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La Belle et la Bête, critique

posté le 17/02/2014

Le cinéma français peut avoir de l’ambition … malheureusement ce n’est jamais suivit à tous les niveaux comme le montre bien la nouvelle version de la Belle et la Bête signée Christophe Gans.

Il s’est écoulé 8 ans depuis qu’il a réalisé une adaptation audacieuse de Silent Hill. 8 ans pendants lesquels ses projets comme Fantomas ou Rahan n’ont pas trouvé les chemins du grand écran. Car le réalisateur du Pacte des Loups, Christophe Gans, contrairement à beaucoup, possède une ambition qui cadre mal avec l’alignement habituel de comédies et drames français sans audace. Mais en cette période où les contes de fées reviennent en force, il trouve enfin une histoire à raconter et à laquelle apporter son savoir-faire, une histoire renouant avec la tradition du grand film populaire et fantastique français : la Belle et la Bête.

Évidemment, nous aurons tous en tête les versions cultes de Jean Cocteau ou Disney mais, avec un budget lui donnant les moyens et la volonté de raconter une histoire qui dépasse le conte tout en retournant à ses origines et son esprit, Christophe Gans montre d’emblée qu’il a la volonté d’offrir au cinéma français une certaine ambition. Dès les premières images montrant le naufrage d’un navire, il fait preuve d’une véritable volonté d’avoir un film visuellement abouti, qui n’a rien à envier face aux blockbusters américains. Et ce sera régulièrement le cas pendant le film devant la profusion de magnifiques décors et d’effets visuels surprenants. Tout n’est pas parfait et certaines incrustations laissent parfois à désirer mais toujours est-il que l’envie d’offrir un grand spectacle est bien là.

Malheureusement, un malaise s’installe bien vite. Dès que nous faisons connaissance de Belle et son père engoncés dans leurs costumes et peinant à jouer juste. L’histoire de la perte de la fortune familial pourrait être intéressante mais il est impossible de s’attacher aux personnages qui n’ont rien pour nous toucher et ce sera le cas pendant toute la durée du film. Dès lors, on regardera les différentes scènes comme des tableaux, avec beaucoup de recul, en les trouvant plus ou moins beaux, plus ou moins intéressants selon les instants et la conviction qui y est mise.

L’entrée tardive dans le domaine de la bête sera ainsi l’occasion de montrer des décors fantastiques qui redonnent toute sa place au conte alors que Vincent Cassel, sous le vernis numérique lisse de la bête ou lors de flashbacks tentera de nous emporter. Mais si Gans tente tant bien que mal d’étendre son récit en parlant aussi d’une rédemption amoureuse et d’une jeune fille devenant une femme qui s’affirme, il se noie sous le poids d’une mise en scène un peu lourde et d’un récit qui peine à avancer, lançant des pistes qui ne seront jamais exploitées pleinement (les chiots numériques ne servent à rien et l’histoire des gangsters parait parfois superflue). A trop s’éparpiller, il oublie alors de nous parler du centre du film : la romance.

Et c’est bien là que le film échoue. L’histoire d’amour naissant entre la Belle et la Bête n’arrive jamais à prendre. Ce que l’on aurait aimé voir d’à la fois merveilleux et sauvage dans cette histoire proche du syndrome de Stockholm n’est pas du tout exploité (l’émotion viendra plus de l’amour vu dans le flashback que dans le centre du film) et sera même sérieusement entaché par des comédiens qui n’y croient qu’à moitié. Il faut dire qu’avec une Léa Seydoux qui n’exprime strictement rien en lisant son texte (son seul atout est de bien porter les belles robes confectionnées pour le film), il est difficile pour Vincent Cassel de faire passer quelque chose. L’alchimie entre les deux ne passe à aucun moment, si bien que lorsque Belle fera enfin sa déclaration, la seule réaction que l’on aura risque bien d’être le fou rire.

Sans émotions, sans conviction, il n’y a donc véritablement que l’ambition gâchée de Christophe Gans pour porter cette nouvelle adaptation qui ne fera que peu rêver le public. C’est dommage pour un projet qui promettait bien plus mais on espère, même si ce sera difficile, que le réalisateur arrivera à monter d’autres films avec une vision aussi ambitieuse mais plus construite pour le cinéma français.

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