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Sicario – la guerre des cartels, critique

posté le 27/06/2018

Après le choc de Villeneuve, la lutte contre la mafia mexicaine continue avec Sicario, la guerre des cartels. Servi par de nouvelles séquences choc, l’intrigue nébuleuse s’ouvre-t-elle enfin au spectateur ?

Il y a 3 ans, avec Sicario présenté au festival de Cannes, le québécois Dennis Villeneuve marquait de son empreinte de le film de cartels. L’intrigue noueuse écrite par le sang de Taylor Sheridan et la mise en scène coup de poing en faisaient un véritable choc même si il pouvait nous perdre en chemin.

Mais avec une intrigue ouverte et des personnages qui ont gardé toute leur aura mystique, il n’est pas forcément étonnant qu’il y ait une suite. Toujours écrite par Sheridan (qui est passé entre temps derrière la caméra avec le très bon et glacial Wind River), cette fois c’est l’italien Stefano Sollima qui récupère le bébé. Il faut dire qu’il est lui aussi habitué au genre puisqu’il nous avait offert ACAB, Suburra ou encore la série Gomorra. De quoi prévoir un nouveau coup de poing.

Et c’est le cas dès l’ouverture du film avec un attentat perpétré dans un supermarché de la frontière mexicaine avec un sang froid qui cloue sur place. Cette attaque n’est que le prétexte pour l’agent fédéral Graver (Josh Brolin toujours aussi grave) pour lancer une opération et kidnapper, avec l’aide du mystérieux Alejandro (Benicio Del Toro), la fille d’un grand mafieux et déclencher ainsi la guerre des cartels. Mais rien ne va se dérouler comme prévu.

Day of the Soldado

Autant le dire tout de suite, le titre français « la guerre des cartels » est relativement erroné car si les acteurs cherchent ici à la déclencher, c’est surtout le titre original qu’il faut prendre en compte. « Day of the Soldado » est en effet plus adapté à deux aspects importants du film. Le premier est le soldado Alejandro sur qui le film s’attarde bien plus. Tiraillé entre son passé et la vengeance qu’il veut appliquer et l’innocence de cette jeune fille qu’il faut faire taire, le personnage révèle une petit part de lui et Benicio Del Toro propose encore un jeu tout en intériorité qui bénéficie de son charisme animal.

L’autre soldado est un jeune qui cherche à se faire du fric et à devenir sicario. C’est ici un nouveau point de vue qui nous permet de comprendre par bribes (puisque Sheridan reste toujours sur un mystère sourd sur l’ensemble de sa mythologie) comment fonctionnent les cartels pour recruter très jeune et du côté américain de la frontière et comment se passe le boulot des passeurs.

La tension, en permanence

Ces aspects sont intéressants dans le films et son appuyés par une tension permanente. Car, comme on le voyait déjà dans le premier film, les cartels sont partout, même au sein de la police et il est difficile de se fier à qui que ce soit. Cela donne alors à nouveau des séquences de fusillade violentes et tendues mises en scène avec un vrai savoir faire, d’autant que la bande-son nous plonge vraiment dedans.

Cependant cette tension est instituée tout au long du film par la BO lancinante de Hildur Guðnadóttir (violoncelliste du regretté Jóhann Jóhannsson qui avait composé le 1er film) qui peut aussi avoir tendance à tout uniformiser à la longue et ne pas mettre en lumière de séquence spécifique. Ainsi l’atmosphère nous happe directement mais peut lasser au bout d’un moment. Surtout quand, dans le dernier tiers un rebondissement digne d’un Marvel dédramatise l’aridité d’un meurtre, ce qui est fortement dommage mais on espère que cet événement sera traité dans une suite (déjà en réfléxion) comme la vengeance d’un ange de la mort.

Pour ce 2e volet de Sicario, Stefano Sollima prend donc dignement la relève du film de Villeneuve même si il y a certains automatisme qui peuvent un peu nous endormir et certains choix de script pour la première fois douteux chez Sheridan. Reste à savoir comment se poursuivra cette histoire de cartels dans un prochain volet.

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