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Jackie, critique

posté le 26/01/2017

Un nouvel oscar pour Natalie Portman ? C’est en tout cas possible en endossant le rĂ´le de Jackie juste après l’assassinat de JFK dans le film de Pablo Larrain qui nous offre un Ă©tonnant portrait de femme et d’AmĂ©rique en deuil.

Initialement prĂ©vu avec Darren Aronofsky derrière la camĂ©ra et Rachel Weisz dans le tailleur Chanel rose tristement cĂ©lèbre, le film sur Jackie Kennedy a finalement Ă©chouĂ© dans les bras de Pablo Larrain avec Natalie Portman en figure de proue. Un mal pour un bien puisque l’on pouvait bien attendre du rĂ©alisateur chilien de No, de me pas verser dans le simple biopic complaisant et glorifiant l’AmĂ©rique mais au contraire un film qui s’intĂ©resse avant tout aux failles du mythe.

Et c’est bien le cas. Le rĂ©alisateur dĂ©construit son rĂ©cit et ne va pas faire dans le biopic classique. Au contraire, il s’intĂ©resse ici aux 3 jours qui ont suivit l’assassinat de JFK et donc de son impact sur la first lady et de l’AmĂ©rique. Entre le rĂ©cit de Jackie Ă  un journaliste et les sĂ©quences de flashback en prĂ©sence ou non de JFK, le film ne choisit pas la simplicitĂ© narrative et pourtant tout reste limpide pour nous faire comprendre tous les enjeux de ces 3 jours en enfer pour la femme et la nation.


Ainsi, Jackie a beau s’intĂ©resser Ă  une pĂ©riode courte, il s’agit nĂ©anmoins de 3 jours essentiels pendant lesquels tout peu basculer. Ainsi, Ă  la diffĂ©rence d’un my week with Marylin qui Ă©tait on ne peut plus anecdotique, Jackie est passionnant car il s’intĂ©resse Ă  un grand bouleversement. Il s’agit en effet de 3 jours pendant lesquels Jackie doit non seulement surmonter la mort de son mari mais aussi et surtout de 3 jours qu’elle a pour prĂ©parer un enterrement digne de la lĂ©gende qu’elle veut faire perdurer et donc pendant lesquels elle va devoir trouver une force qui dĂ©passe ce qu’elle s’attendait Ă  devoir accomplir pour s’imposer. 3 jours pendant lesquels elle devra passer de la femme du prĂ©sident qui s’est occupĂ©e de refaire la dĂ©co de la maison blanche Ă  la veuve qui va devoir redonner un peu de grandeur au pays.


En ce sens, le portrait qu’Ă©tablit Pablo Larrain n’est Ă©vident pas joyeux et Natalie Portman, amaigrie, en plein spleen et parfois odieuse avec le journaliste, ne va pas nous remonter le moral. Mais il nous donne Ă  voir un portrait très intĂ©ressant de cette femme. Et Ă  travers elle il regarde aussi d’une certaine manière l’AmĂ©rique qui a perdu un homme en qui elle plaçait Ă©normĂ©ment d’espoirs qui finiront dans un bain de sang. Il y a de belles images et d’autres sĂ©quences fortes et choc pour entretenir la lĂ©gende et faire perdurer le mythe.

Produit Ă  Oscars, Jackie dĂ©veloppe nĂ©anmoins un caractère qui fait sortir le film du lot avec un angle bien particulier et une hĂ©roĂŻne finalement assez antipathique mais au fond très intĂ©ressante et remplie de contradictions. Comme le sont les Etats-Unis en somme. Et il est Ă©trange de voir ce film sur la lĂ©gende de JFK, l’un des prĂ©sidents les plus marquants et positifs des USA au moment oĂą l’investiture de Trump augure d’instants beaucoup moins chaleureux.

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