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l’abécédaire de Joss Whedon (2de partie)

posté le 31/01/2014

Après la première partie, voici évidement la seconde de l’abécédaire de Joss Whedon, revenant ainsi sur ses créations, son parcours et ses thèmes fétiches.

M comme Musical

Si Joss Whedon est féru de théâtre, de comics, de séries et films fantastiques, il est aussi fans de comédies musicale et a même révélé son talent pour écrire des chansons plusieurs fois dans sa carrière. C’est évidemment avec l’épisode musical de Buffy qu’il révèle cet aspect là de sa personnalité et c’est particulièrement réussi. Les chansons sont bonnes et s’intègrent parfaitement dans la continuité de l’histoire d’un épisode central de la série et plus sombre qu’il n’y parait (les personnages y révélant leurs secrets). Cette réussite entraina alors une vague d’épisodes musicaux dans d’autres séries sans avoir la même réussite. Puis il continua en chansons sur le web avec Dr Horrible qui a obtenu un joli succès. Ce n’est donc pas par hasard que Joss Whedon s’est retrouvé à la réalisation d’un épisode de Glee dans lequel il faisait alors apparaitre Neil Patrick Harris justement ! Alors à quand une comédie musicale sur grand écran ou des Avengers poussant la chansonnette ?

O comme Online

Féru de nouveaux moyens de s’exprimer avec plus d’intimité d’un blockbuster de studio comme avec Beaucoup de Bruit pour Rien, Joss Whedon s’est essayé au format web avec succès en publiant en 2008 le journal de bord chanté du Dr Horrible. Petit budget très bien maitrisé pour un programme court rempli de bonne humeur sur les déboires d’un supervilain amoureux. L’occasion pour lui de retrouver Felicia Day et Nathan Fillion mais surtout de travailler avec un Neil Patrick Harris qui s’amuse bien. Les fans et les critiques ont évidemment suivit et une suite ou un autre programme web est toujours dans les cartons de projets de Joss Whedon, si Marvel lui laisse un jour le temps de s’en occuper.

P comme Personnages

Joss Whedon attache toujours une importance particulière à ses personnages et le principe des séries télévisées s’étirant en longueur lui convient parfaitement pour les développer. Ainsi, si ils débutent souvent comme des clichés, Whedon arrive à les rendre touchants et à les faire évoluer de manière passionnante. Buffy en est l’exemple complet puisque tous les personnages grandissent et s’accomplissent à chaque saison. Il faut ainsi lui donner le temps de s’installer pour fédérer du monde, ce qui n’a pu être fait sur Firefly et Dollhouse. Laissons-nous donc le temps de voir ce que cela donnera sur Agents of Shield. Mais il a aussi le chic pour créer des personnages forts à l’instar de certains vilains de Buffy (Nathan Fillion en prêtre sexiste et violent était magistral) ou Alpha dans Dollhouse.
En plus de sa caractérisation des personnages, ce sont les rapports entre eux qui intéressent Whedon et il va généralement en explorer toutes les facettes pour créer un esprit d’équipe, même lorsqu’ils ont des personnalité différentes. C’est pour cela que ses personnages ne sont jamais des loups-solitaires mais agissent toujours au sein d’une équipe qui trouvera sa force dans la complémentarité de ses caractères et cela se vérifie à chaque instant dans Buffy, Angel, Firefly, Dollhouse, Astonishing X-Men et même Avengers et Agents of Shield.
D’un autre côté, chez Whedon, « Personnage » rime aussi souvent avec « Pouvoir », que ce soit chez Buffy où cette dimension prend toute sa place avec le féminisme dans la dernière saison mais aussi dans Avengers où les dialogues entre les personnages à forts caractères vont dans ce sens ou dans Astonishing X-Men où chacun va se dépasser. Mais cela ne l’empêche pas d’être très à l’aise avec des personnages plus proches des réalités et du quotidien comme Xander dans Buffy qui reste un point d’ancrage indispensable dans la série.

R comme Renaissance

Parmi les thèmes qui reviennent régulièrement chez Whedon, la mort a une place importante et a même été évoquée de manière brutale dans l’un des meilleurs épisodes de Buffy, the Body (qu’il considère d’ailleurs, à juste titre, comme l’un de ses travaux les plus aboutis). Mais la mort est parfois un moyen figuré pour montrer qu’après avoir vécu des instants difficile, on peut revenir plus fort. La renaissance des vampires de Buffy en est un exemple dans le côté malsain mais il ne faut pas oublier que la tueuse est revenue deux fois d’outre-tombe, chaque fois plus forte et déterminée. Dans Dollhouse, les poupées meurent à chaque fois qu’elle s’endorment pour s’éveiller à nouveau avec une nouvelle personnalité et Echo va commencer à revivre lorsqu’elle retrouvera son identité.
Alien la Résurrection présentait déjà à l’époque ce thème de la renaissance de son héroïne mais il l’aborde aussi en dessins dans Astonishing X-Men où Colossus fait son retour de manière perturbée alors qu’aujourd’hui c’est dans le retour de Coulson d’entre les morts dans Agents of Shield que la renaissance est évoquée.

