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Culte du dimanche : Big Fish de Tim Burton

posté le 22/03/2015

A l’occasion de la sortie de Big Eyes dans lequel il revient sur ses dernières annĂ©es de crĂ©ations commerciales, nous revenons dans le Culte du Dimanche sur l’un des films les plus personnels de Tim Burton, le très beau Big Fish.

En 2001, Tim Burton vient de subir un terrible revers artistique avec sa version de la Planète des Singes qui est loin d’avoir conquis les cĹ“urs (hormis pour les formidables maquillages de Rick Baker). Peu satisfait de cette commande, le rĂ©alisateur se voit Ă  ce moment lĂ  proposer le scĂ©nario d’un projet de moindre Ă©chelle, plus discret et en mĂŞme temps rĂ©pondant parfaitement Ă  son Ă©tat d’esprit du moment. En effet, Steven Spielberg Ă©tait au dĂ©part pressenti pour rĂ©aliser une adaptation de Big Fish de Daniel Wallace mais prĂ©fère se tourner vers ArrĂŞte-moi si tu peux. Le script fini donc entre les mains de Burton qui le retravaillera avec le scĂ©nariste John August afin de le faire correspondre Ă  sa vision.

Ainsi, Big Fish raconte l’histoire d’un fils qui revient au chevet de son père, Edward Bloom, mourant après des annĂ©es sans lui parlĂ©. En effet, son père lui a toujours racontĂ© des histoires abracadabrantes concernant sa vie, sans distinguer le vrai du faux, finissant par causer une rupture avec lui. Mais c’est justement l’occasion pour Bloom Sr de raconter une dernière fois Ă  sa belle-fille comment il a menĂ© sa vie et de passer ainsi le tĂ©moin.

Alors que Tim Burton venait tout juste de perdre son père et venait de le devenir Ă  son tour, on comprend aisĂ©ment pourquoi il a choisit d’adapter ce film. Un conteur tel que lui ne pouvait pas passer Ă  cĂ´tĂ© de ce gros poisson insaisissable pour tenter de comprendre le pouvoir des histoires pour faire le deuil et accomplir sa mission de guide. D’autant plus que Big Fish, en plus de cet Ă©lĂ©ment très terre Ă  terre mais Ă©mouvant apporte son lot de fantaisie qui permettent Ă  Burton d’imprimer toute sa patte.

Car en plus de cette belle histoire de transmission et de rapprochement entre un père et son fils, Big Fish fait encore une fois la part belle aux exclus et aux univers fantasmagoriques et oniriques pour montrer que les histoires permettent souvent d’Ă©chapper d’une meilleure manière au quotidien et aux Ă©pisodes noirs de la vie. Ici, presque tous les personnages imaginĂ©s (ou non ?) par Edward Bloom, cherchent leur place, que ce soit Bloom lui-mĂŞme trouvant que sa vie n’est pas Ă  la hauteur de ses ambition, le gĂ©ant qu’il aide Ă  trouver un domicile ou des siamoises qu’il ramène avec lui pour qu’elles Ă©chappent Ă  la guerre. Ajoutez Ă  cela une Ă©trange machine Ă  grandir, une forĂŞt hantĂ©, le village de Spectre introuvable (et dans lequel vit le joueur de banjo de DĂ©livrance), un cirque dirigĂ© par un loup-garou, … et vous obtenez bien un concentrĂ© de l’univers de Tim Burton.

Mais pour une fois, cet univers est abordĂ© non pas sous un angle gothique, sombre et saignant mais, au contraire, sous un angle particulièrement lumineux, comme si l’histoire d’amour que raconte le film reflĂ©tait une nouvel espoir que portait le rĂ©alisateur qui nous offre alors son film le plus poĂ©tique et positif malgrĂ© le sujet de la mort qui y est Ă©galement abordĂ©. Dans Big Fish, l’espoir et la confiance imperturbable d’Edward Bloom, loin de ses hĂ©ros torturĂ©s habituels, nous offre un bon moment pour se sentir bien et nous rappeler le rĂ´le indispensable des histoires.

Pour mener Ă  bien ce nouveau film, le rĂ©alisateur s’entoure Ă  la fois de personnes qui ont fait sa filmographie (que ce soit l’immanquable Danny Elfman Ă  la musique ou la prĂ©sence de Danny DeVito et Helena Bonham Carter … mĂŞme Jack Nicholson Ă©tait pressenti dans le rĂ´le d’Edward Bloom) mais aussi de nombreux nouveaux visages, en particulier Ewan McGregor qui apporte Ă  son rĂ´le une candeur rafraĂ®chissante devant la beautĂ© innocente d’Alison Lohman. Avec une belle galerie de seconds rĂ´les (Billy Crudup, Marion Cotillard, Jessica Lange, Albert Finney, ou Steve Buscemi), il nous offre vraiment un film chorale touchant.

Au final, Big Fish est donc sans doute l’un des films les plus personnels et lumineux de Tim Burton, comme une exception dans sa filmographie qui est loin d’ĂŞtre une fausse note pour autant, au contraire, l’une de ses œuvres les plus intĂ©ressantes et authentiques.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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