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Culte du dimanche : The Wall

posté le 19/06/2011

the wall pink floyd culte

Avec l’approche de la fĂŞte de la musique et la tournĂ©e Ă©vĂ©nement de Roger Waters en ce moment, il Ă©tait bien entendu impossible de ne pas Ă©voquer le film musical et culte des Pink Floyd : The Wall.

the wall afficheEn 1979, les lĂ©gendaires Pink Floyd sortent un nouvel album. Un album concept sombre intitulĂ© The Wall et traitant de l’isolement et de la schizophrĂ©nie. Un vĂ©ritable opĂ©ra rock menĂ© par la plume d’un Roger Waters dont l’entente avec David Gilmour ne cesse de se dĂ©tĂ©riorer. Dans une folie assez mĂ©galo mais Ă´ combien artistique, The Wall n’est pour lui pas seulement un album mais un vĂ©ritable spectacle, une histoire Ă  montrer sur diffĂ©rents supports.
C’est ainsi que le groupe dĂ©bute une sĂ©rie de concerts ambitieux au cours desquels il sera sĂ©parĂ© du public par un mur se construisant petit Ă  petit, racontant ainsi toute l’histoire de l’album sur scène. Étant donnĂ© les frais engagĂ© dans ces spectacles, peu de dates sont prĂ©vues. Ainsi, pour que tout l’esprit de l’album soit compris et ressenti par tout leur public, les Pink Floyd dĂ©cident d’en faire un film.

C’est ainsi qu’Alan Parker se retrouve Ă  devoir faire face Ă  l’Ă©go de Roger Waters. Le rĂ©alisateur est idĂ©al pour ce projet. En effet, il a dĂ©jĂ  dĂ©montrĂ© son savoir faire psychologique sur Midnight Express (et Birdy qui suivra) et a montrĂ© sa bonne gestion des sĂ©quences musicales sur Fame. EngagĂ©, Alan Parker va donc porter l’univers des Pink Floyd en mettant en avant une lutte schizophrène pendant tout le film. Il s’associe Ă©galement au caricaturiste Gerald Scarfe pour superviser les hallucinantes et dĂ©rangeantes sĂ©quences animĂ©es, donnant au film sa tonalitĂ© de dĂ©mence sur la musique des Pink Floyd.

Roger Waters Ă©crit donc le scĂ©nario de The Wall pour mettre en images les musiques de l’album. Nous allons apprendre Ă  connaitre le jeune Pink, Ă©levĂ© sans père, par une mère possessive et qui va tomber peu Ă  peu dans la folie. Car ce n’est pas son passage Ă  l’Ă©cole proposant une Ă©ducation formatĂ©e puis son statut de guest-star qui vont le rendre plus stable.
Oui, The Wall est un peu l’auto-biographie de Roger Waters, son introspection par laquelle il cherche donc sa rĂ©demption. Car le musicien reconnait volontiers s’ĂŞtre coupĂ© de son public Ă  mesure que le succès du groupe prenant de l’ampleur. Dans le film, c’est le chanteur Bob Geldoff qui interprète un Pink Ă  fleur de peau, sombrant toujours plus dans la dĂ©chĂ©ance.

Ainsi, chaque Ă©lĂ©ment de la vie de Pink construit petit Ă  petit un mur qui va le dĂ©tacher de la rĂ©alitĂ©. De l’omniprĂ©sence de la mère Ă  un professeur violent, en passant par ses problèmes de couple tout le mènera ensuite Ă  prendre son public pour des lĂ©gions de soldats dignes des plus grandes dictatures. Il commence Ă  fuir tout ce qui peut ĂŞtre Ă©tranger Ă  lui, Ă  sa pensĂ©e dĂ©formĂ©e, Ă  l’univers qu’il se crĂ©Ă© et qui se referme sur lui.
De l’enfermement Ă  la drogue en passant par les rĂ©gimes politiques extrĂŞmes ou l’Ă©ducation qui fait perdre toute personnalitĂ©, The Wall se prĂ©sente comme une Ĺ“uvre complète et fascinante sur la perception du monde par un artiste en perte de repères.

The Wall Pink Floyd

Les sĂ©quences animĂ©es sont aussi indissociable du film que de la musique. En effet, Gerald Scarfe qui a crĂ©Ă© la pochette de l’album va parfaitement intĂ©grer dans le film des images de cauchemar qui reprĂ©senteront toute l’absurditĂ© de ce monde Ă©trange et malsain qui se dĂ©veloppe dans l’esprit de Pink, jusqu’Ă  un procès oĂą le grotesque le dispute Ă  la monstruositĂ© de cette lutte intĂ©rieure. Il n’y a qu’Ă  voir cette sĂ©quence oĂą le ballet sexuel de deux fleurs devient un carnage, ou ce dĂ©filĂ© de marteaux rappelant bien entendu les dĂ©filĂ©s nazis pour s’en convaincre.

The Wall Bob Geldoff

The Wall est certainement l’un des films traitant le thème de la folie de la manière la plus ambitieuse qui soit. Alan Parker et Roger Waters n’y vont pas par quatre chemins et vont au bout de toutes leurs idĂ©es de mise en scène et d’illustration de la schizophrĂ©nie et de la mĂ©galomanie de son personnage principal.
Une histoire très noire et violente psychologiquement mais incroyablement fascinante où les mots laissent leur place aux chansons des Pink Floyd
. Celles-ci sont d’ailleurs aujourd’hui  indissociables du film. Impossible d’Ă©couter aujourd’hui  Another brick in the wall sans penser Ă  cette marche des enfants masquĂ©s vers l’uniformisation des esprits. Cette fusion entre la puissance de la musique et des images est un vĂ©ritable uppercut pour le spectateur qui est basculĂ© entre les Ă©motions les plus contradictoires.

MĂŞme sans ĂŞtre fan des Pink Floyd, The Wall raconte tellement d’autres choses qu’il est donc impossible de ne pas en ressortir bousculĂ©. Alan Parker et Roger Waters y racontent plus que la mĂ©galomanie d’un homme, tout le dĂ©sespoir d’une gĂ©nĂ©ration abandonnĂ©e Ă  elle-mĂŞme, en quĂŞte de reconnaissance. Avec la musique d’un groupe culte et les images de personnes engagĂ©es, il ne pouvait en ressortir qu’une Ĺ“uvre atypique, forte et folle. The Wall l’est assurĂ©ment.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 24/06/2011 Ă  15:24 | #1

    Excellente analyse.
    FĂ©licitations !

  2. FredP
    25/06/2011 Ă  19:42 | #2

    Merci, ravi que l’article vous ai plu 🙂