Le Jeu, critique
Comédie adulte et acerbe, le Jeu va faire autant rire que faire grincer des dents u même faire pleurer. Oui, le film, sous ses airs de comédie populaire se révèle suffisamment riche pour surprendre, et dans le paysage du cinéma français actuel, c’est bienvenu.
De Fred Cavayé, on avait surtout noté son efficace trilogie de thriller d’action Pour Elle, A bout portant et Mea Culpa. Puis on l’a perdu de vue quand il s’est rapproché d’un Dany Boon Radin. C’est donc avec plaisir qu’on le retrouve pour un autre aspect de la comédie franchouillarde mais qui, soyons honnêtes, nous intéresse plus que les booneries. On parle bien sûr de la comédie de groupe, d’acteurs et presque de théâtre.
Car le réalisateur s’attaque au remake français du phénomène italien Perfetti sconosciuti, déjà adapté en Espagne l’année dernière par Alex de la Iglesia. Une soirée entre amis qui se passait presque bien, va connaitre un tournant particulier quand il vont se mettre à jouer à un jeu. Tous les portables sur la table et tous les messages reçus seront lus à haute voix. Inutile de dire que bons nombre de secrets risquent de voler en éclat.
Si le principe du jeu est discutable car forcément l’intrigue va devoir donner lieu à des cachoteries pas très reluisantes de tous les côtés (sinon bonjour l’ennui si c’est pour passer le film à attendre un SMS de la facture Orange du mois), on passe très vite sur ce postulat ridicule pour se concentrer sur les personnages et ce que le réalisateur a à nous dire.
Construit à la fois comme une pièce de théâtre en huis-clos mais avec un rythme de thriller (et en soi, la maitrise dans ce domaine du réalisateur est bienvenue), est d’une redoutable efficacité pour balancer des révélations sur ses protagonistes. En ce sens, la bande-annonce n’a heureusement pas montré l’essentiel du film. Tout cela va entraîner son lot de disputes pour cause de tromperies …
Plus que des rires
L’idée de couple en prend donc pour son grade, mais celle de l’amitié et de la parentalité est aussi mise à rude épreuve. Car non seulement on va rire des frasques de certains vont déchaîner les rires, mais d’autres moments seront plus poignants ou encore révoltants. A tel point que lorsque le film aborde l’homosexualité, ce sont plus les rires de la salle qui vont engendrer le malaise, plutôt que le traitement sérieux et honorable avec du recul qu’a le film.
Il faut dire qu’avec un montage exemplaire qu’on n’oublie pas quelques réactions, le réalisateur peut s’appuyer sur une troupe de comédiens en or, complémentaires et passant du rire aux larme avec une facilité déconcertante. On retiendra pour rire toutes les fausses excuses médicales de Roschdy Zem et la folie de Suzanne Clément. Mais ce sont surtout le côté ingénue de Doria Tillier et l’émotion délicate de Stéphane de Groodt qui vont surprendre. Sans oublier les partitions justes et attendues de Bérénice Béjo, Gregory Gadebois et Vincent Elbaz.
Ainsi Le Jeu part du postulat d’une simple comédie pour faire voler en éclat l’image idéale des couples et de l’amitié à coup de vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire. C’est souvent drôle, parfois brutal, assez émouvant et ça fait réfléchir sur les secrets que l’on garde dans notre téléphone mais plus largement dans notre vie. Bref, c’est réussi !
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