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La French, critique

posté le 08/12/2014

Enfin un bon polar mafieux à savourer dans le cinéma français ! La French, emmené par un Jean Dujardin magistral est bien ce qu’il nous manquait depuis un petit moment et ça fait du bien !

On a tendance parfois à l’oublier mais il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que les gangsters ont mené leurs business. La France a aussi son lot de mafieux sans foi ni loi, de gangsters charismatiques et de flics incorruptibles qui ont déjà bien fait les bonne heures du cinéma Français. Mais il faut bien admettre que le genre s’est fait rare dans notre pays depuis un moment, et malgré quelques tentatives intéressante, le dernier essai vraiment fructueux et ambitieux remonte bien au diptyque Mesrine de 2008. Heureusement, certains ont toujours la volonté de redonner ses lettres de noblesse au genre … et quoi de mieux que s’attacher à replonger dans le milieu de la French Connection et dans la croisade du juge Michel ?

Pourtant, on pouvait avoir quelques doutes. En effet, le premier film de Cédric Jimenez, Aux Yeux de Tous, malgré son originalité, ne nous avait pas vraiment convaincu. En plus de cela, caster Gilles Lellouche pour camper le parrain de la mafia marseillaise avait un peu tout de la mauvaise idée. Mais heureusement, on va vite se laisser embarquer car le réalisateur nous replonge tout de suite de plein pied dans l’ambiance des années 70 en prenant bien soin d’établir son contexte et le fonctionnement de la mafia marseillaise avec un rapide portrait de ses protagonistes qui vont évoluer au fil de l’histoire.

Le réalisateur et scénariste simplifie tout ce cadre complexe pour aller directement à l’essentiel, nous parler de mafia, sans forcément nous en montrer tous les rouages et toutes les machinations, préférant faire la part belle au duel qui va nous occuper pendant plus de deux heures, un jeu du chat et de la souris prenant entre le juge Pierre Michel et le malfrat Tany Zampa. Un duel d’autant plus intéressant que leurs méthode diamétralement opposées, leurs obsessions, leurs vies privées se reflètent sans arrêt, à ceci prêt que Michel est incorruptible et doit veux tout faire pour stopper le trafic de drogues alors que Zampa est un mafieux qui voit son univers se déliter petit à petit. Alors qu’ils n’ont qu’une petite poignée de scènes ensemble, les deux personnages sont bien le cÅ“ur du film, éclipsant tous les autres qui ne sont là que pour apporter quelques intrigues dramatiques (on se dit même qu’une version longue leur aurait permis d’exister un peu plus, comme le Fou ou la femme  de Zampa).

Avec un bon sens de la mise en scène, du suspense et du rythme, le réalisateur doit juste faire attention à certaines scènes caméra à l’épaule un peu trop forcée ou à un moment de creux au milieu du film (qui permet toutefois de s’attarder sur la vie privée de ses personnages et de remonter les enjeux de l’enquête) et il ne passe pas loin de la grande fresque mafieuse sur la French qu’on pouvait attendre. Petite déception du côté de la mécanique mafieuse mais ce n’est de toute façon pas le sujet du film (et si il fallait s’attarder dessus, il nous aurait fallu carrément une mini-série).

Mais Cédric Jimenez peut aussi s’appuyer sur le talent de Jean Dujardin. L’acteur montre ici toute l’étendue de son talent, que ce soit avec une certaine désinvolture bienvenue lors de certains face à face ou dans le drame pur lorsque le personnage se sent perdu pour mener à bien sa mission. On sent ici tout le poids qui l’habite, sa volonté d’aller au bout, même si cela doit lui coûter sa famille ou sa vie, comme si ça le rongeait de l’intérieur. Dujardin magistral un impeccable travail d’acteur avec un charisme et une classe rare. A côté, forcément, Lellouche a un peu de mal à donner de la consistance à son personnage de mafieux sans jouer les clichés et il faudra vraiment attendre leur premier face à face pour le prendre au sérieux.

La French, emmené par Jean Dujardin dans l’une de ses performances les plus remarquables, est donc le bon polar mafieux que l’on pouvait attendre, passant juste à côté de la grande fresque mais offrant un portrait passionnant et plein de respect de l’une des figures les plus charismatiques de la justice française contemporaine.

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