le rĂ©alisateur.
Le pitch s’approche Ă premiĂšre vue de l’ArmĂ©e des 12 Singes ou d’Inception avec cet homme qui peut apparemment replonger dans le passĂ© pendant 8 minutes pour empĂȘcher qu’un attentat ne se produise Ă l’intĂ©rieur d’un train. Mais sans trop en rĂ©vĂ©ler, cette recherche du coupable n’est en fait que la porte d’entrĂ©e de l’histoire qui se rĂ©vĂšle finalement plus surprenante et avec un scĂ©nario bien plus malin que le pitch ne nous le laisse imaginer.
Ainsi, malgrĂ© un budget assez limitĂ© (cela se ressent de temps en temps mais ne nuit en aucun cas Ă l’intrigue), Duncan Jones arrive Ă maintenir le rythme Ă ne se rĂ©pĂšte Ă aucun moment alors que le hĂ©ros replonge sans arrĂȘt dans la mĂȘme scĂšne. Sans jamais faire preuve d’esbroufe, il garde le cap de son rĂ©cit et s’intĂ©resse mĂȘme plus Ă son hĂ©ros qu’Ă l’enquĂȘte. Ainsi, il n’est pas Ă©tonnant de deviner tout de suite qui est le poseur de bombe. Il est par contre plus intĂ©ressant de suivre le parcours de Jake Gyllenhaal qui Ă©volue de la mĂȘme maniĂšre que Sam Rockwell dans Moon. Une fois que l’on sait tout de l’histoire, on ne peut qu’ĂȘtre attentif Ă son sort et, sans verser dans le pathos, Duncan Jones atteint l’Ă©motion de maniĂšre bien plus subtile que dans bon nombre de films de SF.
Alors oui, le look peut paraitre un peu cheap par moments (surtout quand les effets spĂ©ciaux s’en mĂȘlent) et rapproche clairement le film de la bonne sĂ©rie B. Mais quand le film Ă©voque non seulement les voyages dans le temps ou les univers parallĂšles mais aussi la manipulation de l’identitĂ© d’un homme par un organisme (que ce soit une entreprise ou l’armĂ©e) pour le bien commun (Ă la maniĂšre de Moon), il arrive tout de mĂȘme Ă se placer au dessus du lot.
En fait, la principale chose qui peut dĂ©cevoir dans Source Code, ce n’est pas son rĂ©fĂ©renciel trop proche de Code Quantum qui est pleinement assumĂ© (un camĂ©o vocal de Scott Bakula tout de mĂȘme) mais son final qui est tout de mĂȘme en dĂ©calage avec le ton de plus en plus pessimiste qui se rĂ©vĂšle Ă mesure que l’intrigue avance. Si celui-ci avait Ă©tĂ© Ă©ludĂ© ou si Duncan Jones Ă©tait vraiment allĂ© au bout de son message, nous aurions sans doute vu bien plus qu’une sĂ©rie B et c’est bien dommage.
Au final, malgrĂ© tout le savoir-faire de Duncan Jones et une prestation impeccable de Jake Gyllenhaal, Source Code n’arrive pas au niveau de Moon. Mais il en rĂ©sulte tout de mĂȘme une sĂ©rie B de SF sans prĂ©tentions et bien plus intelligente et efficace qu’on ne pouvait l’espĂ©rer Ă©tant donner son sujet casse-gueule. Il ne reste maintenant plus qu’Ă donner Ă Duncan Jones les moyens de ses ambitions pour qu’il puisse vraiment nous montrer tout ce dont il est capable.
publié dans :Cinéma Critiques ciné
Excellente critique que je partage sur de nombreux points !
Personnellement j’ai trouvĂ© ce film brillant.
Contrairement Ă des films comme Inception ou Sucker Punch oĂč le metteur en scĂšne troublait volontairement le spectateur par des dĂ©tails qui remettent en cause la premiĂšre lecture du film, et qui finalement n’avaient pas de vraie explication puisque toutes les interprĂ©tations Ă©taient envisageables, Source Code a bien une et une seule explication.
ATTENTION SPOILERS ! Le scĂ©nario est trĂšs cohĂ©rent et trĂšs intelligent : il part du principe que l’inventeur du « code source » n’a pas mesurĂ© l’Ă©tendue de son invention, ni imaginĂ© Ă l’avance comment elle serait utilisĂ©e par le « cobaye » qu’est Colter Stevens : et justement, le seul qui ait vraiment expĂ©rimentĂ© l’invention, Ă savoir Colter, comprend que ce n’est pas qu’un aller-retour dans la mĂ©moire d’un individu, mais bien une rĂ©alitĂ© parallĂšle qui est crĂ©Ă©e Ă chaque fois qu’il est « projeté » par le « code source » Ă la place de Sean Fentress !
C’est comme si une nouvelle ligne de temps dĂ©butait Ă cet instant oĂč Colter « prend la place » de Sean, une ligne de temps dans laquelle il peut agir sur les Ă©vĂšnements… Une nouvelle rĂ©alitĂ©, diffĂ©rente Ă chaque « projection », qui prend fin quand le hĂ©ros est tuĂ© par l’explosion ou par le terroriste… mais qui ne prend pas fin, quand, Ă la toute fin du film, il sauve les passagers.
Je trouve que la fin a de la poĂ©sie en mĂȘme temps qu’un aspect dramatique, puisque Colter meurt Ă son ancienne vie pour en adopter une nouvelle, qu’il a voulue de toute sa volontĂ©, et que la Providence semblait lui destiner, puisqu’il avait des « flashs » de son futur en compagnie de la femme qu’il aime (« flashs » que l’on peut aussi expliquer par la physique quantique : voir sur mon blog !)
Je développe cette explication du film, qui pour moi est la seule explication possible et logique, sur mon blog : http://entre-deux-films.over-blog.com/article-source-code-decrypte-explication-de-la-fin-du-film-72666917.html
Je vous invite me lire đ
Cinéphilement vÎtre,
Je suis allĂ© voir « Source code » dont vous m’avez gracieusement offert les billets. Ce n’est peut-ĂȘtre pas le film de l’annĂ©e, mais ce film futuriste vous plonge dans les voyages dans le temps et, malgrĂ© les scĂšnes rĂ©pĂ©titives, est non seulement un bon divertissement mais Ă©galement assez captivant. Jake Gyllenhaal joue parfaitement son rĂŽle d’anti-hĂ©ros. Je n’ai pas vu le temps passer. Merci encore.
@Cinéman
merci pour ce point de vu trĂšs juste sur le sens du film đ AprĂšs le film a moins d’ambition qu’un Inception(ce qui n’enlĂšve rien Ă son intelligence) met c’est sans doute pour cela qu’il est plus plaire et cherche moins Ă crĂ©er l’interprĂ©tation
@Furst Gabrielle
Ravi que le film vous ai plu đ