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Enemy, critique

posté le 25/08/2014

Changement de registre pour Denis Villeneuve et Jake Gyllenhaal qui passent du pur thriller au drame psychologique oppressant aux limites du fantastiques avec Enemy. Étrange, déroutant, fascinant.

A peine la production de l’excellent Prisoners terminĂ©e, le rĂ©alisateur canadien Denis Villeneuve n’a pas attendu le verdict du box office pour rester derrière la camĂ©ra et tourner Enemy d’après le roman L’Autre comme moi de JosĂ© Saramago. Devant la camĂ©ra, il garde Jake Gyllenhaal dans un double rĂ´le Ă©trange. L’acteur incarne en effet un prof de fac qui va se rendre compte qu’un homme qui lui ressemble trait pour trait joue dans un film qu’il vient de regarder. ObnubilĂ© par cet homme, il va mener l’enquĂŞte pour savoir qui il est et entrer en contact avec lui, se posant alors des questions sur sa vie et sa relation avec sa femme.

Finie l’ombre de Prisoners, cette fois, Enemy se dĂ©roule dans une Ă©trange clartĂ©, dans une ville jamais nommĂ©e qui semble brĂ»lĂ©e en permanence par un soleil matinal de mauvais augure. Le rĂ©alisateur instaure d’emblĂ©e une ambiance oppressante avec un rĂ©el travail sur l’image qui n’est pas lĂ  pour faire plaisir aux yeux, et sur le son qui nous plonge dans une vĂ©ritable atmosphère d’étrangetĂ©, comme si tout ce qui allait se passer se dĂ©roulait dans un mauvais rĂŞve duquel on ne va demander qu’Ă  se rĂ©veiller. Il en ressort une Ă©trange impression de boucle dans laquelle on se laisse aspirer si l’on veut bien faire la dĂ©marche d’entrer dans le film.

En effet, le rĂ©alisateur ne va pas s’encombrer de beaucoup d’explications sur la prĂ©sence de ces Ă©tranges araignĂ©es que personne ne voit ou sur cette ressemblance entre les deux hommes. A la manière d’un David Lynch, il va bien privilĂ©gier l’ambiance et le malaise de ses personnages, prĂ©fĂ©rant laisser le spectateur plonger dans la boucle et rĂ©pondre lui-mĂŞme aux interrogations posĂ©es par le film qui prend son temps pour nous emmener dans son terrain inconnu, cette ville dĂ©serte en plein Ă©tĂ© suffocant et aux bruits sourds.

Est-ce qu’il s’agit d’un cauchemar ? de la mise en image du malaise d’un homme frustrĂ© ? d’une vĂ©ritable incursion du fantastique dans le monde rĂ©el ? sans doute un peu de tout cela et certaines images hypnotique risquent bien de nous dĂ©contenancer. Et plus le film avance, plus il se montre impitoyable envers ses personnages en nous interrogeant sur leurs action et leur avenir.

Il faut Ă©videmment saluer la double prestation de Jake Gyllenhaal qui, derrière ces deux rĂ´les opposĂ©s assez simples (un homme mal dans sa peau, un acteur plus Ă©loquent et charismatique), nous montre bien l’unitĂ© qui les rassemble, et nous transmet une certaine paranoĂŻa, une incomprĂ©hension de ce qu’il peut se passer. Si bien qu’Ă  ses cĂ´tĂ©s, MĂ©lanie Laurent et Sarah Gadon ne font que de la figuration, ne sont que des femmes remettant en lumière son malaise.

Avec Enemy, Denis Villeneuve fait donc dans l’exercice de style Ă©trange et obsĂ©dant qui pose bien des questions. L’objet n’est pas Ă  mettre dans toutes les mains mais il n’en est pas moins riche et Ă©tonnant, recelant son petit lot d’images choc qui restent en mĂ©moire et peuvent nous hanter en revenant en tĂŞte Ă  certains moments. A dĂ©couvrir.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 15/09/2014 Ă  13:00 | #1

    DĂ©routant et fascinant oui… J’ai adorĂ© jusqu’Ă  cette dernière scène complètement con. Ce twist fantastique me gâche le thriller psychologique qui paraissait bien plus intĂ©ressant… 2/4

  2. sylvinception
    13/10/2014 Ă  16:25 | #2

    Ou voyez-vous un « twist fantastique » ?? Nous sommes purement et simplement « prisonniers » de la psyché détraquée du personnage!!