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La trilogie du surhomme fou de Warren Ellis

posté le 03/05/2018

RĂ©flexion cinglĂ©e sur la crĂ©ation de surhommes censĂ©s protĂ©ger l’humanitĂ© qui tournent toujours mal, Black Summer, No Hero et Supergod de Warren Ellis sont maintenant regroupĂ©es dans un gros volume aussi fou et trash que passionnant.

Après une première publication il y a quelques annĂ©es par Milady Graphics, c’est le tout nouveau label Hi Comics qui a la bonne idĂ©e de regroupĂ©e la trilogie de Warren Ellis regroupant Black Summer, No Hero et Supergod. L’occasion d’en parler et surtout de ce procurer ce bon pavĂ© puisque c’est bien de la bonne came.

Il faut dire que quand on a dĂ©jĂ  un peut regardĂ© l’oeuvre de l’auteur britannique, il y a de quoi se rĂ©galer. Transmetropolitan, The Authority ou encore Planetary, voilĂ  autant de titres qui permettent de placer Warren Ellis aux cĂ´tĂ©s de ses compères Alan Moore ou Grant Morrison, s’intĂ©ressant toujours sur la dimension du super-hĂ©ros, des gouvernements cinglĂ©s et des secrets historiques. Après un passage sur l’univers ultimate de Marvel, c’est chez Avatar Press qu’il a conduit son ambitieux projet avec 3 courtes sĂ©ries aussi folles, trashs, impertinentes  les unes que les autres.

Black Summer

La première nous montre d’emblĂ©e un hĂ©ros tuer le prĂ©sident des Etats-Unis suite aux actes de guerres et mensonges qui ont Ă©tĂ© profĂ©rĂ©s. Ayant conduit lĂ  un acte irrĂ©parable, les anciens membres de son groupe, les Sept Armes, des personnes qui ont Ă©tĂ© « amĂ©liorĂ©es » pour lutter contre la corruption et les dĂ©lits vont donc ĂŞtre traquĂ© et vont devoir se dĂ©fendre dans un bain de sang alors que les militaires tentent de gĂ©rer tant bien que mal la situation.

ForcĂ©ment un hĂ©ros qui assassine le prĂ©sident d’entrĂ©e de jeu, ça pose les bases, et le scĂ©nariste n’y va pas de main morte sur les 8 chapitres du rĂ©cit, assez ramassĂ©s dans le temps. Tout est menĂ© Ă  un train d’enfer et l’urgence du rĂ©cit n’efface heureusement pas le discours et l’ampleur du contexte qu’il y a derrière. Alors parfois le trait de Juan Jose Ryp au dessin peut sembler surchargĂ© en dĂ©tails mais c’est aussi ce qui donne au rĂ©cit son cĂ´tĂ© schyzo.

No Hero

Et le cĂ´tĂ© cinglĂ© du dessin de Ryp correspond encore mieux au rĂ©cit suivant. Car cette fois, depuis des dĂ©cĂ©nnies, Carrick Masterson dirige une organisation de surhommes pour intervenir sur les diffĂ©rents points de conflits du monde. Et ces derniers le deviennent grâce Ă  une drogue, le FX7. Mais quand certains membres du groupe sont pris pour cible, il se met alors Ă  recruter un volontaire … mais sera-t-il capable d’endosser cette nouvelle responsabilitĂ© ? Et qui en veut Ă  cette organisation ?

Cette fois, Ellis explore donc la question de ce que l’on est prĂŞt Ă  faire pour devenir un super-hĂ©ros mais aussi comment une orgaisation composĂ©e de personnes aux capacitĂ©s exeptionnelles peuvent agir sur le monde. Un rĂ©cit toujours en 8 parties et toujours prenant et qui, il faut le dire donne quelques visions assez cauchemardesques pour le genre.

Supergods

Et dans la 3e sĂ©rie, plus courte (5 Ă©pisodes), Ellis passe Ă  la vitesse supĂ©rieure en s’intĂ©ressant Ă  une planète ravagĂ©e par les surhommes aux capacitĂ©s de dieux qu’on crĂ©Ă© les hommes pour dĂ©fendre leurs diffĂ©rents pays. Un rĂ©cit cette fois Ă  la première personne pour dĂ©crire la situation apocalyptique mais encore plus fascinante faisant des crĂ©atures de Frankenstein des divinitĂ©s surpuissantes et conscientes de leur potentiel pour qui les hommes ne sont que de la chair Ă  canon.

Cette fois c’est Garrie Gastonny au dessin pour apporter une dimension plus Ă©pique et mythique à l’histoire, appuyant ainsi la voix off par des visions surprenantes comme ce dieux Ă  trois tĂŞte et jambes de champignons. Le rĂ©cit s’interroge donc sur la puissance des armes crĂ©Ă©es par les hommes.

 

Ecrits au moments oĂą l’AmĂ©rique partait en guerre en Irak et oĂą les rĂ©percussions du terrorisme sur faisaient ressentir partout dans le monde, ces 3 histoires, au delĂ  de leur violence graphique et du divertissement proposĂ©, invite donc forcĂ©ment Ă  rĂ©flĂ©chir sur les actions menĂ©es par les gouvernements, Ă  la fois en façade mais aussi en coulisses avec ce qu’il faut de manipulation et de trahisons.
C’est clair, Warren Ellis n’y va pas avec le dos de la cuillère avec ces 3 rĂ©cits Ă©crits avec une rage et une libertĂ© totales et qui se permet Ă©normĂ©ment de choses. A tel point que la trilogie ne rassemble que des personnages antipathiques. Mais on dĂ©passera ce manque d’attachement par le ton cinglĂ© et le propos passionnant qui se cache derrière.

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