S comme Studios

Depuis ses débuts, Joss Whedon a une relation assez conflictuelle avec les studios. Il faut dire que son travail en tant que scénariste ne pouvait que lui apporter de la frustration quand ce qu’il écrivait était adapté d’une toute autre manière par les réalisateurs et producteurs. Ainsi, sur Alien 4, le dernier tiers voulu par les studios était bien différent de ce qu’il avait en tête au départ et il en est ressorti, comme Jean-Pierre Jeunet, avec une mauvaise expérience. De même le projet de Wonder Woman qu’il porta à bouts de bras était sans cesse revu par le studio, trop cher pour un film sur un personnage féminin. Même la Cabane dans les Bois aura des soucis pour sortir car fini depuis 2009, les problèmes financiers de son distributeur l’ont empêché de sortir et ce n’est qu’en 2012 qu’on a enfin pu le voir arriver sur les écrans.
Côté télévision, c’est encore pire car malgré le succès de Buffy (qui changea de réseau pour ses 2 dernières saisons), il n’arrivera pas à continuer sa série de SF atypique Firefly sur la Fox au delà de 14 épisode et devra compter sur l’appui des fans pour apporter une conclusion à travers le film Serenity produit par Universal. Toutefois, il retentera tout de même le coup sur la Fox avec une nouvelle série Dollhouse qui durera elle 2 courtes saisons mais parasitées par une chaîne cherchant sans arrêt à simplifier la série, la rendant paradoxalement plus complexe.
Mais aujourd’hui le vent tourne enfin, adulé par les fans, son arrivée sur Avengers étaient inattendue mais en en faisant le 3e plus gros succès au box office, Whedon s’est maintenant assuré une certaine liberté et les studios le voient maintenant d’un nouvel Å“il. On espère alors qu’il pourra maintenant lancer de nombreux projets plus personnels, que ce soit au cinéma ou à la télévision.

T comme Télévision

Depuis ses débuts en tant que scénariste sur la série Roseanne, Joss Whedon a adopté une écriture télévisuelle qu’il a donc développé d’une belle manière sur Buffy (qu’il tentera même de dériver en série animée) puis Angel. Même si il écrit des scénarios pour le cinéma, la télévision lui permet d’étendre ses intrigues et surtout de développer ses personnages. Ainsi, malgré ses déceptions sur Firefly et Dollhouse, il trouve toujours un moyen d’un revenir, même si c’est par les détours de la réalisation d’épisodes pour the Office ou Glee. Maintenant il est à la barre d’Agents of Shield qui reste malheureusement une déception pour le public mais on espère surtout que les autres concept qu’il a en tête vont voir le jour sur la durée.

V comme Vie

On l’a vu, Joss Whedon parle de mort et de renaissance, mais il parle aussi de la vie. Inspiré par son adolescence difficile, il met à plat son horrible expérience du lycée dans Buffy pour raconter comment des personnages doivent apprendre à vivre, même après être morts (c’est le cas de la tueuse et de ses amis vampires) ou après avoir commis d’horribles actes (comme Willow à la fin de la série). L’une des phrases les plus importantes de la série est d’ailleurs « le plus difficile dans ce monde, c’est d’y vivre ». En ce sens, l’auteur nous montre que la vie est faite d’épreuve, que rien ne nous sera épargner et qu’il faut faire avec pour avancer, en particulier pour les marginaux qu’il met en scène dans tous ses projets.

W comme William Shakespeare

Avoir une culture geek poussée n’empêche pas d’avoir à côté une culture plus classique et Joss Whedon a toujours revendiqué être fan du dramaturge anglais, au point d’organiser des lectures chez lui. D’ailleurs, si l’on retire l’aspect fantastique ou SF de la plupart de ses Å“uvres, on y retrouve bien des traces de l’auteur, que ce soit dans ses personnages maudits aux rapports conflictuels, cette relation avec la mort et le pouvoir, ses amants maudits et ce sens du dialogue, sans oublier qu’il fait régulièrement appel à des comédiens britanniques (Antony Stewart Head, Olivia Williams, …). Il n’est donc pas surprenant de le voir adapter Beaucoup de Bruit pour Rien au cinéma.

X comme X-Men

Joss Whedon a grandit avec les X-Men. L’un des personnages qui l’a d’ailleurs le plus marqué est celui de Kitty Pryde, jeune adolescente mutante qui débarque chez les X-Men et doit se montrer tout de suite à la hauteur. Elle sera l’une des sources d’inspiration de Buffy. Par la suite, le scénariste retrouvera les X-Men sur le scénario du premier film réalisé par Bryan Singer et seule 2 phrases resteront de sa participation. Mais c’est lors d’un nouveau relaunch qu’il pourra enfin montrer tout son amour pour les mutants. Marvel lui confie la création d’une nouvelle série : Astonishing X-Men. Épaulé par les superbes planches de John Cassaday, il trouve l’esprit qu’avaient un peu perdu les mutants depuis quelques temps et nous offre une histoire particulièrement bien écrite et révélant les failles des personnages. L’occasion d’aborder ses thèmes fétiches mais surtout de redonner un rôle centrale à Kitty Pryde qui devient, de souvenirs d’ado, une femme de pouvoir et de conviction qui sauvera le monde. Ces quelques années sur la série en font un best seller et must pour tout fan des mutants. Un récit qui inspirera même l’une des trames du mauvais troisième volet de la saga au cinéma.

Z comme Zéro Pointé

C’est le titre d’un épisode de la 3e saison de Buffy, centré sur le personnage de Xander écarté du groupe pour ne pas se faire tuer lors d’une nouvelle apocalypse. Alors Xander va tout de même jouer les héros. D’une certaine manière celui-ci illustre certains caractères de Joss Whedon qui, malgré tout son talent, apparait encore aujourd’hui peu sur de lui, timide lors des grands événements et avant-premières. Une humilité qui colle avec les personnages qu’il décrit à l’écran et qui le rapproche de ses fans. Et pourtant, il trouve toujours la force de se battre de faire avancer ses projets malgré les embûches et qui n’a pas peur d’affirmer son point de vue lorsqu’on lui pose des questions sur le féminisme, la politique, la religion ou la création. Tout cela en fait un artiste intelligent, talentueux, humble et discret qui a toujours respecté ses fans qui le lui rendent bien.

publié dans :Cinéma Retro Séries

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