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Culte du dimanche : Un après-midi de chien, de Sidney Lumet

posté le 24/01/2016

Quand Al Pacino s’invite chez Sidney Lumet, c’est pour Un après-midi de chien, film culte des 70’s que l’on ne soupçonnait pas alors si transgressif.

Au début des années 70, un fait divers a tenu les médias et la police en haleine toute une journée. Le jeune Sonny Wortzik et son ami Sal braquaient une banque et cela intrigue forcément un producteur et un scénariste qui y voient un film plein de potentiel. Frank Pierson se met alors à écrire un script se plaçant du point de vue du braqueur principal. Et le rôle est si intéressant qu’il plait alors à Al Pacino tout juste sorti de la suite du Parrain qui fait aussi caster son ami John Cazale.

Pendant un peu plus de 2 heures, nous n’allons donc pas quitter Sonny et nous allons découvrir un jeune homme particulièrement intéressant et désespéré et reflet d’une certaine société des 70’s qui s’y reconnait. En effet, en choisissant le point de vue du braqueur, nous oublions ici le regard de la police qui reste finalement plutôt bienveillant, pour nous intéresser à son expérience. Sonny est un braqueur amateur et va se lier petit à petit avec ses otages qu’il traite le mieux possible, tout ce qu’il veut étant de ressortir avec l’argent pour aider l’homme qu’il aime.

Car oui, au milieu du film, nous apprenons qu’il vit une histoire d’amour passionnée avec un homme et qu’il fait ça pour pouvoir payer l’opération de changement de sexe de son amant. Un acte d’amour désespéré, d’autant plus que l’amant en question ne voulait plus le voir, une histoire d’amour à sens unique déchirante dans un échange téléphonique extrêmement bien écrit. Et cet aspect tragique nous rapproche bien évidemment du personnage impeccablement joué par un Al Pacino à juste titre nommé aux oscars (ne serait-ce que pour ce choix de rôle osé pour une star de premier rang comme Pacino qui aurait pu alors se mettre la profession à dos si ce n’était pas fait correctement).

Mais en plus de l’homosexualité (incarné par un personnage qui n’a rien du cliché que l’on pouvait avoir à l’époque), le film montre également un autre aspect de la société. En effet, ce braquage est l’occasion de voir non seulement des otages compatir au malheur de leur braqueur, mais aussi de voir une foule qui va le soutenir et une omniprésence des média qui cherchent la moindre info, préfigurant déjà ce que seront les chaînes d’info continu actuelles. L’autorité représentée par la police est donc complètement larguée par les événements médiatiques qu’engendre ce braquage.


Le réalisateur Sidney Lumet (12 Hommes en colère), qui sortait alors de sa version du Crime de l’Orient Express, met en scène le scénario de Pierson avec toute la retenue nécessaire et ne va pas faire d’effet d’esbroufe, la transgression se trouvant justement déjà dans le scénario. Il reste au contraire jusqu’au bout aux côté de son personnage principal et de son acolyte, faisant preuve d’une parfaite direction d’acteurs et c’est parfait ainsi.

A sa sortie, le film est un succès public et surtout critique, récoltant des nominations prestigieuses aux Oscars et aux Golden Globes (film, réalisateur, acteurs) et repartant surtout avec le prix mérité du meilleur scénario, cela permettant alors de le considérer comme un film qui compte dans la culture américaine, finissant même en 2009 par intégrer le National Film Registry et de rester l’un des grands rôles d’Al Pacino.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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