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Ça – partie 1, critique

posté le 18/09/2017

Phénomène aux USA, l’adaptation du livre culte de Stephen King est une réussite à laquelle on ne s’attendait pas forcément. Cette première partie de Ça est aussi effrayant qu’attachant et devrait donc aussi cartonner dans nos salles de ciné !

Dans les années 80, Stephen King est au sommet de sa gloire et son épais roman Ça connait un beau succès. Inévitablement, comme de nombreuses histoires du maître de l’horreur, il sera très vite adapté mais à la télévision avec un long téléfilm diffusé en 1990 qui doit surtout sa renommée grâce à la performance de Tim Curry qui campe un Grippe-Sou vraiment vraiment effrayant, à l’origine d’une véritable coulrophobie pour toute une génération. 27 ans plus tard (soit exactement le cycle de réveille de la dangereuse créature), une adaptation cinéma trouve enfin le chemin des salles après quelques soucis de production (le départ de Cary Fukunaga, réalisateur de la 1re saison de True Detective, au profit de l’argentin Andrés Muschietti, remarqué avec Mama).

Et ce premier film fait déjà d’emblée deux entorses au livre. La première est de ne se focaliser que sur l’histoire des enfants de Derry. Oubliée donc la structure naviguant entre les deux lignes temporelles apportant encore plus de profondeur aux personnages, ici nous reprenons une histoire simple, celle donc d’enfant qui vont devoir affronter leurs peurs ensemble. L’histoire des enfants devenus adultes occupera donc le second métrage. Et la seconde entorse est donc d’avoir un récit prendre place à la fin des années 80 là où le récit original se déroulant à la fin des années 50. Mais ce sont deux entorses largement compréhensibles et qui prennent vraiment sens à la vision du film, la première simplifiant ainsi non seulement l’histoire mais aussi les émotions, nous rapprochant immédiatement de ces enfant et maintenant un suspense quand à leur futur, la seconde permettant ainsi de rendre hommage à tout ce que Stephen King à apporter au genre de l’horreur dans les années 80 jusqu’à aujourd’hui.

Ce constat fait, il n’y a donc plus qu’à se laisser emporter par l’histoire, celle d’une bande de gamins martyrisés ou ignorés de leurs parents et étant la proie d’une bande de sales gosses. Après la disparition horrible du petit Georgie en ouverture du film, chacun va devoir affronter ses peurs matérialisées par la créature « Ça », celle-ci prenant régulièrement l’apparence du clown Grippe-Sou. Découvrant qu’ils vivent chacun une expérience effrayante, ils vont former le « club des ratés » et affronter cette créature.

Et ce « club des ratés » est sans conteste la grande réussite du film. Le réalisateur arrive à diriger les différents gamins et à leur donner à chacun une vraie place dans le récit. Enfin nous avons ici un film d’horreur avec des personnages fouillés et au réactions et dialogues qui reflètent autant leur personnalité que ce qu’ils vivent. Chaque acteur tombe juste et apporte ici de la profondeur et cela nous permet de nous attacher vraiment à eux et à avoir peur pour eux. Un casting impeccable qui est donc le gros atout du film (et qui risque peut-être de manquer à la suite).

Mais heureusement, si le film doit tout à cet ensemble de jeunes acteurs, il est aussi réussi du côté de l’horreur. Avec une réalisation soignée et élégante (appuyée par une superbe photos et de beaux décors), qui n’abuse pas des jump scares, Muschietti nous offre des séquences qui font leur effet, en particulier quand le diabolique et imprévisible clown campé par Bill Skarsgard apparaît. La peur est bien là, présente, et même si le film ne nous empêchera pas de dormir, on peut dire que côté frissons c’est efficace. Mais bien plus que la créature et les séquences fantastiques, ce qui effraie le plus et contribue à nous attacher aux personnages, ce sont finalement les monstres humains qu’affrontent les gamins qui vont nous ronger. Des parents absents, un père qui maltraite sa fille et refusant de la voir grandir, une mère qui couve bien trop son fils, des brutes qui n’hésite pas à entailler un enfant, une ville qui ignore la mort de ses enfants, voilà surtout les pires monstres de l’histoire.

Alors bien entendu, il est difficile de retranscrire tout ce qu’il y a dans le livre de King (et cela le sera encore plus pour la seconde partie), mais tout l’esprit de l’auteur est bien là avec un film qui va bien au delà de quelques séquences qui font peur. Il y a dans Ça des thèmes profonds qui sont abordés, le passage à l’age adulte, la confrontation avec ses parents, l’éveil de la sexualité, … qui apportent au film une densité et donnent envie d’en savoir plus. A ce titre, ceux qui n’ont pas lu le livre avant de voir le film seront très certainement curieux d’en savoir plus en plongeant dans les plus de 1000 pages confectionnées par l’auteur.

Avec cette première partie de Ça, Muschietti nous offre donc un grand récit fantastique avec autant d’ambition que d’émotion, prenant le temps à la fois de relater une histoire passionnante et de dresser le portrait de personnages complexes et attachants. Bref, en plus d’une bonne surprise, c’est vraiment l’une des meilleures adaptations du King et peut-être l’un des meilleurs films d’horreur de ces dernières années.

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