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Les Proies, critique

posté le 30/08/2017

Après 4 ans d’absence, Sofia Coppola est de retour avec un beau casting et un prix cannois de la mise en scène. Les Proies est une relecture Ă©videmment fĂ©minine, dĂ©licate et piquante, fidèle Ă  l’esprit de sa rĂ©alisatrice.

Après 3 Ĺ“uvres passionnantes (surtout Virgin Suicides et Lost in Translation) sur l’adolescence, la fĂ©minitĂ© et la solitude, on avait complètement perdu Sofia Coppola dans l’ennui le plus total avec Somwhere et the Bling Ring ! 4 ans de pause lui aurons surement permis de bien mĂ»rir son nouveau projet. Et pourtant celui-ci n’est pas une oeuvre originale puisqu’il s’agit d’une nouvelle adaptation du livre de Thomas P. Cullinan, Les Proies, dĂ©jĂ  portĂ© Ă  l’Ă©cran par Don Siegel avec Clint Eastwood.

Evidemment, si la première adaptation Ă©tait Ă  l’avantage de l’acteur culte et adoptait le point de vue masculin, la vision de Sofia Coppola est diamĂ©tralement opposĂ©e. En effet, dans cette histoire se dĂ©roulant durant la guerre de sĂ©cession un soldat blessĂ© est recueilli dans un pensionnat de jeunes filles. Une arrivĂ©e qui va complètement chambouler la vie de ces quelques femmes et adolescentes, seules depuis bien trop longtemps et ravies de pouvoir Ă©tablir un contact avec le monde extĂ©rieur.

Dès les premières scènes dans un bois brumĂ©, Sofia Coppola pose une ambiance feutrĂ©e et magnifie l’isolation de ses hĂ©roĂŻnes. Une ambiance qui ne va faire que s’accentuer une fois dans la grande demeure coloniale oĂą vit la petite communautĂ©. Ici tout y est abordĂ© avec dĂ©licatesse, vu Ă  travers un drap de dentelle pour ne pas rĂ©vĂ©ler tout de suite les frustrations des membres de la petite communautĂ©.  L’arrivĂ©e du soldat va commencer Ă  faire pousser des Ă©pines sur les roses blanches que sont ces (jeunes) femmes qui vont s’éveiller au dĂ©sir de manière innocente ou plus tordue. En ce sens, Sofia Coppola mĂ©rite bien le prix de la mise en scène reçu Ă  Cannes tant elle arrive Ă  nous faire comprendre par son cadre et son dĂ©coupage les envies des protagonistes sans pour autant en dire trop.

Et d’un autre cĂ´tĂ©, elle a enfin une vĂ©ritable histoire Ă  raconter. Et si l’on sera un peu déçu parce qu’elle ne va pas forcĂ©ment au bout, on sera par contre Ă©tonnĂ© du second degrĂ© dont les comĂ©diennes font parfois preuve, donnant alors une lecture moins dramatique du film et plus sarcastique sur les sentiments et pulsions de ces femmes vis Ă  vis de leur hĂ´te masculin qui Ă©tait au dĂ©part dotĂ© de bonnes intentions. Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning jouent donc parfois de manière froide et dĂ©tachĂ©e des personnages dont le sang commence Ă  bouillir intĂ©rieurement, gardant tout pour elles avec une maĂ®trise jusqu’au boutiste lĂ  oĂą Colin Farrell se rĂ©vèle du coup lĂ©gèrement fade.

Pourtant, le film est parfois nourri de quelques incohĂ©rences Ă  la fois dans le rĂ©cit mais aussi chez ses personnages qui auraient mĂ©ritĂ© d’ĂŞtre plus fouillĂ©s. Mais pourtant, avec la dĂ©licatesse de sa mise en scène qui fait surgir des moments beaucoup plus noirs de manière Ă©trange, Sofia Coppola arrive Ă  nous emporter dans les brumes de cette Ă©cole presque hantĂ©e oĂą l’homme n’est finalement pas le bienvenu. Avec ce nouveau film, la rĂ©alisatrice montre en tout cas qu’elle est de retour et on espère que son prochain sera Ă  la hauteur de ses premiers films.

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