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Loving, critique

posté le 31/01/2017

Il aura fallu l’attendre longtemps depuis sa prĂ©sentation Ă  Cannes. Loving de Jeff Nichols sort maintenant dans les salles avec la volontĂ© de concourir aux Oscars. Malheureusement, c’est la première fois que le rĂ©alisateur déçoit.

On ne pourra reprocher Ă  Jeff Nichols de s’essayer Ă  diffĂ©rents genres tout en restant en permanence fidèles Ă  ses obsession. De Shotgun Stories Ă  Midnight Special en passant par Take Shelter et Mud il aura abordĂ© d’un point de vue tout Ă  fait personnel le portrait  local, la fable de l’enfance, le film catastrophe ou la SF avec cette proximitĂ© avec l’AmĂ©rique profonde et sa manière particulière de voir la paternitĂ©. Et il continue cette fois dans le drame un peu mĂ©lo de Loving.

Ici, Jeff Nichols s’intĂ©resse Ă  l’histoire Richard et Mildred Loving. Lui est blanc, elle est noire, et dans l’Etat de Virginie des annĂ©es 50, un couple mariĂ© interracial ça ne passe pas du tout. ArrĂŞtĂ©s et expulsĂ©s loin de leur famille par que leur amour ne convient pas aux autoritĂ©s, ils vont devoir se battre pour revenir.

Loving est donc un sujet en or pour Jeff Nichols qui retrouve donc ici certains thèmes qui font tout son cinĂ©ma. Cependant, il peine d’emblĂ©e Ă  trouver un angle qui soit un tant soit peu prenant. En refusant autant le mĂ©lo que le pamphlet, il se retrouve dans un  entre deux qui n’a finalement pas grand chose Ă  dire et ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Pourtant la rĂ©alisation est agrĂ©able mais elle n’illustre pas grand chose tant le combat met du temps Ă  se concrĂ©tiser et ne va pas très loin Ă  part quelques Ă©changes avec un avocat et la presse. On ne sent pas de volontĂ© de changement très profonde.

MĂŞme pire que cela, le scĂ©nario ne nous offre pas vraiment des personnages très intĂ©ressants. En effet, le couple, interprĂ©tĂ© par Joel Edgerton et Ruth Negga qui s’avèrent tous deux particulièrement transparents, ne cesse de se faire ballotter par les circonstances sans rien faire, acceptant sa condition. Ainsi, lorsque la police arrive pour les dĂ©logĂ©, ils ne vont pas rĂ©sister une seconde. Un rĂ©signement qui occupe tout le film avant d’aborder ensuite le combat Ă  mener de manière très lĂ©gère avec quelques coups de fils et ne nous implique pas plus que ça.

Il faut aussi noter qu’on ne sent pas forcĂ©ment entre les 2 acteurs un amour infini. En dehors de la scène touchante oĂą le photographe jouĂ© par Michael Shannon (seul moment qui vaut la peine de se rĂ©veiller pendant la sĂ©ance) prend le couple en photo, ils ne font que se regarder en chiens de faĂŻence et se prendre la main pour nous convaincre mais on a peine Ă  y croire.

Bref, entre un combat qui ne prend pas, un manque d’Ă©motion flagrant et un refus de prendre le taureau par les cornes, ce Loving ne provoque qu’un ennui poli. C’est dommage car Jeff Nichols nous avait habituĂ© Ă  plus percutant et plus d’Ă©motions.

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