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Ma vie avec John F. Donovan. Dolan perdu ?

posté le 16/03/2019

Le premier film américain du surdoué Xavier Dolan était attendu au tournant. Allait-il traverser la frontière et la barrière de la langue avec succès tout en restant fidèle à lui-même ? Ma vie avec John F. Donovan ne manque pas d’ambition mais a peut-être eu les yeux plus gros que le ventre.

10 ans après son premier film et 5 passages à Cannes, il était temps pour le prodige québecois Xavier Dolan de passer à un tournage américain. Et à moins de 30 ans, il n’aura eu aucun mal à convaincre un beau panel de talents à rejoindre ce nouveau projet. Kit Harington, Natalie Portman, Susan Sarandon, Kathy Bates, Thandie Newton, Ben Schnetzer, Jacob Tremblay et même Jessica Chastain qui sera finalement évincée du montage final (et qui ne lui en veut pas), voilà de quoi faire trembler même les plus expérimenter.

Un casting à la hauteur des ambitions du réalisateur qui plonge dans les affres de la célébrité. Il s’intéresse ici à l’acteur de série tv typique des 90’s qui entretien une relation épistolaire amicale avec le jeune Rupert Turner qui rêve d’être acteur, jusqu’à ce qu’il soit retrouvé mort.

Donovan perdu …

Le film est amorcé de manière plutôt classique avec l’interview du comédien devenu adulte, racontant alors sa vie et permettant ainsi de faire la liaison avec celle de John F. Donovan. Un procédé classique qui ne sert pas à grand chose sinon nous sortir d’un récit qui a déjà trop de choses à raconter et qui s’éparpille.

Xavier Dolan a eu du mal à finaliser le montage du film et cela se ressent tant le film se perd dans sa narration et survole du coup les thèmes qui sont pourtant forts. On passe ainsi d’une scène à l’autre sans vraiment explorer plus que cela les personnages qui restent des coquilles vides qu’ont voudrait connaitre plus en profondeur.

… et Dolan retrouvé

Et c’est bien dommage car le film a tant à raconter et à explorer tout en restant fidèle aux obsessions de son réalisateur. La relation mère-fils est ici doublement importante. Et puis il y aussi les doutes, les secrets (avec une beau traitement sur l’homosexualité cachée pour un acteur), les problèmes relationnels et introspectifs de l’acteur qui sentent bien le vécu et la connaissance des coulisses du cinéma. Dès thèmes abordés avec autant de sincérité que de rage et de nostalgie.

Même si il tente d’apporter à la narration une touche plus américaine et romanesque qu’il ne maîtrise pas toujours, Xavier Dolan reste toutefois fidèle à lui-même dans son traitement. Il pousse ainsi régulièrement les curseurs dans des disputes mère-fils presque hystériques en cadres serrés, ou de fabuleuses retrouvailles larmoyantes, le tout avec une BO des 90’s qui semble cliché mais apporte une touche personnelle supplémentaire.

Mais grâce aux performances des acteurs (même si Harington reste un peu trop monolithique) et surtout un savoir–faire, ce curieux mélange fonctionne tout de même. Ainsi le film parait plus ample qu’il n’est et, malgré ses défaut, nous laisse plonger dans son torrent contradictoire.

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