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Halloween 2018, critique

posté le 27/10/2018

Michael Myers est de retour et Jamie Lee Curtis est prĂŞte Ă  en dĂ©coudre. VoilĂ  donc le revival de Halloween et contre toute attente, c’est particulièrement rĂ©ussi, brutal et intelligent !

Après un premier volet qui a fait exploser la carrière de John Carpenter et a rĂ©volutionnĂ© le visage du cinĂ©ma d’horreur (on en parlait rĂ©cemment dans le podcast C’est Super Culte dĂ©diĂ© et aussi dans le culte du dimanche), la saga Halloween a connu bien des travers. De la tentative de volet indĂ©pendant sans Michael Myers (le 3), au reboot trash et craspec par Rob Zombie en passant par l’incursion d’une secte dans l’histoire et du revival slasher post-Scream des 90’s, Michael Myers sera passĂ© par tous les Ă©tats.

Mais Ă  l’aube de son 40e anniversaire et après 9 ans d’absence, ce n’Ă©tait qu’une question de temps avant que la franchise ne soit une fois encore ressuscitĂ©e. Et les diffĂ©rentes annonces autour du projet soufflaient le chaud (le retour de Jamie Lee Curtis et John Carpenter, Jason Blum Ă  la production) et le froid (David Gordon Green capable du bon Prince of Texas comme du raté Sa MajestĂ© derrière la camĂ©ra, Danny McBride au scĂ©nario, Jason Blum Ă  la production et l’ignorance totale de la saga pour se construire en seule suite du volet inaugural du maĂ®tre de l’horreur). Et mĂŞme si les bandes-annonces Ă©tait assez rassurantes, on ne savait pas trop ce que ça allait finalement donner.

Retour Ă  Haddonfield

Et pourtant, on doit le dire d’emblĂ©e, le film fonctionne très bien. MĂŞme si le film commence par citer le remake de Rob Zombie avec son dĂ©cor de prison oĂą est dĂ©tenu Michael Myers, le rĂ©alisateur prend systĂ©matiquement Ă  contrepied ce qui peut ĂŞtre attendu de ces rĂ©fĂ©rences. Ainsi, mĂŞme si il est dit qu’il efface clairement toutes les suites du chef d’oeuvre de Carpenter (et par lĂ -mĂŞme le lien de parentĂ© ridicule entre Michael Myers et Laurie Strode), il se prĂŞte habilement Ă  la rĂ©fĂ©rence discrète pour les connaisseurs.

Il en rĂ©sulte donc une sorte de remake parfois dĂ©guisĂ© avec la reprise de l’Ă©vasion, les rues d’Haddonfield et de certains meurtres. Mais les auteurs vont heureusement bien plus loin que ça. Contrairement Ă  de nombreux rĂ©alisateurs qui avaient pris la suite de Carpenter sans comprendre cette idĂ©e d’ombre et de mal absolu et incompris, ici elle est parfaitement intĂ©grĂ©e et Ă©volue mĂŞme avec une dimension de terroriste intĂ©rieur dans une AmĂ©rique qui se replie sur elle-mĂŞme. Son aura est donc renforcĂ© et sa brutalitĂ© froide et cruelle, sans remord colle des frissons.

Rarement le film joue le second degré et David Gordon Green assume pleinement le côté primaire de son récit et de sa mise en scène, offrant au spectateur des mises à mort marquantes et habilement travaillées. Les frissons sont ici authentiques. Alors certes, certains passages ne vont pas au bout de leurs idées (la trame du psy et du shérif Hawkins), mais cela donne du corps au film.

L’ombre et la proie

Et puis il y a la prĂ©sence de Laurie Strode. Un retour mĂ©connaissable pour Jamie Lee Curtis qui campe une ancienne victime âgĂ©e, parano, au bout du rouleau et qui ne dĂ©sire finalement qu’une chose, sa revanche. L’intrigue joue alors sur le concept du traqueur et de sa proie (changeant Ă  tour de rĂ´le) dans un cadre claustrophobe avec une efficacitĂ© redoutable.

Ce face Ă  face attendu permet alors, après l’AmĂ©rique refermĂ©e et arme au poing, de s’ancrer dans une autre thĂ©matique d’actualitĂ©, celle du mouvement #MeToo. Car cette fois, si il y a effectivement des femmes victimes, la lignĂ©e Strode ne va pas se laisser faire par l’homme menaçant et harceleur, qui les poursuit depuis 40 ans. L’heure de la revanche a sonnĂ© au point de brĂ»ler tout ce qui reprĂ©sente cette agression de manière libĂ©ratrice. Une vision passionnante de ce combat.

Bref, vous l’aurez compris, ce retour de Michael Myers est une vĂ©ritable rĂ©ussite. Gordon Green respecte autant l’hĂ©ritage de Carpenter qu’il l’inscrit dans l’AmĂ©rique d’aujourd’hui avec la complicitĂ© de Jamie Lee Curtis, particulièrement impliquĂ©e. Un jeu cruel qui va rĂ©galer les mordus d’horreur.

 

 

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