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Star Wars – Les Derniers Jedi, critique

posté le 12/12/2017

Après le Réveil de la Force, il est temps pour les Derniers Jedi de se révéler dans le 8e épisode de la saga Star Wars. Et pour marquer les esprits, sans trop en dire, Rian Johnson emmène les nouveaux personnages sur des terrains inattendus pour un film aussi déroutant que passionnant !

Pour son retour sous l’égide Disney, la saga Star Wars avait misé sur la sécurité en recyclant de manière efficace les ingrédients de la trilogie originale. JJ Abrams n’avait pas pris de risques mais installait tout simplement de nouveaux personnages et un nouveau contexte qui donnaient tout de même envie d’en savoir un peu plus.

Mais pour la suite des aventures intergalactiques les plus populaires du cinéma, Lucasfilm ose faire appel à un auteur à part entière (puisqu’il va non seulement être derrière la caméra mais aussi l’écrire entièrement) en la personne de Rian Johnson. Le réalisateur du plus que malin Looper se voit confier les rênes d’un épisode qui n’est pas facile à mener puisqu’étant le milieu d’une trilogie dont le début et la fin sont orchestrés par Abrams. A lui de reprendre donc les personnages installés et de les mener à un point où ils pourront être récupérés tout en tentant d’imposer son style.

On peut dire que Johnson s’en tire très bien. Car en récupérant les éléments du Réveil de la Force, il fait aussi le tri pour enfin lancer véritablement la saga. Et pour la première fois, un épisode prend la suite directe du précédent en restant sur une période d’action ramassée dans le temps. Rey rencontre donc Luke Skywalker alors que les forces du Premier Ordre vont poursuivre la Résistance. Le contexte est donc plutôt similaire à l’Empire contre-attaque avec des personnages éclatés sur différentes missions et apprentissages. On y retrouve d’ailleurs même un casino (seul côté un peu raté du film) et un personnage ambigu campé par Benicio Del Toro.

Et pourtant la comparaison s’arrêtera là car pour tout le reste, le réalisateur a choisi de dynamiter complètement la saga tout en la respectant. Ainsi, les leçons de Luke ne seront pas celles que l’on attendait, il y a un style d’humour qui n’avais pas encore été vu dans la saga et la frontière entre le bien et le mal va être coupée au sabre laser pour montrer une réalité plus complexe que le manichéisme de la trilogie originale.

C’est d’ailleurs bien pour cela que la relation entre Rey et Kylo Ren va l’intéresser particulièrement. Les deux personnages ayant un attrait pour la force sont donc l’élément central du récit que le réalisateur orchestre plutôt bien, en profitant pour interroger les spectateurs sur la notion de bien et de mal, sur la filiation et le partage du savoir, sur la croyance dans les mythes et les récits. Un aspect véritablement passionnant mené par une Daisy Ridley qui confirme tout son charisme alors qu’Adam Driver a enfin de quoi jouer.

L’autre atout concerne le pilote fougueux Poe Dameron (Oscar Isaac) qui a cette fois plus de temps à l’écran et une évolution au potentiel intéressant en apprenant aux côtés de Leia. Par contre heureusement que l’inutile Finn est entouré d’un nouveau personnage féminin de caractère et de BB-8 pour gagner un peu en intérêt. L’ancien stormtrooper n’est décidément pas exploré et on sent bien qu’il pourrait être mis de côté sans que l’on s’en aperçoive.

Mais cette nouvelle génération ne peut de toute façon pas prendre toute la place pour s’imposer tant que les anciens sont là. Et Leia (magique Carrie Fisher) comme Luke (étonnant Mark Hamill) sont donc les deux personnages remplis de sagesse qui doivent tous deux apprendre à une nouvelle génération à faire attention à son impulsivité. Remplis d’une classe et d’une profondeur folle, les jumeaux Skywalker ont évidemment les scènes les plus marquantes du film, à la hauteur de l’aura de leurs personnages.

Si le réalisateur arrive à bien utiliser ses personnages, il met tout cela dans une histoire qui sera aussi remplie de surprises qu’elle sera dense. Il y a donc pléthore d’informations et d’action tout au long des 2h30 qui en font un épisode central pour lancer toute la suite de la saga sur un nouveau ton. Et si certains aspects parfois irritants (les porgs qui ne servent à rien, l’absence d’intérêt d’une sous-intrigue), ils ne sont finalement rien devant l’audace que nous offre le réalisateur, tant dans le traitement de l’histoire que dans sa réalisation particulièrement graphique avec le rouge sang prédominant et des scènes d’action menées tambour battant, d’une bataille spatiale à un siège terrestre, sans oublier les inévitables sabre-laser.

Rian Johnson s’approprie donc complètement l’histoire et les personnage de Star Wars pour leur donner plus de personnalité et dynamiter certains codes de la saga. Il en résulte alors un film dense, intense, surprenant et parfois même déroutant mais en tout cas passionnant à suivre. C’est vraiment maintenant que l’histoire de la nouvelle génération commence et on a hâte de retrouver le réalisateur aux commande d’une trilogie complète !

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