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Culte du dimanche : le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud

posté le 27/07/2014

Plongée au cœur du moyen-âge pour une enquête sombre parfaitement maîtrisée par Jean-Jacques Annaud et Sean Connery. Le Nom de la Rose est révélé dans le culte du dimanche.

Après la comĂ©die Coup de TĂŞte, le rĂ©alisateur Jean-Jacques Annaud commence Ă  se risquer dans des projets audacieux comme la Guerre du Feu. C’est assez naturellement qu’il se lance finalement dans le pari de l’adaptation du best seller du linguiste Umberto Eco qui Ă©tait presque rĂ©putĂ© inadaptable, le Nom de la Rose. Ne pouvant pas vraiment obtenir les fonds auprès des studios hollywoodiens qui ne comprennent pas le concept et ne pouvant pas se contenter de fonds français pour mener Ă  bien ce projet coĂ»teux, il s’agira de la première co-production internationale (Italie, France, Allemagne) du rĂ©alisateur (un format qu’il rĂ©utilisera rĂ©gulièrement pour gagner en autonomie pour ses films suivants et qui explique le temps passĂ© entre chacun de ses films).

Le Nom de la Rose nous plonge donc dans une sombre abbaye situĂ©e entre la France et l’Italie oĂą le franciscain Guillaume de Baskerville et son assistant viennent enquĂŞter sur les morts mystĂ©rieuses de certains moines. Des morts qui pourraient ĂŞtre liĂ©es Ă  un secret se cachant dans les fins fonds de l’abbaye. Mais l’enquĂŞte ne sera pas simple avec l’arrivĂ©e de l’inquisition et de certaines tentations qui pourraient mettre la foi des plus faible Ă  l’Ă©preuve.

L’intrigue du livre est donc adaptĂ©e (dès le gĂ©nĂ©rique, il est indiquĂ© qu’il s’agit d’un palimpseste et non d’une adaptation littĂ©rale) par le rĂ©alisateur pour obtenir un vĂ©ritable thriller mĂ©diĂ©val. La reconstitution est impeccablement poisseuse, n’hĂ©sitant pas Ă  explorer les ombres de la labyrinthique forteresse et Ă  proposer des scènes de meurtres particulièrement marquantes. Et plus l’enquĂŞte avance, plus nous comprenons que la recherche du coupable n’est pas forcĂ©ment le plus important dans l’histoire.

Car le scĂ©nario, en plus de s’intĂ©resser au failles de la foi reprĂ©sentĂ©es par le jeune assistant de De Baskerville (le dĂ©butant Christian Slater) et quelques autres moines plus ou moins bien intentionnĂ©s, va surtout s’intĂ©resser Ă  ce que reprĂ©sente la connaissance et ce qu’elle peut remettre en cause Ă  un âge oĂą la religion est de première importance. Loin d’ĂŞtre un simple thriller, Le Nom de la Rose replace alors des questions sur la religion, la tolĂ©rance et les failles de l’homme qui vont au delĂ  de l’enquĂŞte.

Il faut alors reconnaĂ®tre Ă  Jean-Jacques Annaud un vĂ©ritable savoir-faire pour nous plonger dans ce contexte, ce dĂ©cor unique et oppressant et cette enquĂŞte passionnante pendant plus de 2 heures. Avec un rythme soutenu qui ne sacrifie jamais l’intrigue et ses personnages, il enchaĂ®ne des sĂ©quences d’introspection comme de tension (le labyrinthe de la bibliothèque secrète est particulièrement oppressant).

Mais le film doit aussi beaucoup au charisme de Sean Connery. L’acteur qui a toujours conservĂ© l’œil malicieux de 007 a insistĂ© pour obtenir ce rĂ´le et il a bien fait car il nous permet de plonger vraiment aux cĂ´tĂ© de Guillaume de Baskerville dans cette enquĂŞte en plein cĹ“ur du moyen-âge. Faisant part de ses doutes et de son savoir, son personnage dĂ©gage tout le charisme nĂ©cessaire pour accrocher Ă  cette histoire. En face de lui on notera Ă©galement la prĂ©sence d’un Ron Perlman bossu qui renouvelle donc encore une fois sa collaboration avec Jean-Jacques Annaud après la Guerre du Feu.

Si les studios amĂ©ricains ne l’attendaient pas au tournant, Le Nom de la Rose aura crĂ©Ă© la surprise Ă  sa sortie, car malgrĂ© son sujet dĂ©licat et Ă  priori destinĂ© Ă  un public restreint, c’est un vĂ©ritable succès au box office avec près de 5 millions d’entrĂ©es en France et Ă©galement un succès auprès de la profession qui confirme le statut de rĂ©alisateur phare de Jean-Jacques Annaud avec un CĂ©sar du meilleur film Ă©tranger. Aujourd’hui encore l’enquĂŞte est toujours passionnante et la reconstitution n’a pas vieilli d’un poil, reflĂ©tant toujours ce moyen-âge sombre et rempli de questions. Un succès qui lui permettra de se lancer dans le pari encore plus fou que sera L’Ours.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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