Batman v Superman, l’aube de la justice, critique
La suite de Man of Steel devient l’affrontement des plus grands hĂ©ros de DC comics et l’introduction d’un univers partagĂ© aux grandes ambitions. Zack Snyder a de la pression sur les Ă©paules et a-t-il rĂ©ussi son pari ou Batman V Superman – l’Aube de la Justice a-t-il les yeux plus gros que le ventre ?
Il y a 3 ans, Zack Snyder rĂ©inventait Superman avec un Man of Steel aux aspects inattendus, que ce soit dans le dĂ©veloppement de ses personnages ou dans la destruction monumentale de Metropolis. Qu’Ă cela ne tienne, il rĂ©cidive avec une suite qui voit le kryptonien opposĂ© Ă l’autre super-hĂ©ros DC qui a fait les beaux jours de Warner, Batman tout en introduisant l’univers partagĂ© de DC en vue du dĂ©veloppement d’autres personnages et surtout leur rassemblement dans la future Justice League, Ă l’instar de ce qu’a fait Marvel avec les Avengers.
Batman V Superman commence donc en tirant dĂ©jĂ les conclusions du final apocalyptique de Man of Steel. En effet, aprĂšs avoir ressassĂ© encore une fois le meurtre des parents Wayne, nous voyons donc Bruce courir vers l’un de ses immeubles dĂ©truits par l’affrontement entre Superman et Zod, voyant alors les pertes humaines et convoquant Ă nouveau le fantĂŽme du 11 septembre 2001 dont l’AmĂ©rique ne s’est jamais remise. De lĂ viendra alors la rancĆur de Bruce Wayne envers l’homme de fer et la menace extra-terrestre qu’il reprĂ©sente. Le dĂ©veloppement de ce Batman plus ĂągĂ© et plus violent est plutĂŽt bien gĂ©rĂ© dans le scĂ©nario et par un Ben Affleck impeccable de sobriĂ©tĂ©, orientant alors le film vers une tonalitĂ© encore plus sombre que la trilogie de Nolan.
Mais si les choix et le dĂ©veloppement du chevalier noir sont plutĂŽt bien traitĂ©s, le reste ne sera pas du mĂȘme acabit. En effet, le film peine pendant 1h30 d’exposition Ă avoir une orientation claire, multipliant les scĂšnes sans liant, les discours sans intĂ©rĂȘt d’un Lex Luthor Ă la folie irritante (Jesse Eisenberg en roue libre), l’introduction maladroite de Wonder Woman et des films Ă venir (le rĂȘve sorti de nulle part de Bruce Wayne dans le dĂ©sert) et surtout une incomprĂ©hension de tout ce qui entoure Superman pourtant toujours campĂ© par l’impeccable Henry Cavill avec une attachante Amy Adams Ă ses cĂŽtĂ©s dans le rĂŽle de Lois Lane. En effet, le scĂ©nario et le rĂ©alisateur ne savent pas trop quoi faire de ce personnage d’ordinaire plus lumineux (parfaite opposition Ă l’obscuritĂ© et aux mĂ©thodes de Batman) qui ne fait ici que tirer la gueule et s’interroger sans cesse sur son rĂŽle sans y croire.
Pourtant, autour de Superman, il y a de belles choses qui sont Ă©voquĂ©es dont une magnifique scĂšne de sauvetage au Mexique qui redonne la majestĂ© qu’il faut au personnage. Il y a mĂȘme les thĂšmes passionnants du surhomme et de son impact (politique et religieux, positif comme nĂ©gatif) sur l’humanitĂ© et les questions qu’il engendre ou encore la mythologie qui sont Ă©voquĂ©s. Mais malheureusement, cela n’est jamais abouti ou alors abordĂ© avec maladresse et c’est dommage car le film pourrait ainsi bĂ©nĂ©ficier d’une aura encore plus Ă©pique et grandiose. Mais au lieu de cela le film ressasse un Superman inutilement torturĂ© (Batman l’est dĂ©jĂ pour deux) et des machinations de Luthor sans motivation claire.
Puis arrive enfin dans le dernier tiers l’affrontement tant attendu entre les deux hĂ©ros mais ceux-ci n’ayant pas de motivation vraiment valable (la source mĂȘme de l’affrontement devient mĂȘme assez superficielle), il n’y a pas vraiment d’attachement aux personnages ni mĂȘme de parti pris Ă avoir d’oĂč un gros dĂ©sintĂ©rĂȘt pour la bagarre en cours. MĂȘme la rĂ©alisation de Snyder est Ă ce moment lĂ assez fouillis, avec des scĂšnes d’action parfois assez illisibles. Et cela devient mĂȘme ridicule quand les deux personnages trouvent une raison de finalement devenir en 1 seconde les meilleurs amis du monde. Car oui, il faut bien qu’ils se rabibochent vite fait pour faire face Ă la menace explosive qu’avait rĂ©servĂ© Luthor et qui nĂ©cessitera l’apparition d’une Wonder Woman badass Ă souhait dans un dĂ©luge d’effets visuels qui confine Ă l’overdose, nous orientant vers l’un des arcs les plus importants de Superman mais qui n’en dĂ©veloppera malheureusement pas l’impact Ă©motionnel Ă cause du dĂ©veloppement laborieux qui aura prĂ©cĂ©dĂ©.
Blockbuster exigeant et passionnant par ses bribes de thĂšmes proposĂ©s et une version sans concession du chevalier noir, Batman v Superman se perd malheureusement rĂ©guliĂšrement dans un scĂ©nario bordĂ©lique qui doit mixer sans y arriver l’univers de Batman, la personnalitĂ© Ă part de Superman, les menaces de Luthor, les impĂ©ratifs de franchise et des Ă©lĂ©ments spectaculaires. Il en ressort un film avec autant de bons moments que d’autres plus pathĂ©tiques, un film inĂ©gal qui trouvera peut-ĂȘtre plus de justesse en version longue oĂč Ă la vision des films qui suivront, mais cela ne va pas empĂȘcher cette affrontement mythique attendu de cartonner dĂ©jĂ au box office.
publié dans :Cinéma Critiques ciné
tu as exactement dit ce que je pense…
Un peu fouilli dans son montage mais Snyder réussit son pari. Vivement la suite