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Culte du dimanche : Six Feet Under

posté le 20/09/2015

Après de longues semaines d’absence, le culte du dimanche fait sa rentrée. Et pour une fois on ne va pas parler d’un film mais d’une série télé et pas n’importe puisque celle-ci s’est terminée il y a 10 ans et est considérée à juste titre comme l’une des meilleures productions télévisuelles qui nous ait été donné de regarder. Parlons donc de Six Feet Under.

Après avoir été récompensé par un Oscar et un Golden Globe pour le scénario d’American Beauty en 200, Alan Ball est approché par HBO pour créer une nouvelle série télé. La chaîne câblée connait une nouvelle heure de gloire et de prestige avec les séries Sex and the City, les Soprano ou encore Oz et impose une nouvelle vision du medium au grand public et à la critique avec un succès qui ne se dément pas. L’auteur propose alors une histoire étonnante qui pourra entrer dans le quotidien des téléspectateurs, celle de la vie d’une famille travaillant dans les pompes funèbres.

La série commence directement par la mort du père de la famille Fisher que nous allons suivre dans leur peine et leur deuil pendant 5 saisons. Plongeant d’emblée dans un cadre très intime avec ce qu’il faut de pudeur mais sans oublier de lever les tabous, nous ne pouvons qu’accrocher d’emblée avec les personnages. Nous faisons alors connaissance avec Ruth (Frances Conroy), la mère endeuillée, Nate (Peter Krause), le grand frère qui était juste venu pour passer un moment, David (Michael C Hall) le frère gay qui reprend l’affaire familiale, Claire (Lauren Ambrose), la cadette qui commence tout juste à vivre sa vie avec indépendance et autour d’eux une galerie de personnages secondaires tous aussi intéressants et loins des clichés que l’on peut retrouver à la télé. Ainsi, Rico (Freddy Rodriguez), qui deviendra l’associé des frères Fisher s’éloigne bien du cliché latino alors que Brenda (Rachel Griffiths) sera une femme forte, complexe et assumée ou même Keith, l’amant de David (Mathew St Patrick) qui lui permet de s’assumer sans rentrer dans la case du cliché gay et bien d’autres personnages interprétés par des acteurs prestigieux (de Patricia Clarkson à Ben Foster en passant par James Cromwell ou Lili Taylor).

Nous allons donc suivre et voir évoluer ces personnages pendant 5 saisons et nous attacher toujours plus à eux, suivre leurs joies et leur peines, tenter de vivre après la mort du père (dont la présence se fait toujours ressentir jusqu’à la fin) et les embûches qu’ils vont devoir surmonter. Ainsi, Ruth enchaînera les conquêtes alors qu’elle aura du mal à se lier avec ses enfants, engendrant un sentiment de solitude permanent. Nate quand à lui reprend l’affaire avec David alors qu’il ne le souhaitait pas et va vivre une histoire compliquée avec Brenda. David devra s’assumer auprès de Keith et lutter contre ses propres démons pour avoir une vie de famille. Et enfin, Claire devra commencer à apprendre à vivre et à embrasser sa carrière d’artiste.

Avec ces personnages et leurs aventures du quotidien, mais aussi avec le milieu dans lequel ils évoluent, Six Feet Under peut s’enorgueillir d’aborder une multitude de thèmes pour la plupart tabous. Et le premier d’entre eux est évidemment la mort, une notion qui fait partie intégrante de la vie mais dont on a du mal à parler de notre société. Chaque épisode s’ouvrant sur une mort permet donc d’aborder le sujet de différentes manières, parfois cocasse, parfois avec beaucoup d’émotion. La série s’autorise même de parler de la mort du nourrisson et de son impact sur de jeunes parents, chose qui sera impossible dans n’importe quelle autre série, surtout avec une telle délicatesse. La série parle donc ouvertement de ce sujet, brisant un grand tabou de notre société occidentale et la rend donc plus palpable, lui redonnant sa place dans le cycle de la vie.

Et la vie est également l’autre grand sujet de la série, car ce n’est pas parce que nous avons pour héros des entrepreneurs de pompes funèbres qu’ils doivent être toujours tristes pour accompagner les familles en deuil. Non, Six Feet Under parle bien de toute la vie, de ses joies, de ses peines, de maladie, de l’adolescence, de la vieillesse, de l’amour à tout à âge, de naissance, de religion (sans que celle-ci de soit trop présente, en gardant surtout l’aspect spirituel), de rupture, d’homosexualité, de drogue, des armes, du lien entre frères et soeurs, de devenir adulte … Bref, une pléthore de thèmes, souvent tabous ou abordés sous un nouvel angle qui rendent ces histoires inédites avec des personnages attachants et qui donnent ensemble à la série une profondeur et une humanité incroyable.

Alors il y aura bien entendu quelques sommets (dont l’attaque de David par un autostoppeur donnant un épisode choc qui fera bien évoluer le personnage) et quelques passages un peu lourds (la démence de George va parfois un peu loin), mais la série arrive à tenir sur la longueur de ses 5 saisons un excellent niveau de manière constante. Elle sera ainsi régulièrement émouvante et dense jusqu’aux derniers épisodes qui osent faire disparaître l’un des personnages principaux avant le grand final pour nous laisser faire leur deuil avec ceux qui restent et nous encourager ensuite à tourner la page.

En ce sens, la série réussi la conclusion parfaite qui est celle que l’on attendait pour apporter une fin à tous les personnages sans regarder en arrière mais au contraire en avançant toujours vers l’avenir au cours de 6 dernières minutes d’une puissance telle qu’il sera impossible de ne pas tirer de larmes.

Série parfaite de bout en bout, suivie par le public, les critiques et la profession, lauréate de nombreux prix, avec des scénaristes toujours impliqués, des acteurs impeccables et un créateur qui ne veux pas l’épisode de trop pour terminer parfaitement, Six Feet Under mérite ainsi son statut de série culte et son final restera encore et toujours le plus parfait qu’il nous aura été donné de voir à la télévision. Après, il ne reste plus qu’à vivre.

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