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Culte du dimanche : Alexandre

posté le 27/12/2015

Il arrive souvent que des films dĂ©cevants en salles trouvent une nouvelle vie quand nous avons enfin la possibilitĂ© de les retrouver dans leur version initialement vue par le rĂ©alisateur. C’Ă©tait le cas pour le Kingdom of Heaven de Ridley Scott, ce l’est Ă©galement pour le Alexandre d’Oliver Stone maintenant disponible dans un final cut Ă©pique et passionnant !

Après l’Enfer du dimanche sorti en 1999, Oliver Stone marque une pause pour se consacrer Ă  deux documentaires (sur la Palestine et Yasser Arafat et sur Fidel Castro) mais aussi pour prĂ©parer ce qu’il voit comme le plus grand film de sa carrière : Alexandre. En effet, cela fait très longtemps que le rĂ©alisateur controversĂ© cherche Ă  adapter la vie du plus grand et jeune conquĂ©rant de l’antiquitĂ©. Il faut dire qu’Alexandre le Grand a tout ce qu’il faut pour ĂŞtre un personnage fascinant, que ce soit sa filiation, son gĂ©nie militaire, son approche culturelle des peuple et son empire s’Ă©tendant jusqu’en Inde oĂą il trouvera enfin la dĂ©faite. C’est bien un personnage fort Ă  l’image de ceux que le rĂ©alisateur a dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© par le passĂ© et qui peut trouver toute sa dĂ©mesure sous la camĂ©ra du rĂ©alisateur de Tueurs NĂ©s.

Mais un film pareil n’est pas si simple Ă  monter, d’autant plus qu’Oliver Stone en a une vision particulière et sa personnalitĂ© et celle de son hĂ©ros vont avoir du mal Ă  convaincre les grands studios amĂ©ricains. Le film trouvera donc des financements partout dans le monde dont une partie chez Warner aux Etats-Unis et une autre chez PathĂ© pour la France. Cela n’empĂŞche toutefois pas les stars de s’investir dans le film avec un Colin Farrell alors en pleine ascension Ă  Hollywood dans le rĂ´le titre, Angelina Jolie dans celui de sa mère possessive, Val Kilmer (qui retrouve le rĂ©alisateur plus de 10 ans après the Doors) dans celui du père infidèle mais aussi Jared Leto en amant transi, Rosario Dawson en femme déçue ou encore Anthony Hopkins en narrateur.

Le film sortira sur les Ă©crans en janvier 2005 et les critique ne seront pas tendres. Il faut dire que le film est assez charcutĂ©. Vu comme un film boursouflĂ© qui oublie tout le gĂ©nie militaire d’Alexandre pour s’intĂ©resser Ă  son rapport ambivalent avec ses parents, personne n’accroche Ă  cette vision psychologique qui tranche avec les pĂ©plums vus depuis le retour du genre avec Gladiator. Trop long, trop de bavardage avec un montage linĂ©aire qui se rĂ©vèle sans surprise et est Ă  la limite de rendre le personnage lĂ©gendaire ridicule (tout le monde ne retient que la perruque blonde de Colin Farrell plutĂ´t que ses dĂ©bats intĂ©rieurs). L’Ă©chec au box office est monumental.

Mais qu’Ă  cela ne tienne, Oliver Stone aura quelque annĂ©e plus tard l’opportunitĂ© de sortir en vidĂ©o une version remontĂ©e du film (le revisited cut) qui obtient de bonnes critiques et se vend tellement bien que Warner offre au rĂ©alisateur l’opportunitĂ© de retoucher une dernière fois le film pour aboutir au montage qu’il avait bien prĂ©vu Ă  l’origine et qui, aujourd’hui, change bien toute la vision du film par rapport Ă  ce que l’on avait vu au cinĂ©ma, passant de pĂ©plum aux yeux plus grand que le ventre en vĂ©ritable spectacle Ă©pique sur l’un des personnages les plus fascinants de l’antiquitĂ© et donc seule et unique version Ă  voir.

En effet, le film est complètement rĂ©inventĂ© et rĂ©organisĂ©. La bataille de Gaugamèles se trouve maintenant dans le premier quart du film avec un montage beaucoup plus sanglant et Ă©pique qui montre bien tout le gĂ©nie militaire d’Alexandre. Puis le film s’organisera entre l’avancĂ©e du hĂ©ros en territoire perse, libĂ©rant les peuples et adoptant leurs cultures tout en dĂ©jouant les pièges politiques qui se tendent Ă  lui et en s’intĂ©ressant Ă  ses sentiments pour HĂ©phaistion puis sa femme Roxane, et des flashbacks sur son Ă©ducation, rĂ©pondant parfaitement Ă  ce qu’il vit actuellement. Ce parti pris audacieux permet d’avoir un rĂ©cit bien mieux rythmĂ© et rend le personnages bien plus intĂ©ressant et dĂ©voilant ses facettes au fur et Ă  mesure, jusqu’Ă  sa grande chute en Inde lors d’une bataille qui virera littĂ©ralement au rouge sang.

Cette vision audacieuse et ambitieuse d’Alexandre le Grand est donc maintenant bien Ă  la hauteur du personnage et le film, complètement diffĂ©rent, retrouve toutes ses lettre de noblesse. Avec tout ce travail accompli, Oliver Stone peut maintenant ĂŞtre heureux d’avoir rĂ©alisĂ© le biopic qu’il souhaitait et qu’il peut enfin offrir au public et rester culte !

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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