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Culte du dimanche : Ben-Hur

posté le 23/10/2011

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A l’occasion de sa sortie en blu-ray, revenons aujourd’hui sur le monumental Ben-Hur qui a fait de Charlton Heston une lĂ©gende du cinĂ©ma amĂ©ricain. C’est certain, après ce pĂ©plum aux proportions titanesques, plus rien ne sera comme avant Ă  Hollywood.

ben hur afficheIl Ă©tait une fois un studio, MGM, qui s’apprĂŞtait Ă  mettre la clĂ© sous la porte (dĂ©jà  Ă  l’Ă©poque). Ne voulant pas partir dans l’obscuritĂ©, ses dirigeants tentent alors leur dernier coup : rĂ©aliser le film le plus cher de l’histoire du cinĂ©ma (Ă  l’Ă©poque), un film qui marquera les esprits autant par le grand spectacle qu’il imposera que par les thèmes qu’il abordera. C’est donc sur le rĂ©cit de Ben-Hur que va se pencher le studio. Peu de risques de ce cĂ´tĂ©, l’histoire adaptĂ©e du roman de Lew Wallace a cartonnĂ© pendant 20 ans Ă  Broadway et a fait l’objet de deux adaptations cinĂ©ma (dont une muette en 1925 qui avait dĂ©jĂ  un certain goĂ»t pour le grandiose). Et comme en plus le cinĂ©ma hollywoodien baigne Ă  cette pĂ©riode dans les rĂ©cit bibliques (le triomphe des Dix Commandements), Ben-Hur, sa vision du Christ et son message sur le pardon semblent tout indiquĂ©s pour ramener du monde dans les salles.

DĂ©sirant s’aventurer dans une fresque comme seul Cecil B. DeMille en avait le secret, William Wyler prend les commandes du projet. Et face au nombre record de rĂ©compenses du rĂ©alisateur, le studio devait dĂ©jĂ  se frotter les mains en pensant Ă  la future cĂ©rĂ©monie des oscars. C’est donc parti, après 40 versions de scĂ©nario possibles, pour un tournage titanesque dans les studios italiens de Cinecitta. Des dĂ©cors monumentaux seront construits comme l’immense stade prĂ©vu pour la course de chars ou encore le bassin dans lequel le rĂ©alisateur a pu filmer les galères. Une chose est sĂ»re, le rĂ©alisateur va arriver Ă  mener Ă  bien un films aux proportions gigantesques de bout en bout sans oublier l’humain, mĂŞlant ainsi adroitement la petite et la grande histoire.

Mais avant tout, rappelons-nous un peu de ce qu’est l’histoire de Ben-Hur. A l’aube de la chrĂ©tientĂ©, alors que JĂ©sus prĂŞche la bonne parole avant la crucifixion, le prince de JudĂ©e Judah Ben-Hur retrouve son ami d’enfance Messala devenu lui tribun de Rome, commandant aux armĂ©es en place en JudĂ©e. Mais malgrĂ© toute l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre, leur loyautĂ© envers leurs peuples respectifs ne peuvent alors plus faire d’eux des amis. Et lorsqu’un accident arrive, manquant de tuer le gouverneur romain, Messala n’hĂ©site pas Ă  exiler Ben-Hur et Ă  mettre sa mère et sa sĹ“ur au cachot. Ben-Hur jure alors de revenir se venger.

Ainsi, le rĂ©cit dĂ©gage des thèmes forts et intimistes comme cette amitiĂ© trahie, ensuite reprĂ©sentative de la lutte entre deux peuples et deux idĂ©aux. Cet aspect intime est d’ailleurs renforcĂ© par la photographie du film qui n’hĂ©site pas Ă  jouer sur les ombres (en particulier cette reprĂ©sentation de la mère et la sĹ“ur touchĂ©es par la lèpre) et cadrages proches des acteurs, rĂ©vĂ©lant ainsi tout le jeu intense de Charton Heston et Stephen Boyd. William Wyler arrive ainsi Ă  nous intĂ©resser aux personnages et Ă  nous entraĂ®ner dans une histoire plus grande, plus Ă©pique.

