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Don’t Breathe, critique

posté le 03/10/2016

Petit phénomène horrifique outre-atlantique, Don’t Breathe débarque sur nos écrans, sous-titré La Maison des Ténèbres, histoire de vous mettre sous tension, et ça marche !

Ne vous fiez pas à la citation mise en avant sur l’affiche. Contrairement à ce qui est indiqué, Don’t Breathe n’est pas le meilleur film d’horreur des 20 dernières années. Pour la simple et bonne raison qu’il s’agit plus d’un thriller que d’un film d’horreur. Toutefois, c’est justement un thriller diablement malin et efficace qui nous tient bien en haleine pendant ses 90 minutes.

Après avoir revisité de manière sanglante Evil Dead avec le regard bienveillant de Sam Raimi, le réalisateur décide cette fois de revisiter le home invasion en inversant rapidement les rôles. A Detroit, dans un quartier abandonné, 3 petits cambrioleurs s’aventure dans la seule maison habitée pour y voler une fortune. Un méfait facile puisque le propriétaire est un vieillard aveugle. Mais ce qu’ils ignorent c’est qu’il s’avère bien plus dangereux qu’ils ne le pensait car il cache un lourd secret est prêt à tout pour le garder. C’est rapidement lui qui va mener la vie dure à ces intrus.

Malin, Alvarez l’est dès le début en nous embarquant dans l’histoire en 10 minutes et en nous faisant une bonne visite de la maison pour que nous ayons bien conscience de la géographie des lieux tout montrant des petits détails qui permettent de comprendre les motivations des personnages et en particulier de l’aveugle dont nous ne connaîtrons pourtant jamais le nom. Le film est ainsi réalisé avec un savoir-faire qui guide autant les spectateurs qu’il apporte des questions et du mystère. Et tout cela va s’intensifier à mesure que l’on découvrira les secrets de la maison et en particulier ce qui se trouve à la cave.

Si les personnages des cambrioleurs sont tout juste esquissés, ils demeurent tout de même assez empathiques pour comprendre leurs intentions (et le cadre social de la ville de Detroit n’est pas étranger à cela) et ressentir ce qu’ils vont endurer de la part de l’aveugle qui les piège chez lui. On peut d’ailleurs noter qu’ils ont des réactions assez logiques sur l’ensemble du film et que ce sont vraiment le bad guy et la maison qui se liguent contre eux. Le parcours pour sortir de cette maison sera pour eux un véritable enfer silencieux (le travail sur le son et le suspense qu’il implique est impeccable) avec une menace constante de ce personnage campé avec conviction par un Stephen Lang (le colonel bourrin d’Avatar) aussi menaçant que pathétique selon les scènes.

Ainsi, si nous désapprouvons le cambriolage et approuvons l’attitude défensive de l’aveugle au début du film, les rôles s’inversent petit à petit jusqu’à ce que l’aveugle devienne un véritable monstre ayant perdu tout sens moral. Le film navigue ainsi dans une zone de morale floue, rien n’est tout blanc ou tout noir, la morale est perpétuellement remise en question et même le choix final qui doit être fait ne peut pas laisser la conscience tranquille. Un choix audacieux de la part du réalisateur qui fait que l’on pardonnerait même les 5 minutes qui vont un peu trop loin.

Don’t Breathe est ainsi un formidable huis clos techniquement impeccable, parfaitement rythmé et qui nous met sous tension jusqu’au bout tout sans sacrifier au discours moralisateur du tout Hollywood. Ça mérite d’être vu non ?

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