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N.W.A – Straight Outta Compton, critique

posté le 02/10/2015

Devant le succès public et critique de N.W.A – Straight Outta Compton, @JM_Siousarram s’est bien senti obligĂ© d’aller voir le phĂ©nomène et d’en parler ! voici donc sa critique !

Enfin, il était grand temps que le rap US ait finalement un film référence sur un mouvement parti du fin fond des guettos communautaires blacks jusqu’à conquérir la planète entière avec des artistes tel que Kayne West, Eminem ou encore Snoop Dogg. De ce dernier au faciès dobermanesque et à la voix particulièrement canine, il y sera d’ailleurs un peu question tant la N.W.A a brassé et influencé le monde de la musique underground dans les années 80. N.W.A comme « Niggaz Wit Attitudes », soit dans la langue de Molière des Blacks avec du style & de la répartie. Derrière cet acronyme qui claque et revendicatif, se cache une bande de 5 gosses de Compton, petite ville de la banlieue sud de Los Angeles où la dope et la pauvreté gangrène sérieusement la jeunesse. Easy-E, petit dealer qui frôle la mort ou la taule à chacune de ses transactions, va chapeauter ce petit collectif de rappeurs pétri de talent et les porter là où jamais il aurait osé rêver : hors de Compton.

Le titre du film, Straight Outta Compton, qui est aussi le nom de leur premier album, fait d’ailleurs référence à cette volonté hors norme de se sortir de ghetto avec les gens qu’ils aiment. Car même si la réussite exemplaire, et désormais légendaire, du crew N.W.A démontre à nouveau que le rêve Américain est bien réel, Compton est bien l’illustration que les Etats Unis laissent bien sur le carreau une grande partie de sa population, encore plus celle dites de couleurs. Aux côtés de Easy-E, naissent deux figures majeures du hip hop moderne : le producteur Dr Dre et le MC Ice Cube. Ces deux fortes personnalités au talent et à la créativité exponentiels vont très vite être les têtes de gondole du groupe, l’un par la puissance dévastatrice de ses instrumentaux, l’autre par les déflagrations découlant de ses paroles brassant à peu près tous les sujets sensibles touchant la jeunesse black et l’impuissance de la société à régler cela.

F.Gary Gray, dont c’est le grand retour en forme depuis le très divertissant Braquage à l’italienne, après des tièdes Be cool et Que justice soit faite, nous immerge complètement au le milieu des années 80 où le rap est encore à ses balbutiements grâce à Public Ennemy, et où essayer d’imposer sa mixtape dans une maison de disque relève de la pure fiction. Et pourtant, un homme va oser prendre le pari, Jerry Heller, interprété par le moumouté Paul Giamatti, dont j’ai de plus en plus de mal à savoir s’il est très talentueux ou plutôt l’inverse tant ses récentes performances penchent vers le mauvais après des débuts impressionnants, notamment dans Sideways. Et ce n’est pas ce nouveau film qui me permettra d’y répondre de manière tranchée.

A ses côtés pourtant, on assiste à une explosion de talent avec le très expressif Jason Mitchell en Easy-E, le contenu Corey Hawkins en Dr Dre et surtout pour la première fois à l’écran l’explosif et verbeux O’Shea Jackson Jr dont le mimétisme avec Ice Cube est étonnamment troublant. Ces trois là y sont pour beaucoup dans la réussite de Straight Outta Compton tant ils arrivent à retranscrire à la perfection l’énergie, la folie et le charisme fou qui entouraient le groupe.

On pense souvent aux plus grands biopics musicaux comme The Doors d’Oliver Stone pour le délire généré face à la foule en live notamment lors de cette scène surréaliste où les N.W.A entonne leur « Fuck Tha Police » malgré l’interdiction formelle proférée par les autorités d’entamer cette chanson. Cette insoumission générale du crew et cette violence verbale particulièrement crue, deux des marques de fabrique du fameux Gangsta Rap, sont des composantes omniprésentes du film et qui contribuent à marquer au fer rouge leur légende. Fêtes dantesques dans des baraques dignes de Scarface, partouzes sous opiacés dans leurs hôtels avec leur flingues planqués sous le lit, concours de la plus grosses chaines en or, du nombres de conquêtes, du nombres de zéro dans son contrat, tout y est montré. C’est d’ailleurs une affaire de gros sous, comme souvent, qui va être le climax du film et le début de la fin pour Easy-E et N.W.A. Ice Cube lache les chiens dans des couplets qui rhabillent le groupe ad vitam eternam. Dre ne tarde pas à le suivre. Le rythme du film ne faiblit jamais, même dans les derniers moments plus émouvants de celui-ci. 2h20 de pur street life dans les USA des années 80 sur les pas du premier grand groupe de rap de l’histoire où on touche à des légendes du milieu jusqu’à un magnifique clin d’oeil à l’éternel bad boy de la West Coast, 2Pac.

Mon léger bémol viendra justement du côté trop propre d’un film qui se veux dépeindre le Gangsta Rap, et qui hormis quelques droites et le personnage fêlé de Suge Knight, ressemble plus à un beau produit tout public « pop » avec quelques fulgurances acérées dans les lyrics. Une sorte d’hymne à la gloire de ses deux producteurs, Ice Cube et Dr Dre (dont on célèbre le deal Beats-Apple dans le générique !), certes mérité mais qui entre d’autres mains aurait sans doute eu un traitement plus underground. Un comble pour un crew de la rue !

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