A ce titre, il est impossible de ne pas Ă©voquer la lĂ©gendaire course de chars de Ben-Hur. Par l’ampleur du dĂ©cor, son dĂ©coupage et son rĂ©alisme (Heston ne fut doublĂ© qu’Ă  de rares instants), elle est depuis restĂ©e dans les anales du cinĂ©ma et est mĂŞme devenue une rĂ©fĂ©rence (Star Wars Episode 1 en est la plus cĂ©lèbre dĂ©clinaison). Pendant plus d’une vingtaine de minutes on reste accrochĂ© Ă  son fauteuil avant de voir Ben-Hur en sortir grand vainqueur, au prix de la vie de son ami d’enfance Ă  qui il finira par pardonner.
Mais cette course n’est pas le seul grand moment de Ben-Hur et l’on retiendra Ă©galement facilement la sĂ©quence de la galère. Un moment Ă©touffant que le spectateur partage avec les esclaves qui rament pour leur vie au rythme qui s’accĂ©lère sous les ordres romains.

Mais face au cĂ´tĂ© Ă©pique qui Ă©tait sĂ»r de rencontrer le succès, il y a un sujet plus casse-gueule qui occupe tout le film. En effet, la dimension religieuse est omniprĂ©sente. De la naissance du Christ Ă  sa crucifixion, le parcours de Ben-Hur croisera Ă  deux reprises la vie de JĂ©sus. Un pari risquĂ© pour Wyler qui choisi de ne jamais montrer le visage du fils de Dieu, prĂ©fĂ©rant montrer la rĂ©action du public Ă  son apparition. Cet aspect religieux fortement prononcĂ© peut ainsi facilement braquer les spectateurs, pouvant prendre cela pour de l’endoctrinement. Mais au fond, le message est simple et reste une simple incitation au pardon, le pardon Ă  un ami pour nous avoir trahi.

Évidemment, avec un budget de production aussi pharaonique, il Ă©tait indispensable pour la MGM de rentrer dans ses frais. Elle a donc tout fait en terme de marketing (Charlton Heston prĂ©sent dans les files d’attente, …) pour que le film soit un succès. La suite, on la connait, le film devient une lĂ©gende, le plus gros succès au box-office de tous les temps pour l’Ă©poque et un triomphe aux Oscars, remportant 11 statuettes (dont meilleur film, rĂ©alisateur, acteur, musique, …) sur 13 nominations (record jamais surpassĂ© et Ă©galĂ© seulement par Titanic et le Retour du Roi). Impossible dĂ©terminer l’influence qu’a pu avoir le film sur les gĂ©nĂ©rations suivantes mais c’est bien de lĂ  qu’Hollywood tient son envie d’aller vers des films toujours plus grandioses.

Aujourd’hui, grâce Ă  Warner, le film sort donc en blu-ray dans une version entièrement restaurĂ©e (la plus chère de l’histoire) pour rendre au film sa gloire d’antan. Le travail qui a Ă©tĂ© fait sur les images est impressionnant pour un film de cette Ă©poque et on s’aperçoit alors que le film vieilli plutĂ´t bien. On pourra juste reprocher la qualitĂ© du son qui, partant d’une bande mono, n’arrive pas Ă  se montrer pleinement Ă  la hauteur dans les scènes Ă©piques. Mais en plus du film qui prend la place de deux disques dans le magnifique coffret mĂ©tal, on peut aussi dĂ©couvrir un livret photo et un 3e bluray bardĂ© de bonus.
Ainsi on y retrouve le Ben-Hur muet et noir et blanc (avec quelques colorisations) de 1925 qui n’a rien Ă  envier Ă  la version de Wyler, en particulier pour sa course de chars, un documentaire d’1h20 sur la vie de Charlton Heston pendant le tournage de Ben-Hur, un second documentaire d’une heure sur l’impact de Ben-Hur Ă  Hollywood et un troisième documentaire sur le tournage du film. Ajoutez Ă  cela quelques curiositĂ© comme des essais des acteurs (on y retrouve Leslie Nielsen dans le rĂ´le de Messala), des journaux d’Ă©poque, des extraits de la cĂ©rĂ©monie des oscars, … Bref, que des bonus intĂ©ressants. Et pour finir, vous aurez aussi dans le coffret le film sur 2 dvd et un CD de la bande-orignale du film composĂ©e par MiklĂłs RĂłzsa. Bref, un coffret aussi grandiose que la lĂ©gende du film.

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